Au milieu des bâtisses en ruines, une silhouette se faufile d’un pas décidé, n’accordant pas un regard à cet environnement qu’elle a fini par faire sienne. Tournant un peu au-dessus, une sorte de rapace au plumage d’un bleu irisé lui indique le chemin à prendre pour se rendre au bâtiment où il désire aller, contournant les engorgements que les rues étroites et cahoteuses pouvaient générer à cette heure dans Noxa.

Cela faisait quelque temps qu’il avait eu l’occasion d’échanger par courrier avec une inconnue, une sorcière du nom de Zoroastra qui, s’il ne se souvenait pas de l’avoir jamais rencontrée, avait su éveiller en lui un vif intérêt. S’il était de toute manière friand de deviser de connaissances ésotériques avec d’autres individus capables d’user de magie. Il fallait dire que la teneur du courrier n’avait pas exactement porté sur ce terrain, par contre il avait mis le doigt sur quelque chose qui manquait cruellement à Lucarion, presque au même point que la nourriture, l’éducation. Cela avait 2 conséquences : non seulement ceux qui naissaient ici étaient presque sûrs d’être privés de leur plein potentiel et donc de ce qu’ils pourraient apporter à Lucarion. Mais de plus, cela signifiait aussi que Lucarion se trouvait presque entièrement dépendant non seulement de ce que les autres royaumes voudraient bien leur envoyer d’intellectuels, mais en plus de leur survie en mer ombrale, qui favorisaient bien plus des profils plus jeunes ou athlétiques.

Pour pouvoir bâtir une nation, c’était pourtant une nécessité de disposer de gens bien formés et excellant dans l’art de travailler des idées, plus que simplement trouver de quoi faire bouillir la marmite. S’il n’avait pas d’idée bien arrêtée sur la proportion nécessaire, il était à peu près certain qu’elle devait exister.

Assez ironiquement, de plus, la naissance n’ayant que peu d’impact sur le devenir ici, Lucarion s’avérera sans doute être la contrée ayant le plus de besoin dans le domaine de l’éducation, le tri n’étant que peu fait par les origines.

Bien sûr, les idées qui se bousculaient à cet instant dans sa tête, relevaient, il le savait d’un futur fort lointain. Mais dans tous les cas, si ce futur pouvait avoir une chance de se réaliser, il fallait maintenant faire le nécessaire pour qu’il ne meure pas avant même d’avoir eu une chance, même infime, d’exister.

C’était là que cette sorcière intervenait : celle-ci avait pour projet de réaménager un bâtiment dont l’état était actuellement… tout carien, dirait-on pour rester poli. Afin d’en faire un lieu de savoir et d’enseignement. L’espace d’un instant, l’elfe s’imagina enseigner à des sorciers en herbe et, si l’image ne lui déplu pas, songea néanmoins qu’il lui faudrait probablement se dédoubler pour pouvoir ajouter cette tâche à son emploi du temps actuel et l’abandonna rapidement. De plus, la dernière fois où il avait eu l’occasion de jouer les précepteurs n’avait pas eu exactement la fin qu’il espérait, ce qui l’avait obligé à abandonner son élève encore débutant. Il était donc difficile de savoir s’il aurait été bon professeur ou non.

De toute manière, la question ne se pausait pas ici, et sans doute cette sorcière qui avait décidé de son propre chef de se lancer dans l’art complexe de la transmission de connaissances ferait-elle cela très bien.