Mirror of Magic
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
MiRror of Magic
MiRror of Magic
forum rpg inspiré Genshin Impact • nc18
Demandes rp SerisParSeris SalehLe Hier à 6:10
Les Manicles de l'EffroiParTheles Hasis ILe Hier à 1:55
Event 1 [Groupe 1] Tournoi de chasse décennaleParNoctis de LumenLe Dim 15 Sep - 22:10
Echappée BelleParAhrimanLe Dim 15 Sep - 17:34
Seris Saleh ~ Don't fucking bark if you can't fucking biteParFille du CrépusculeLe Dim 15 Sep - 12:45
Signaler une fiche terminéeParSeris SalehLe Dim 15 Sep - 10:25
Bienvenue sur Nymlerith 
COntextE
Voilà vingt ans que les dieux demeurent silencieux. Même le Père de l'Aube, cette immense montagne qui dominait Nymlerith et dont le fanal illuminait les cieux, s'est éteint. Depuis lors, le monde est en proie aux conflits. Pourtant, une lueur d'espoir semble renaître avec l'apparition de nouveaux légataires de l'Œil Divin. On raconte qu'un porteur qui serait capable de gravir le Père de l'Aube pourrait atteindre une forme de divinité. Pourquoi pas vous ?
accéder au contexte complet
Derniers sujets
nEWS
29.08.24+200 de Potentiel pour les nouveaux personnages Halogiens, et +500 si il s'agit d'une Eiskloster (Sorcière des Glaces) de Serendia ! (Non cumulable)
12.04.24Le forum est OUVERT !
04.02.24Ouverture en Beta de Mirror of Magic, soyez gentils ! 200 points de Potentiel offerts pendant cette période !
29.01.24Début des travaux sur Mirror of Magic !
Équipe staFF
AstaFondatrice
DanteFondateur
AstarionModérateur
FarahModérateur
AhrimanModérateur
Votez toutes les deux heures !
ÉvÉnements
Ici sont notés les derniers événements en cours.
Ici sont notés les derniers événements en cours.
Ici sont notés les derniers événements en cours.
COMPENDIUM
Voici les liens vers les annexes du forum. Comme nous sommes encore en pleine phase de travaux, ne soyez pas surpris si certaines sections vous redirigent vers la page du Compendium, tandis que d'autres mènent directement aux annexes. Nous avons estimé qu'il serait plus pratique pour vous de commencer à naviguer dès maintenant, même si certains éléments sont encore en cours de finalisation.
Le Deal du moment :
Display 24 boosters Star Wars Unlimited – ...
Voir le deal

[U.C]Anendreël Findabaer - Le devoir de vivre, jusqu'à ce que la mort te grippe
Citation :
❝ Une citation qui claque ❞
Image :
[U.C]Anendreël Findabaer - Le devoir de vivre, jusqu'à ce que la mort te grippe  27656104fd57cd3a85e820b9f0b4c6b9a136722d
Potentiel :
0
Messages :
2
Date d'inscription :
26/08/2024
Force :
8
Constitution :
8
Dextérité :
8
Intelligence :
8
Sagesse :
8
Charisme :
8
Anendreël Findabaer
Anendreël Findabaer
voir mes étiquettes
étiquettes
Anendreël Findabaer
Lun 9 Sep - 23:43

Fiche de présentation

Anendreël Findabaer
Âge
1000+

Genre
Masculin

Race
Elfe

Faction
Méridiem

Métier
Guardien du bosquet - Déserteur

Potentiel désiré
1,000

Étiquette de départ
[Sorcier] (A la création de ma fiche, je devrais avoir assez de points pour prendre les magies [Inventaire] et [Invocation] pour sélectionner la magie rare [Change-équipement] tout de suite.)

Feat
Darkest Dungeon - Lepreux - Le Pénitent (Masqué)
Demon Slayer - Shinazugawa Sanemi - Anendreël (Démasqué)

Codes du réglement




On porte son histoire sur sa peau

Extrait du chapitre 4 “Le Pénitent”,
- tiré de “Portraits Populaires - Volume 7” par Eugénie Dariole


J’ai rencontré celui que je surnomme le “Pénitent” dans les rues de la ville de Mizutsune. Il faut dire qu’il passe difficilement inaperçu avec ses guenilles malpropres et le masque doré lui recouvrant le visage. Il portait une pancarte autour du cou, indiquant “J’ai commis un péché d’orgueil. Comme pénitence, je dois accepter de vivre dans l’humilité.” Vous comprenez le surnom maintenant, je pense. Les mendiants n’ont pas la vie facile dans une cité comme Mizutsune. Le Pénitent avait cependant une certaine aura. Les petites fentes de son masque cachent pratiquement ses yeux, mais l'on distingue quand même des pupilles qui vous transpercent l’âme dès que vous l'importunez. J’y ai eu droit lorsque je me suis rapproché de lui pour lui demander un entretien. J’imagine que ça doit repousser les voyous et lui éviter le plus gros des ennuis.

Après que je lui aie présenté mon projet, il a accepté de me parler un peu de lui-même. Pour le remercier, je lui ai bien sûr payé le repas. Nous sommes allés dans une petite auberge dont la clientèle ne m'inspirait pas beaucoup de confiance. Ceci dit, je suis prête à prendre beaucoup de risques pour obtenir les informations nécessaires à la rédaction de mes livres.

Malgré sa carrure plutôt large, il n’était pas très grand. À vue de nez, un mètre soixante-dix, pas plus. Je devinais sans peine une musculature très développée sous ses vêtements, sans la moindre trace d’excédent de graisse. Je soulève à quel point il est rare de rencontrer un mendiant en aussi bonne forme. Il me répond qu’il doit rester en vie coûte que coûte et qu’il n’a donc pas le choix. Sa voix est rauque, comme après une longue angine. Ses phrases sont très courtes, quand elles ne se limitent pas à un seul mot. Je songe que l’entretien va être long à finir à ce rythme-là.

Je prends une nouvelle opportunité pour noter ce qu’il porte. Bien sûr, le masque est incontournable. Le reste de sa tête est recouvert d’un drap de lin, ce qui me fait penser à un linceul. À partir du torse et jusqu’aux pieds, je retrouve les vêtements classiques de la populace d’Orochi. C’est-à-dire un hakama et un kimono tout ce qu’il y a de plus simple, avec en plus un haori blanc. Je ne sais pas depuis combien de temps ils les portent. Maintenant que je suis en face de lui, je me rentre compte de l’odeur qu’il promène dans son sillage. Le Pénitent remarque ma gêne et s’excuse de ne pas avoir eu l’opportunité de se laver depuis un mois. D’après ce qu’il m’explique, le savon fait rarement partie de la générosité envers les mendiants. La honte rend mes joues écarlates. Pour me rassurer, il affirme préférer la nourriture au saindoux.

Quand je lui demande d’où il vient, il répond sans hésitation le Bosquet. Je lui fais répéter, pour m’assurer de ne pas avoir mal entendu, mais il persiste. Il ne quitte pas mon regard un seul instant, il y a de quoi être déstabilisé. À ce moment-là, je me demande quand même s’il ne se paie pas ma tête. Le ton de sa voix est on ne peut plus sérieux et mes doutes finissent par s’évaporer d’eux-mêmes.

Vient finalement la question fatidique : je veux savoir ce qu’il y a sous le masque. Le silence s’installe pendant une longue minute durant laquelle j’ai l’impression que le temps lui-même s’est suspendu. L’homme accepte, à la condition que je n'exagère ni ne diminue ce que je m’apprête à voir. Cher Lecteur, je vous conseille de bien vous accrocher. D’une main, il retire son masque et le linceul. De grandes balafres lui traversent le visage. Ses oreilles, qui me paraissent d’abord très humaines, sont en réalité coupées et cicatrisées de sorte qu'elles ressemblent à celles de mon espèce. La taille est si égale entre les côtés gauche et droit que ça ne peut pas être accidentel. Comme pour me confirmer ce que je craignais, il relève une manche et ouvre son hakama. Son corps est zébré de cicatrices très anciennes. Je n’ose même pas imaginer ce qui est responsable d’une telle chose.

Mais ce qui me frappe le plus chez l’elfe, c’est la lassitude dans le fond de ses yeux. Ce que je prenais pour un regard perçant est en réalité morne comme ceux d'un poisson après la pêche. En dépit de ses blessures, j’imagine qu’il était bel homme avant l’incident responsable de ça. Je peux encore visualiser les traits harmonieux de son visage en dessous des cicatrices. C’est cruel en un sens, car il n’est ni laid, ni véritablement beau désormais. Un entre-deux qui inspire autant le dégoût que la fascination. Il m’épargne de ce spectacle désolant et se dépêche de remettre le masque et le linge.



Ce que le masque cherche à cacher

Extrait du chapitre “Anendreël dit Le Limier”,
- tiré de “Les Lames Sylvestre - Une histoire des Gardiens du Bosquets et de leurs membres les plus célèbres” par Anatole Barristan


La notoriété d'Anendreël Findabaer tient moins de ce que l'on sait sur lui que par l'étendue de ce que l'on ne sait pas. Je l'ai déjà mentionné dans les chapitres précédents, les gardiens du bosquet ont tendance à mener une vie discrète. Après tout, ils sont entièrement dévoués à leur rôle de protecteurs des bois d'Ataraxie. Le Limier fait figure d'exception dans son absence presque totale des archives. La vie d'un elfe est rythmée par les nombreuses célébrations religieuses et civiles de leur culture. Pour la rédaction de mon “Encyclopédie illustrée des rites elfiques”, j'ai eu la chance d'avoir accès à des récits oraux et écrits de ces événements. Les gardiens les plus illustres font toujours leur apparition, soit comme participant actif, soit dans l'arrière-plan - une simple mention de leur présence est au moins faite. Pas Anendreël.

L'un des événements les plus importants dans la communauté elfique - dont j'épargne à mes lecteurs la prononciation elfique pour préféré mon appellation familière “d'éclipse orgiaque” - est un exemple pour lequel je peux affirmer de source sûre qu'il n'y a jamais participé.

J'aimerais profiter du début de ce chapitre pour clarifier un point que mes confrères prennent un malin plaisir à débattre : l'existence d'Anendreël Findabaer comme Gardien du Bosquet entre -1000 et -400 est un fait indiscutable. Son nom a beau être absent des archives elfiques, les elfes ont beau esquiver les questions directes à son sujet, jamais son existence n'a été officiellement démentie. On pourrait croire, sans les légendes qui se sont créées de son vivant avant de s'évaporer avec sa disparition, qu'il serait plutôt simple pour les elfes de nier son existence. Mais ils refusent tout bonnement d'en parler. Sa simple mention suffit pour que les elfes roulent des yeux et essaient de changer le sujet. Mon lectorat devrait être rassuré de savoir que j'ai très vite abandonné l'idée de m'entretenir directement sur ce sujet avec la population du bosquet. Dès que j'ai remarqué que mes questions les incommodaient, je suis passé à autre chose. Le but de mes recherches n'est pas de contrarier les elfes que j'admire tant.

Alors, sans présence dans les archives et sans possibilité de poser des questions aux gens susceptibles de l'avoir connu, mes travaux ont vite frappé un mur. Et pourtant, il y a bien une source m'ayant permis de faire le portrait de ce mystérieux gardien. Je parlais de mon blocage à un ami quand il m'informa d'une drôle de trouvaille qu'il avait faite à Kuro. Un couple de colporteurs avait trouvé la mort durant la grande peste ayant frappé les îles. Après leur décès, une partie de leurs possessions est tombée dans les mains d'un collègue. Je préfère taire son nom pour ne pas lui attirer d'attention inutile. Toujours est-il que dans ce butin se trouvait tout un tas de carnets que cette famille avait utilisés comme journaux intimes. Le récit d'une véritable dynastie qui remonte au moins jusqu'à 500 avant notre ère. Après avoir entendu mes plaintes, mon pair m'a confié les premiers volumes de cette saga, m'assurant que je trouverais exactement ce que je cherchais.

Après une analyse de ces journaux, je suis fier d'annoncer être capable de faire un portrait de notre ami gardien. Comment ? Tout simplement, les premiers membres de cette famille de colporteurs ont eu des liens privilégiés avec Anendreël. J'agrémenterai mes descriptions par des citations de ces journaux.

Je dois commencer par le trait le plus notable du comportement du Limier : son dévouement sans faille envers ses devoirs. Concernant la protection du Bosquet par exemple, il est présenté comme intransigeant envers les intrus. Il ne leur donne qu’une seule chance pour faire demi-tour et les tue dans la plupart des cas où ils persistent. Quand il ne les tue pas, il leur réserve un sort plus cruel. Ses connaissances humaines précisent : « [Anendreël] m’a expliqué qu’il permet parfois aux humains de s'en tirer avec des blessures qui les laisseront infirmes pour le reste de leur vie. Les morts prennent moins de place que les estropiés, affirme-t-il d’un ton que je trouve léger. Mais il n’a pas tort. Et puis c’est avertissement constant contre ceux qui voudrait braver l’interdit de la forêt. »

La brutalité des gestes de l’elfe est décrite de manière graphique dans les quelques journaux le mentionnant. Je dois rappeler à mes lecteurs que cette époque était bien différente de la nôtre. Lors de leur arrivée dans les environs du Bosquet, les premiers humains avaient été perçus - et un certain nombre d’elfes considère que c’est encore le cas - comme une espèce invasive. Des rats venus infester leur maison. Si Anendreël faisait preuve d’une violence que l’on pourrait qualifier de machiavélique, elle était la norme dans la culture des Gardiens du Bosquet. Et puis, à bien des égards, Anendreël faisait preuve d’une grande magnanimité.

Le simple fait qu’il s’était lié d’amitié avec cette famille de colporteur prouve bien qu’il savait reconnaître l’absence de menace et faire la part des choses. Il ne tuait pas les enfants non plus, ou leur famille s’ils étaient présents. L’elfe préférait les convaincre de partir ou leur infliger une peur qui les convaincrait. « Je suis tombé sur une mère accompagnée de ses deux fils. Avec ce qu’elle m’a dit, j'ai vite deviné qu’elle était tombée sur lui à l’orée de la forêt. Elle s’y était aventurée à la recherche de son mari, disparu quelques jours plus tôt alors qu’il partait braconner dans les bois. La pauvre, je n’ai pas eu le cœur de lui dire qu’il est probablement mort à l’heure qu’il est. Tué par le même elfe qui lui a laissé la vie sauve. Au moins, elle a appris la leçon et ne s’y essaiera plus. Ça vaut mieux pour les gamins.»

L’affection portée par le Limier à cette famille de colporteur ne doit pas être comprise à tort pour une simple amitié. L’amitié suggère un degré d’égalité entre chaque partie. Cependant, l’elfe se plaçait bien au-dessus des humains. « Drôle de discussion que j’ai eue aujourd’hui. Anendreël et moi pêchions dans le torrent. Un peu plus bas, Carmen [ma fille] jouait avec Brute [mon chien]. L’elfe a ri en les regardant. Je lui ai donné une pièce pour ses pensées et il m’a dit, le plus sérieux du monde, qu’il trouvait amusant que les humains adoptent des chiens et s'occupent de leur descendance. Je lui ai fait remarquer que ce n’était pas très loin de ce qu’il faisait lui. Il m’a répondu du tac au tac : Oui, c’est bien ce qui me fait rire. Quel enfoiré, il nous prend pour ses chiens ? De simples animaux de compagnie, bons qu’à passer le temps ? Avec du recul, il a raison. Tout de même, j’ai eu mal à l’ego le reste de la journée. »

L’humour est un trait récurrent chez Anendreël. J’ai compilé dans les annexes de ce chapitre une grande partie des traits d’esprit que j’ai pu lui attribuer. On y découvre un individu pince-sans-rire, philosophe et lettré. Bien loin des clichés faits du Limier meurtrier du Bosquet d’Ataraxie dans les légendes. Il ne parle pas beaucoup, mais il n’est jamais difficile de comprendre où il veut en venir. Je pense que j’aurais beaucoup aimé le rencontrer.

C’est aussi un individu sensible. Bien sûr, il ne s’étend pas sur ses sentiments, même à ses amis. L’elfe parle parfois de son rapport compliqué avec la société qui l’a vu grandir. Il y est respecté, vu comme un Gardien presque sans pareille. Il avouera être régulièrement responsable de l'entraînement des jeunes elfes et semble ravi de ce rôle. Et d’un autre côté, il fait tout son possible pour être le plus à l’écart de la société elfique. Anendreël ne semble pas tenir ses parents, en particulier sa mère, dans son cœur. Les rares mentions à son sujet rapportées dans les carnets ne sont pas particulièrement élogieuses. C'est une dichotomie curieuse, surtout quand on ignore l'opinion officielle des elfes sur la relation qu'il entretenait avec cette famille d'humains.

Extrait du chapitre 4 “Le Pénitent”,
- tiré de “Portraits Populaires - Volume 7” par Eugénie Dariole


Les autres habitants de Mizutsune n’avaient pas grand-chose à dire sur le Pénitent. C’est un mendiant, certes, mais il ne fait pas beaucoup d'efforts pour être remarqué. Il est silencieux, poli avec les commerçants et s’en tient à lui-même la plupart du temps. J’ai effectivement relevé un certain nombre de rumeurs à son sujet. Leur nature complètement fantaisiste m’a cependant poussé à ne pas les prendre en compte.

Plusieurs personnes m’ont confié qu’il parlait souvent dans le vide, comme à lui-même. Le monologue ou soliloque est souvent un mécanisme d’adaptation au stress. Si j’en crois ce qu’il m’a raconté sur son passé, cela ne m’étonne guère qu’il ait gardé des séquelles psychologiques. Il est loin d’être la première personne à l’âme brisée que je rencontre. Pour autant que je puisse en juger, il est relativement sain d’esprit, suffisamment pour ne pas agresser des passants sans y être gravement provoqué.

À ce sujet, l’une des rumeurs que j’ai le plus de mal à écarter concerne sa relation avec la racaille de Mizutsune. Les mendiants sont régulièrement une cible privilégiée des voyous à la recherche d’un défouloir. Et pourtant, d’après la population locale, le Pénitent jouit d’une certaine immunité. Une immunité qu’il n’aurait pas acquise par respect, mais par crainte. Un malfrat local a accepté de témoigner à ce sujet.

« Mes frères et moi, on est arrivés de Qalish y’a cinq ans, vous voyez. On connaissait personne ici. Alors, quand on a vu ce mec avec ce masque d’or, comprenez bien qu’on pensait toucher les grelots (sic). Moi j’étais censé faire le guet, pendant que mes frères s’occupaient de la besogne. Au début, tout va bien, ils le menacent, les trucs habituels. Puis, comme il répond pas, bah mon frère sort son couteau. Il a pas le temps de la lui mettre sous le cou que ce gars lui saute dessus. Après, tout s'est passé si vite. Oh bon sang, j’entends encore leurs cris. Ce mec bougeait pas de manière normale, on aurait dit un serpent. Je me suis enfui dès que mes jambes ont obéi. »

Cette histoire ne m’étonne pas beaucoup. Et je ne saurais blâmer le Pénitent de réagir de la sorte. Ceci étant dit, la violence décrite par ce voyou contraste beaucoup avec l’impression que le Pénitent m’a laissée lors de notre entretien. Je croyais voir un homme brisé, abattu par les circonstances de son passé. Je pensais que la seule réaction que l’on pouvait lui susciter était l’apathie. Vraisemblablement, j’avais tort. Quelque part, au plus profond de son esprit, une petite flamme ne s’est pas encore éteinte. Je ne saurais deviner la raison, mais il est désormais clair pour moi qu’il s’accroche désespérément à la vie.


Citation :
❝ Une citation qui claque ❞
Image :
[U.C]Anendreël Findabaer - Le devoir de vivre, jusqu'à ce que la mort te grippe  27656104fd57cd3a85e820b9f0b4c6b9a136722d
Potentiel :
0
Messages :
2
Date d'inscription :
26/08/2024
Force :
8
Constitution :
8
Dextérité :
8
Intelligence :
8
Sagesse :
8
Charisme :
8
Anendreël Findabaer
Anendreël Findabaer
voir mes étiquettes
étiquettes
Anendreël Findabaer
Mar 10 Sep - 0:17
Si vous voulez un résumé rapide:
Ce que l'histoire en dit


Passer sa vie à mourir,
Accepter de renaître.

Un petit garçon s'aventure dans la forêt. D'où vient-il ? Que cherche-t-il ? Impossible de le dire avec certitude. Chacun de ses pas est emprunt d'hésitation. Son regard balaye la mer de verdure qui l'entoure. Un oiseau se met à piailler et le voilà qui sursaute. Ce garçon connaît la réputation du bosquet. Sait-il ce qui l’attend s’il persiste à s’enfoncer ?

Au loin derrière les arbres, l’enfant perçoit la lumière d’une clairière. Croit-il avoir trouvé un endroit sûr où se reposer ? Son allure s'accélère et le voilà qui se fraie un chemin pour s’y diriger. Il s’apprête à pénétrer quand une seule voix l’immobilise.
« Si j’étais toi, je ferais demi-tour. »

Une voix d’homme résonne depuis chaque arbre autour du petit garçon. Une voix impérieuse et posée qui lui rappelle son père lorsqu’il le sermonnait après une bêtise. D’un seul coup, il sent comme un millier de paires d’yeux se poser sur lui. Embroché de toute part, le moindre mouvement lui sera fatal. Du moins, c’est ce que toutes les histoires qu’il a entendu lui suggèrent.
« Du calme, petit d’homme… » repris la voix. On aurait cru entendre un chasseur s’adresser à sa bête. «  Je peux t’assurer un passage sûr loin du Bosquet. A la seule condition que tu me promettes de ne plus envahir ces bois sacrés. »

La respiration de l’enfant se calme. Les enfants sont doués pour détecter la vérité des mensonges. Si le Gardien avait voulu le tuer, il l’aurait fait avant même qu’il entre dans la forêt. Certain d’être vu, le garçon acquiesce, sans même un seul bruit. Aussitôt fait, la voix s’énonce :
« Retourne sur tes pas jusqu’à retrouver le torrent. Une fois là-bas, abandonne tes chaussures et descend le courant, les pieds dans l’eau. La rivière te fera sortir de la forêt et tu finiras par rejoindre un campement de tes semblables. Tu leur montreras l’état de tes pieds et les engelures les convaincront de te prendre avec eux. Si tu quittes les eaux glacées du torrent pour rejoindre la berge, même un seul instant, je le saurais. »

Le garçon sait très bien ce que signifie cette phrase en suspens. Il lève un pied, fait volte-face et commence une marche pour obéir à la lettre aux indications de la voix de la forêt. Heureusement pour lui, il n’a pas remarqué les quatres braconniers couchés dans la pelouse tachée de sang au centre de la clairière. L’elfe essuie sa dague. Il ne tient pas à nettoyer un cinquième cadavre aujourd’hui.


-------------------


« Que reste-il d'un homme, quand il finit sous terre?
Les peuples forge un récit, simple souvenir.
Quant aux actes perdus, condamnés à se taire,
Font-ils partis de son héritage avenir ?


Je n'avais pas le choix, je devais agir vite,
J'ai remplis mon devoir, fi de tous ces menteurs.
Pourquoi perdrai-je mon temps avec mon honneur,
Me voilà déjà mort, l'au-delà qui m'invite.


Qu'ils déforment ma vie, dans leur coeur, qu'ils me haissent,
On ne parlera jamais de mes cicatrices,
A quoi bon défendre ce qu'ils n'apprendront pas.


Je les laisse me retirer de leur histoire,
Que ma vie ne trouve jamais son auditoire.
Moi seul saurait pourquoi je suis un renégat. »

Sonnet “L’ombre de la forêt” - Auteur inconnu - Circa 300 A.D. (Ante Defectum)


-------------------


Il n’y a plus rien autour de toi. L’étreinte froide du vide se colle à ta peau et fragmente ton esprit. Il est peut-être temps de se laisser sombrer ? Tu n’as plus à te battre désormais.

Le temps avance et se brise sur les rochers du présent, il s’écoule inexorablement vers sa propre fin. Vers une époque sans mauvais souvenir, sans personne pour te juger ou te faire à nouveau du mal.

Tu as raison, c’est une pensée enivrante. Du genre de celles dans lesquelles les humains s’oublient en attendant la mort. Mais humain, tu es loin de l’être. Et si la mort d’un humain est à bout de bras, la tienne te nargue depuis la lune.

Une sensation se creuse dans tes entrailles. Ton corps, ce traître, cède aux désirs matériels et te crie d’aller te ressourcer. Rien qu’une petite louche d’eau, susurre-t-il dans une oreille. Une pauvre croûte de pain, miaule-t-il à l’autre. Une fois qu’il commence, difficile de faire la sourde-oreille jusqu’à ce qu’il se taise.

Comme un bousier à son trésor, ta conscience s’accroche à tes sensations. Le vide s’effrite, le silence s’efface. Un sifflement sonne dans la distance. Petit à petit, tu retrouves le contrôle de tes doigts et de tes orteils. Tu ne voulais plus d’eux, mais ils ont décidé de rester un peu plus longtemps. Le sifflement s’intensifie, il cherche une entrée dans ton crâne. Tu finis par reconnaître sa chanson. Ton vieil ami le vent est venu te réveiller.

Péniblement, l’une après l’autre, tes paupières se relèvent. Tu sens que le soleil est déjà bien haut : quand le vent se calme, tu sens sa chaleur suinter sur ton corps. La ruelle où tu viens de passer la nuit est encore plongée dans l’ombre des habitations. Une fine frange de ciel zigzague entre les toits.

Dès que tu regagnes l’usage d’une main, tu la portes sur ton ventre. En dessous de la fine couche de chair, ton estomac continue de gronder. C’est lui qui te ramène sur terre après tout. Et, comme à l’usage, il ne te laissera pas t'en sortir à si bon compte. Tu te roules sur le côté. Chacun de tes mouvements fait craquer tes articulations. Tes muscles, endoloris par le froid de la nuit et la fermeté des pavés, t’arrachent une grimace. À l’avenir, rappelle-toi qu’un pauvre drap miteux jeté au sol ne suffit pas à faire un matelas.

Tu finis par t’asseoir, dos contre le mur. Tu te demandes vraiment pourquoi cette routine te paraît de plus en plus dure ? Un peu riche de ta part, tu sais très bien qui est responsable de ton état. Pas la peine de jurer non plus, ça ne soignera pas tes contractures. Allez, on se motive, on bouge ses jambes et on va chercher un peu de graille. Vérifie ta bourse quand même. Bien, personne n’est venu te faire les poches pendant que tu dormais. Vu ton état actuel, je doute que tu aurais remarqué quoi que ce soit.

Remets ton masque, mets-toi en marche. Tu n’es pas très loin de cette taverne. Le patron t’y connaît, il ne pose pas de questions et la nourriture est passable. Heureusement, tu te souviens encore du chemin qu’il faut suivre. Les rues sont calmes. Quelques ivrognes et soûlards qui n’ont pas fini leur soirée agrémentent les côtés comme autant de pivoines. Ce quartier de plaisir ne devient vivant qu’à la nuit tombée. En journée, les clients travaillent, les filles se reposent, les maquereaux comptent l’argent.

La taverne est vide, enfin presque. Dans un coin de la salle, une table est occupée par trois gars à l’allure louche, pris de passion pour une partie de cartes. Ils te voient - reconnaissable entre mille, et t’ignorent. Toi aussi, tu les ignores et te diriges vers le comptoir pour t’y asseoir directement. Avec le bruit que tu as fait avec le tabouret, une voix retentit depuis les cuisines.
« On est fermé la journée, revenez plus… » s’arrête-t-il en voyant ton allure de cadavre avant de se corriger. « La même, je suppose ? Bougez pas, je reviens avec un bol. »

Tu fouilles ta bourse et déposes une pièce d’or en guise de paiement pour le maigre repas que tu t’apprêtes à recevoir. Maintenant, il faut patienter. C’est une chose qui devient facile avec l’âge. Du moins, les humains l'affirment. Te concernant, il semble que plus les années se suivent et plus tu manques de patience. Et même si tu fais tout pour ne plus y penser, tes souvenirs reviennent toujours à la charge dans ces moments-là.


-------------------


« Je trouve toujours en forêt,
Des ronces mûriers à la pelle,
Sous les arbres, quelques bolets,
Pieds bleus et parfois chanterelles.
Ces bois sont pour moi vraie chapelle,
Sanctuaire aux milles fricots,
J'y mange à tire-larigot,
Me manque juste une bouteille. »

Hommage sylvestre n°172 - Auteur inconnu - Circa 600 A.D.


-------------------


Je me souviens parfaitement du déroulement de cette journée. Après ma patrouille habituelle de la matinée, je m’étais arrêté au bord d’une rivière pour casser la croûte. Un peu plus tôt, j’avais trouvé un tapis d’orties et je ne comptais pas passer à côté d’une telle opportunité. Mon repas avait donc consisté en une salade accompagnée des quelques noix, graines et croûtons qu’il me restait. Un véritable délice que seule une bonne connaissance des bois pouvait vous apporter.

J’avais entamé la moitié de mon bol quand mon attention fut attirée par un bruit dans la distance. Abandonner mon repas ne me plaisait guère, mais on appelle cela “appel du devoir” pour une bonne raison. Je laissai mes affaires derrière moi et me mis en route. Sautant de branche en branche, j’avançai silencieusement, comme mes maîtres me l’avaient enseigné des siècles plus tôt.

Deux humains poursuivaient un troisième. Ce dernier était ralenti par son sac à dos, gros comme deux torses attachés ensemble. Pourtant, il était agile et savait visiblement se déplacer en forêt. À quelques mètres derrière lui, ses poursuivants avaient l’arme au clair et l’expression de leur visage m’en disait assez sur leurs intentions.

Ce qui devait finir par arriver arriva et l’homme trébucha contre une branche. Son sac s’écrasa contre lui dans un bruit sourd qui provoqua l’arrêt et l’hilarité des deux autres. Malgré tout ce qui venait de lui arriver, l’inconnu refusait d’abandonner son paquetage. Il se libéra des bretelles, se retourna sur ses fesses pour faire face à ses agresseurs.
« Si vous voulez ma marchandise, vous devrez me passer sur le corps. » menaça-t-il en se plaçant entre ses biens et les mauvais. Ceux-là n’étaient que trop enthousiastes d’accepter son marché. Il était temps pour moi d’intervenir.

Depuis ma cachette, je tirai deux dagues pour les projeter devant les pieds des deux bandits. L’un ne réagit pas, la bouche salivante à l’idée du pactole qu’il s'apprêtait à obtenir. L’autre eut plus de jugeote. Il agrippa le bras de son associé pour l’empêcher de faire un pas de plus.
« Trop tard, ces foutues oreilles pointues sont là. On se barre avant qu’ils changent d’avis, Markus. »

Le dénommé Markus grommela, mais ne présenta aucune résistance au vœu de son compagnon. Les deux brutes firent demi-tour et disparurent dans les broussailles au loin. Je considérai un instant partir à leur poursuite. Je me ravisai : il restait un humain dont je devais m’occuper. Lui ne m’avait pas attendu. Le porteur avait déjà sauté sur ses pieds et hissé sa charge sur son dos. Je m’attendais à ce qu’il coure aussi vite que ses semblables, mais il resta immobile pendant plusieurs minutes. Je voyais ses yeux balayer la canopée. Il comprit tout de même que c’était peine perdue.
« Je voulais vous remercier. Je sais que vous n’aimez pas voir des humains chez vous. À vrai dire, j’espérais que ça se passe comme ça s’est passé. »

« Tu parles trop pour quelqu'un qui n’aurait jamais dû s'enfoncer jusque-ici. »

Son visage fut frappé d’abord par la peur, puis par la surprise et enfin par une réalisation.
« Je… je reconnais votre voix. Je vous ai déjà rencontré quand j’étais tout jeune. Je m’étais perdu et vous m’aviez indiqué comment quitter la forêt en suivant un torrent. »

Depuis le temps, j’en avais rencontré des enfants. Faire des efforts pour me souvenir d’un en particulier, c’était beaucoup demandé. Mais il ne s’en démordit pas. Il répéta mot pour mot ce qu’il prétendait que je lui avais dit. Cela sonnait effectivement comme quelque chose que j’aurais pu avoir prononcé. Cela attisa ma curiosité. Alors qu’il regardait ailleurs, je quittais ma cachette pour me faufiler dans son dos. Je sortis Rossignol, au cas où.
« Drôle d’humain. Vous n’apprenez donc jamais vos leçons. »

La surprise lui fit faire volte-face, mais j’avançai au même instant ma lame pour la placer contre sa gorge. Nos yeux se croisèrent. Je m’attendais à y lire la terreur, mais il avait des yeux de louveteau fasciné. De manière muette, je consentis à ce qu’il prononce ses dernières paroles.
« Mes parents m’avaient abandonné à l’orée de la forêt. Même si vous ne m’aviez pas tué, la faim ou le froid auraient eu raison de moi. Mais vous aviez raison. Quand j’ai quitté le torrent pour rejoindre le village, les habitants ont vu mes engelures et ils ont été aux petits soins avec moi. Un marchand m’a même adopté et c’est comme ça que j’ai survécu. »

Touchante histoire, à part le fait que je n’y croyais pas un traître mot. Si mes souvenirs étaient bons, je l’avais rencontré vers la fin de l'hiver. L’eau du torrent aurait dû être si froide qu’il avait certainement perdu un ou plusieurs orteils dans le procédé. C’était bien ce que j’avais escompté en donnant ces indications. Et je n’imaginai personne d’assez fou pour être reconnaissant envers le responsable de la perte de ces petons. À moins que… je devais me rappeler que je n’avais pas affaire à un elfe. Les humains avaient tous un don pour être plus idiots ou fous les uns que les autres.

« Vraiment, vraiment bizarre. » Je rengainai Rossignol et me reculai de quelques pas pour l’observer de la tête aux pieds.

« Je veux vraiment vous remercier pour ce que vous avez fait pour moi, tant aujourd’hui que dans le passé. S’il y a la moindre chose que je peux faire pour vous. »

« Je veux que tu quittes la forêt sur le champ. » Le rire qu’il m’offrit en réponse était teinté de nervosité. Il fouilla dans une de ses poches avant et en sortit une petite fiole. À l’intérieur se trouvaient des dizaines de minuscules billes noires.

« Acceptez ce cadeau au moins. C’est une épice rare qui vient de l’ouest lointain. » Il posa l’objet à ses pieds, sans jamais séparer son regard du mien. Puis, les mains bien en évidence, il effectua quelques pas en arrière à son tour et commença sa marche pour sortir du Bosquet. Quand il eut disparu derrière les arbres et la broussaille, je vins ramasser son cadeau.

Les billes avaient une allure de graines séchées. Je tirai sur le bouchon pour découvrir le contenu. Une de ces billes entre mes doigts, je la portai jusqu’à mes narines. L’odeur seule me chatouilla les sinus. Prudemment, je la déposai ensuite sur ma langue. Le goût n'était pas très prononcé, assez décevant pour une épice soi-disant aussi rare. Du moins, c’est ce que je crus avant de croquer dedans. Dès lors, ma langue s’échauffa comme je l’avais rarement ressenti dans le passé. Il resta un arrière-goût fumé et mentholé, très agréable en bouche. La seule pensée qui me traversa l’esprit fut que cette graine concassée irait divinement bien avec ma salade.

Je me dépêchais de rejoindre la mule avant qu’elle ne s’éloignât trop et qu’elle ne devienne le problème d’un autre Gardien. Toujours sans me montrer, je l’interpellai à nouveau. Il sursauta, craignant sans doute que son cadeau m’eût offensé.
« Tu es un humain curieux. Pas le plus étrange auquel j'ai déjà eu affaire, mais curieux quand même. Tu m’es sympathique, je veux bien faire une chandelle. Je te donne un droit exclusif de traverser cette partie de la forêt lors de tes voyages. À une seule condition. Que tu me promettes formellement de ne jamais ramasser la moindre fleur, la moindre roche, la moindre branche ; tout ce que tu verras, entendras, sentiras, toucheras dans le Bosquet, tu le laisseras à sa juste place. »

Le silence fut tel que les oiseaux à proximité crurent bon de reprendre leur piaillement et chansons. J’insistai.
« J’attends une réponse, l’humain. »

« Oui, je veux dire, j’accepte, c’est d’accord. » L’excitation lui avait fait perdre son vocabulaire. De mon côté, une petite voix dans un coin de ma tête me demanda quand même si je n’avais pas commis une erreur.


-------------------


« Le Rossignol arrête sa chanson,
Frappé dans l'aile
Tombé du ciel
La dame appelle déjà l'échanson.

Le peuple lève en coeur chaque boisson,
Crie la nouvelle :
"Le Rossignol arrête sa chanson,
Frappé dans l'aile."

Le printemps répondra-t-il au pinson,
Mauvais appel
Rien de réel
Tous les oiseaux pleurent à l'unisson
Le Rossignol arrête sa chanson »

Rondeau “Le Rossignol arrête sa chanson” - Auteur Inconnu - Circa 400 A.D.


-------------------

Extrait du chapitre “Addendum I”,
- tiré de “Les Lames Sylvestre - Une histoire des Gardiens du Bosquets et de leurs membres les plus célèbres, Deuxième Édition” par Anatole Barristan


Mon lectorat est en droit de se demander ce qui a bien pu me pousser à publier la deuxième édition de mon dernier ouvrage, quelques mois à peine après la publication de celui-ci. L’étrange vérité est que j’ai fait plus d'avance ces derniers mois que durant toute la préparation de mon ouvrage. C’est en partie dû au fait que j’ai redoublé d’efforts après la publication. Ce n’est pas un secret au sein de mon entourage que le maigre contenu de plusieurs des chapitres m’avait laissé sur ma faim.

Il y a aussi eu les lettres. Admirateurs de longue date, critiques farouches, collègues académiques, historiens amateurs, tous m’ont contacté pour m’apporter leurs analyses, preuves et relectures. J’ai eu certes droit à un lot d'insultes et de remarques désobligeantes. Je voyais bien que la majorité avait été rédigée de bonne foi. Même si leur contenu n’était pas toujours très utile ou exploitable, ces retours m’ont permis d’explorer des pistes que je n’avais pas soupçonnées.

Cet addendum concerne le chapitre le plus court que j’avais rédigé : celui sur Anendreël Findabaer dit le Limier. Faute d’avoir des sources de première qualité, j’avais préféré faire un portrait vague du Gardien et de ses relations avec une famille de colporteur dont il s’était lié d’amitié. Depuis la sortie de mon ouvrage, deux éléments sont intervenus dans la suite de mon enquête.

Le premier élément est que j’ai approfondi et étendu ma lecture des journaux laissés par les marchands. Ces derniers apparaissent comme de simples figurants dans mes descriptions et je souhaitais leur rendre hommage en réalisant un portrait de leur famille tel qu’ils apparaissent dans ce qu’ils rapportent. Cela peut paraître anodin, mais j’ai pu grâce à cela faire une découverte majeure concernant ce que je pense être les causes de la disparition de l’elfe.

Le second a pris la forme d’une lettre. Jusqu’à présent, tous les elfes que j’avais consultés au sujet de la vie d’Anendreël au sein de la société elfiques avaient préféré garder le silence. Sans être tabou, le sujet créait un certain inconfort. J’avais donc abandonné cette entreprise. Du moins, je l’avais abandonné avant de recevoir la lettre. Je cite :

« Maître Barristan,
Votre dernier ouvrage sur les Gardiens du Bosquet est récemment passé entre mes mains. Je ne donnerai pas mon opinion sur ce que je qualifierai de dépoussiérage de tombe, vous avez pourtant tout mon respect pour la qualité de votre travail.
J’ai cru comprendre que le cas d’Anendreël Findabaer vous posait problème. Le portrait que vous avez écrit est très incomplet à mes yeux. Je n’étais pas proche d’Anendreël, mais je connaissais très bien sa mère. Comme beaucoup de mes semblables, même s’ils taisent autant le nom du fils que de la mère à présent.
Je souhaite m’entretenir avec vous. Je répondrais avec la plus grande franchise à toutes les questions que vous aurez. Je vous laisserai aussi la liberté d’utiliser mes paroles comme vous le voudrez. Ma seule condition est que je reste anonyme. J’espère que vous comprendrez pourquoi.
Bien à vous,
»

J’ai accepté l’invitation sans hésiter. Une opportunité comme celle-là, ça ne se refuse pas. Je dédie la seconde partie de cet addendum à la retranscription de cet entretien.

Commençons par une petite généalogie. Cela permettra d’avoir une idée claire des acteurs en place.

Le premier membre de la famille humaine qu’Anendreël a rencontré est Miklan de Bertol. Bertol est le nom d’un petit village pittoresque à la bordure ouest du Bosquet d’Ataraxie. Son fils unique, Abel, est l’auteur des deux journaux les plus anciens. Il y rapporte notamment les récits de son père pour la postérité : comment ses parents l’ont abandonné dans les bois ; comment il a été épargné et sauvé par un elfe ; comment il est tombé à nouveau sur Anendreël une fois adulte ; et comment il est parvenu à avoir un droit de passage sous le regard de l’elfe.

Deux générations se succèdent sans trop d’agitation. Abel se marie à une certaine Cléa et tous les deux auront deux fils - Karl et Marcos. Marcos continue la tradition des journaux initiés par son père. Marcos se marie ensuite à Camilla et le couple enfante de deux filles - Anabelle et Jennifer - ainsi qu’un garçon - Cyril. Une fois adulte, Anabelle se marie et décide de quitter le village. Jennifer, quant à elle, reprend la rédaction des journaux et décrit un événement notable.

« Père est inquiet pour Ana. Il y a de quoi. Personne dans la famille, pas même grand-papa [Miklan], n’est allé dans les montagnes. Je ne comprends pas pourquoi elle et son crétin de fiancé tiennent tant à partir. Ils disent que la stabilité générée par l’Empire va s'accompagner de gros revenus pour les commerçants qui saisissent leur chance. J’ai du mal à les croire. Mais c’est pas moi qui vais les empêcher de rester.
Pour rassurer Père, Anen leur a donné une médaille. Il m’a expliqué que c’est un truc de Gardien, un objet magique, je crois, pour savoir quand quelqu’un a besoin d’aide. Je lui ai demandé s’il se rendait compte de la distance qui sépare les cimes de la forêt. Il dit que oui, mais que ça ne l’empêchera pas d’accourir si sœurette a des soucis. Anen est vraiment fort, alors j’ai tendance à vouloir le croire.
»

La médaille mentionnée dans ce passage est ce que les Gardiens appellent “Médaille fraternelle”. Il s’agit d’un artefact magique mineur capable de se lier par paire. Si un porteur se retrouve en situation de vie ou de mort, où qu’il appelle à l’aide en tenant la médaille dans la paume, toutes les médailles appareillées relaient l’appel à l’aide et la direction générale de celui-ci. C’est un outil que les Gardiens emploient pour marquer les amitiés fortes, un signe que chacun accourra sans réfléchir pour l’autre si le besoin se lève. Cependant, leur utilisation à longue distance laisse à désirer. Mais il m’est d’avis qu’Anendreël n’avait pas forcément conscience de ces limitations quand il avait fait ce cadeau.

Revenons à notre généalogie. Pendant les sept générations suivantes, les auteurs de journaux se succèdent à hauteur d’un par génération. À chaque fois qu’un enfant quitte le foyer pour tenter sa chance ailleurs, Anendreël leur confie une autre médaille. Cela comprend : Tanis (femme, G-4), partie rejoindre sa tante dans les cymes ; Adalbert (homme, G-6) et Gertrude (femme, G-6), partis à l’ouest pour tenter de rejoindre Qalish ; Galimont (homme, G-7), parti en pèlerinage à travers le monde ; Baelor (homme, G-8 ), parti devenir marin ; et enfin Katherine (femme, G-8 ), partie dans le sud de Méridiem pour assister son frère.

Ce qui fait un total de sept médailles dispersées aux quatre coins du monde. Avant que mon lectorat ne m’assène de questions à ce sujet : Non, je n’ai pas réussi à retrouver la moindre trace. Si les descendants de cette famille existent encore, peut-être les possèdent-ils. Ou peut-être ont-elles échoué chez un collectionneur avide de ces bibelots. Impossible de le dire.

-------------------


« Dans une clairière bordée du gel d'hivers,
Vinrent un loup et un chien perdus par les vents.
L'un loin de sa meute, le second de ses maîtres,
Choisirent de prendre le temps de se connaître.

Je suis le seigneur de cette forêt,
Daim, cerf, perdrix et tous ces autres bêtes,
Fuis ou s'inclinent devant l'unité
Dont ma meute et moi nous faisons la quête.

Le beau limier parla le ton mutin :
J'ai laissé ma liberté de côté
Avec celui que l'on appelle humain
J'entretiens mutuelle loyauté

Et où se trouve donc ton grand seigneur ?
Te voilà perdu loin de ta famille.
Sans eux te voilà remplis de terreur.
Je sais que ta confiance vacille.

Tu parles bien fort d'une meute unis,
Que vois-je pourtant sur ton cou meurtri?
Des morsures, du sang juste séché
Avoue-le moi, tu as été chassé.

Le loup et le chien grognèrent l'un face à l'autre.
Quand vint la bise, ils se collèrent côte à côte.
Jamais dans leur passé ils n'eurent aussi chaud,
Qu'ils promirent en coeur de vivre dos à dos.

Il vaut parfois mieux oublier ses différences,
Les insultes non plus n'ont pas grande importance.
Quand les temps ne vont pas, il faut tendre la main.
Pour votre salut, pensez à votre prochain. »


“Le Loup et le Chien” - Auteur Inconnu - Circa 500 A.D.


-------------------


Plongé dans tes pensées, te revoilà qui triture les sept petites médailles accrochées autour de ton cou. C’est vrai qu’il n'en a plus qu’une à trouver. Ne crois-tu pas que tu as assez songé à ce que tu ferais une fois ta collection complète ? Ta persistance dit le contraire. Tu t’accroches à cet espoir plus fort qu’une sangsue à la peau. Et quel espoir, enfin céder à la mort.

Il faut reconnaître qu’il y a une part admirable à ta dévotion. Tu as mis du temps avant de comprendre que la médaille pouvait être dans les îles de Kuro. Des dizaines d’années. Si tu parvenais à trouver un bateau prêt à risquer le blocus en vigueur pour s'introduire sur les terres des Princes Marchands, combien de temps te faudra-t-il encore avant de retrouver cette dernière médaille.

La première avait pris cinquante ans, rien que ça. D’un autre côté, c’était ta première excursion dans les cimes d’Halogia. Pas étonnant que tu aies eu du mal avec l’air de la montagne. La médaille était enterrée avec son dernier propriétaire. Cette branche s’était éteinte. La deuxième n’avait pas tardé, puisque la tombe de son propriétaire à elle se trouvait dans le village voisin. Tous deux avaient été emportés par une peste quelconque.

La troisième et la quatrième avaient nécessité presque un siècle de recherche. Le désert de Qalish était vaste, surtout pour quelqu'un qui n’avait connu que la forêt luxuriante dans sa vie. La piste que tu avais suivie t’avait finalement menée jusqu’à un repaire de voleurs. Les médailles avaient été dérobées lors d’une rafle et entreposées dans une caverne avec mille autres trésors. Mais tu n’avais d’yeux que pour tes petits morceaux de métal. Quant aux descendants de l’humain, impossible de dire s’ils avaient prospéré.

La cinquième aurait pu être problématique, si ce moine ambulant n’avait pas été aussi connu. Sans la moindre difficulté, tu avais retrouvé le dernier lieu de son pèlerinage, lieu qui l’avait vu vieillir, mourir, puis accueillir des dizaines de croyants venus rendre hommage à sa mémoire et à ses paroles. Quand tu leur avais parlé de ta tâche et montré les quatre autres médailles, les moines responsables de l’entretien du temps avaient accepté de te remettre celle de Galimont. Faute de laisser des enfants, il avait au moins cette babiole comme héritage.

Les vrais soucis sont arrivés à partir de la sixième. Comment retrouver la trace d’un marin sans grande renommée ? Pour autant que tu le craignais, la médaille pouvait déjà avoir coulé dans les abysses insondables de l’océan. Mais tu ne t’étais pas laissé abattre. Année après année, tu avais persisté. En te basant sur la faible trace énergétique laissée par la liaison entre cette médaille et la tienne, la réussite t’avait enfin embrassée. La réalité était qu’un des descendants de Baelor avait préféré revendre sa médaille à un usurier friand de bibelot ésotérique. Cela avait à peine remboursé sa dette, et il était mort quelques mois plus tard. Le requin s’en était vanté devant toi, après que l’avoir interrogé sur la manière dont il avait mis la main dessus. Personne ne t’en voudra de lui avoir tranché la gorge.

Et maintenant, tu chasses la septième. Celle dont tu sais le moins de choses. Tu avances à tâtons, comme un bébé née aveugle. Et tout finit par te renvoyer vers Kuro. Tu n’aimes pas la mer, c’est un secret pour personne. Mais si tu tenais vraiment à trouver cette médaille, ce n’était pas une petite étendue d’eau qui t’aurait arrêté. Il y a quelque chose dans ce crâne qui te tourmente plus que le reste. Une pensée qui te glace le sang.

Jusqu’à présent, tous les propriétaires des médailles étaient ou morts, ou disparus de la circulation que c’en était tout comme. As-tu jamais songé à ce que tu devrais faire si ce n’était pas le cas pour cette septième ? Cette seule éventualité suffit à te faire avaler un autre verre de liqueur. Continue de fuir tes problèmes, tu ne pourras pas leur échapper pour toujours.

Sorti de tes pensées, tu remarques enfin l’étrange animation qui règne dans la taverne. Tu es resté plus longtemps que tu en as l’habitude. Dans le coin où les bandits jouaient aux cartes à ton arrivée, voilà que leur nombre a doublé. Ils rient, crachent, hurlent, jurent. Les sons te vrillent les tympans et tu pèses les choix de partir ou de les faire taire.

À l’improviste, deux autres voyous surgissent à l’intérieur de l’établissement, une jeune fille dans les mains. Elle se débat, le visage gonflé et bouffi par les larmes. Ils la jettent sur la table. Tu préfères ne pas penser à ce qu’ils s’apprêtent à faire. Quel couard que tu fais. Tu sens pourtant ton cœur se serrer, tu ne peux pas prétendre que tu ne peux rien faire. Tu penses la mettre en danger si tu réagis ? Un peu tard pour ce genre de platitude, son sort est scellé si tu ne bouges pas le doigt. Tu tiens vraiment à te rendre complice de… de ça ?

Les bandits les plus assagis par leur consommation massive d’alcool s’exclament d’une satisfaction qui te remet les pieds sur terre.
« Mate-moi ce collier de bourge, ça doit valoir une petite fortune au bon pigeon. »
« Non, rendez-moi ça ! » supplie-t-elle entre deux sanglots. « Faites ce que vous voulez, mais laissez-moi mon médaillon. C’est la seule chose qu’il me reste de ma mère. »

Tu remarques enfin la chaleur te brûler la paume de ta main. Le médaillon - ton médaillon - vibre avec une intensité que tu n’as ressentie qu’une seule autre fois dans ta vie. Si tu n’avais pas perdu ton temps en réminiscences et en auto-flagellation, tu l’aurais remarqué bien plus tôt. Alors arrête de rêver, arrête de réfléchir et pour une fois dans ta médiocre vie, fais la bonne chose à faire.

Le silence tombe dans la taverne. Le bruit du poignard que tu viens de planter dans le comptoir résonne et tous les regards se tournent vers toi. Entre deux respirations erratiques, tu arrives pourtant à prononcer quelques mots à l’adresse des voyous : « Laissez-moi voir cette fille. »

Les ombres claquent contre les murs au rythme des bougies. Plus personne n'ose parler. Ni les bandits, ni le tavernier. Même l’adolescente a arrêté de pleurer. L’un des hommes les plus éméchés, sans doute leur chef, se fend enfin d’un sourire et rit comme il ne l’a jamais fait de sa vie.
« Vous entendez ça les garçons ? Notre sainte nitouche de pénitent envoie enfin valser ses vœux. Tu sais quoi, je suis d’humeur généreuse. Je veux bien te laisser t’amuser en premier. »

Tu n’attends même pas la fin de sa phrase pour sauter de ton tabouret et marcher d’un pas lourd vers la table. Le sourire du bandit laisse à nouveau place à la crainte. Il s’écarte de ton chemin sans un mot de plus. La fille, elle, est paralysée. Une biche qui sait que le loup s'apprête à lui sauter dessus. Elle esquisse un mouvement de recul quand tu approches ta main pour lui attraper le collier et le mettre en face de son visage.
« Depuis combien de temps ta famille possède-t-elle ce médaillon ? »

« Depuis toujours. » Sa voix révèle sa stupeur. Pourquoi ta question aurait-elle de l’importance ? Pourquoi la poser maintenant ? « Ma mère m’a dit qu’un ami de notre ancêtre la lui avait donnée en cadeau d’adieu, avant que nous arrivions à Kuro. »

Est-ce que c’est assez pour te convaincre ? Te fallait-il vraiment une raison pour la secourir ? Peut-être que tu avais raison, et qu’il aurait mieux fallu mourir le plus tôt possible. Toujours est-il que tu ne peux plus reculer à présent. Tu lâches ta prise sur le médaillon et te redresses. L’air est dense sous la tension et tu entends quelques commentaires de stupéfaction de la part des hommes qui t’entourent. Tu te retournes pour faire face à leur chef. Derrière les fentes de ton masque, tu le toises. Lui n’ose pas détourner le regard, même s’il te dépasse d’une bonne tête.

« Ferme les yeux. Ne les ouvre que lorsque je te le dirai. » La fille comprend immédiatement que cet ordre lui est adressé. Son instinct lui aura sans doute dicté d’obéir sans poser de question. Plutôt débrouillarde. Cela lui évitera de voir le sang giclé alors que tu t’occupes de ses ravisseurs.

L’affaire est réglée en moins de deux minutes. Dans un espace si confiné, ils n’avaient aucune chance face à tes lames. Tu ne t’en es pas aussi bien sorti que tu l’aurais voulu. Une bouteille à l’arrière du crâne, une dague qui t’aura effleuré le flanc, plusieurs coups-de-poing et de pied. Et cela fait un bail que tu n’avais pas autant bougé. Ton corps risque d’être crispé durant la nuit.

Tu prends la main de la jeune fille, lui rappelles de garder les yeux pour le moment, avant de te presser vers la porte de sortie. Le tavernier s’est déjà enfui pour prévenir la garde. Rien que tu puisses empêcher maintenant. Tu ne pensais quand même pas qu’il allait laisser passer une tuerie pareille dans son propre établissement ? Quoiqu’il en soit, tu laisses ta bourse, c’est-à-dire toutes tes économies, sur le comptoir en sortant. Ton inventaire contient tout ce qui pourrait te servir. Quant à la nourriture et l’eau, vous en trouverez bien sur la route. Tu n’as pas régressé au point d’oublier comment faire.

Une fois dehors, tu ordonnes d’une voix sèche à ta nouvelle protégée de rouvrir les yeux. Elle obéit, machinalement. Visiblement, elle n’a pas la force ou le courage de te confronter pour le moment. Elle n’a pas l’air idiote cependant. L’effroi que tu lis sur son visage révèle qu’elle a très bien compris ce qu’il s’était passé dans la taverne. Sans lui laisser un instant de répit, tu la recouvres d’une cape.
« Cache bien ton visage. Reste à mes côtés quoiqu’il arrive. C’est bien compris ? »

Elle acquiesce d’un tremblement. Ses yeux sont plongés dans les tiens, tu sens son regard te transpercer de part en part. D’un coup de tête, tu te détournes vers ta destination. D’abord, sortir de cette ville de crime. Ensuite, tu auras le loisir de l'interroger dans le détail. Tu fais apparaître une cape pour couvrir tes habits, ainsi que les taches de sang qui les salissent. La plaie en dessous de tes côtes suinte encore un peu, mais tu devras attendre pour t’en occuper. D’abord, sortir de cette ville de crime, garde seulement ça en tête.

S’il y a bien quelque chose dont tu ne peux pas te plaindre, ce sont bien des capacités des gardes de Mizutsune. La pègre offre une bien meilleure protection dans la plupart des cas. Au moins, cela ne te prend pas beaucoup de temps pour naviguer dans les rues de la ville portuaire. Il serait impossible de passer incognito par une des portes officielles de la ville. Aussi, tu choisis d’emprunter les égouts, que tu as déjà empruntés lorsqu’il avait fallu entrer dans la ville. Toutes les deux-trois secondes, ta tête fait volte-face pour vérifier que ta main n’a pas lâché l’adolescente sans que tu t'en rendes compte.

L’adrénaline du combat et de ce qui l’avait précédé retombe lentement. Tu commences à saisir ce que tu viens de réaliser. Ce que tu es en train d'infliger à cette pauvre gamine. Tu te retournes et arrêtes cette folle course le temps d’une phrase, hanté par ta bonne conscience.
« Je t’emmène dans un endroit sûr. Je ne laisserai plus personne te faire du mal, tu as ma parole. »

Prends le temps de respirer, de temps en temps. Tu vas passer pour un fou. Quoique… c’est sans doute trop tard. Alors que tu t’apprêtes à reprendre ton chemin à travers le dédale formé par les égouts, tu sens que l’on te prend la main. Tu jettes un regard médusé à l’enfant, qui te répond par air tout aussi stupéfait. Pas le temps d’y penser. Rappelle-toi, d’abord, sortir de cette ville de crime.


-------------------



« La Bête vit les enfants, depuis sa cachette.
Enviant de leur jeux, elle cherchait en vain
A se tailler un masque à la forme des bois.
Elle croyait ce masque pourrait mettre fin
Aux cris des enfants, et aux tirs des arbalètes.


Destin cruel, même la figure parfaite
Sur un corps difforme, n'a ni beauté ni rien.
Pleure ô Bête, mais ne sonne pas ton glas,
Nombre qui te ressemble, ce sont eux les tiens,
Ignore ces enfants, qui ont peur de ta tête.


A ces chasseurs qui restent sourds et sans émois
Que savez-vous vraiment des bêtes de ces bois. »

“Entre les branches, la Bête” - Auteur Inconnu - Circa 1000 A.D.


-------------------

Extrait du chapitre “Addendum I”,
- tiré de “Les Lames Sylvestre - Une histoire des Gardiens du Bosquets et de leurs membres les plus célèbres, Deuxième Édition” par Anatole Barristan


Au sein de cette généalogie, Katherine de la huitième génération est la plus importante concernant mes découvertes récentes. Non seulement avait-elle quitté la région d’origine de la famille, mais elle hérita de la tradition d’écrire des journaux pour archiver l’histoire dynastique. Elle, à la place de sa sœur restée à Bertol. Elle aussi, donc, qui prit dans ses valises la collection des journaux déjà rédigés.

Au cours de mes recherches initiales, j’avais arrêté ma lecture des joueurs lorsque j’avais compris ce fait. Je croyais que je ne pourrais plus rien en tirer au sujet d’Anendreël. J’avais tort. Les Dieux savent à quel point j’avais tort. Car la suite - plus précisément un des carnets écrits par la petite-fille de Katherine, nommée Mérine - contient l’indice le plus important pour comprendre le mystère de la disparition du Limier.

« Deux mois que j’étais sans nouvelle des cousins de Bertol. J’ai bien conscience qu’il faut laisser du temps pour que les lettres traversent le pays. Cette attente commençait à me faire mourir d’inquiétude. Quand le courrier est passé chez nous, j’ai d’abord été soulagé. Mais la lettre n’était pas marquée du cachet familial. Elle nous venait directement du maire. Maman n’a pas voulu l’ouvrir. Je me souviens des histoires de fantômes que Maman me racontait avoir vécu. Elle disait avoir un don pour attirer l’esprit des morts. Je ne l’avais jamais cru avant aujourd’hui.

Je me suis réfugié dans l’office pour ne pas la choquer. Après-coup, j’aurais voulu quelqu'un pour m’épauler. Maman me dit qu’écrire me fera me sentir mieux, mais…

[Cette section du texte est partiellement illisible, l’encre a bavé par endroit. Je saute au passage pertinent.]

J’ouvre la lettre et lis une première fois son contenu. Je crois que, sur le coup, ma tête à refuser de comprendre. Alors j’ai relu. Trois fois de suite. Le monde a commencé à tourner autour de moi, j’ai dû m'asseoir pour ne pas tomber. Le maire nous adressait toutes ses plus sincères condoléances. Son message disait que les cousins avaient disparu quelques semaines plus tôt. Sans signe évident d’enlèvement, les gens avaient d’abord pensé qu’ils étaient partis faire la tournée des villages. Ils font tout le temps ça, donc il n’y a rien d’inquiétant. Certains amis de la famille ont fini par alerter le maire, qui a lancé des recherches.

Les recherches n’ont rien donné, jusqu’à ce qu’ils soient contactés par un village voisin. Plus au sud, à plusieurs lieues de la forêt, les corps sans vie des cousins avaient été retrouvés dans une grotte qui servait de repère à bandit. Ils avaient été enlevés, torturés puis exécutés par ces bandits. Le seul réconfort que l’on pouvait avoir, selon le maire, était que les corps sans vie de ces mêmes bandits avaient aussi été identifiés sur place. Cependant sans pouvoir dire qui était responsable de leur mort à eux.

J’ai pensé à Anen. J’espère qu’il va bien. Ils n’ont pas parlé d’elfe parmi les victimes. J’espère qu’il va bien. Maman dit que je dois l’écrire plusieurs fois pour que ça se réalise. Il va bien. Il va bien. Il va bien. Il va bien.[…]
»

Quelques jours plus tard, la mère de Mérine décide de tenter le tout pour le tout et de traverser pour rejoindre l’archipel de Kuro. Mérine décrit comment sa mère pense se retrouver hantée par les esprits de ses proches. Ces hallucinations ou véritables hantises auront un effet dévastateur sur la santé de cette femme. Elle choisira le suicide quelques mois après s’être installé dans l’archipel de Kuro. La suite est une autre histoire.

Cet extrait a eu l'effet d’une étincelle dans un baril de poudre. Il me permettait d’identifier un incident très particulier, à une date bien documentée, dans une région très identifiable. Je me suis alors rué sur les archives de la ville préfecture responsable de Bertol. Si la bureaucratie a ses innombrables défauts, elle est un atout indispensable pour les historiens tels que moi. Un incident comme celui-ci ne pouvait pas être passer inaperçu et quelqu’un aura forcément fait un rapport à son sujet.

Effectivement, je découvris très vite le rapport de feu son honneur le bailli Mordicus Terremer sur l’“Affaire de disparition des marchands ambulants de Bertol et de la tuerie de la grotte aux Lutins, où il sera retrouvé les corps des marchands et ravisseurs”. Je n’ai aucune intention d’endormir mon lectorat avec l’écriture pompeuse des magistrats de l’époque.

Le récit rapporté par Mérine correspond dans les grandes lignes à celui du rapport. Ce dernier nous permet d’apprendre que les marchands sont morts au moins une semaine avant les bandits. La cause de la mort des bandits est identifiée comme provenant de “lacérations et ponctions multiples effectuées par une ou plusieurs lames de courte longueur”.

Autre détail curieux, il est fait mention d’une traînée de sang. Elle commence à partir d’un pilori de fortune, passe par les geôles improvisées où étaient enfermé les colporteurs, avant de sortir de la grotte pour s’enfoncer dans les bois. Un des cadavres de marchands avait été retrouvé à la sortie de la grotte. Il est précisé qu’il a été déplacé là par la source de la trace de sang. La trace part vers l’ouest, dans la direction opposée au Bosquet.

À mes yeux, il n’y a pas de doute quant à l’identité du mystérieux tueur de bandits : cela ne peut être qu’Anendreël. Tant de questions se soulèvent en même temps. Comment ses amis et lui-même ont été capturés ? Pourquoi ne s’est-il pas libéré plus tôt ? Pourquoi ne pas retourner avec les siens ?

Je pense être capable d’apporter un élément de réponse à cette dernière remarque. Le massacre de la famille sur laquelle il avait veillé sur plus de dix générations a très certainement affecté sa psyché. Connaissant un peu plus de son caractère, je pense qu’il en a ressenti une extrême honte. De plus, son enlèvement représentait une défaite significative contre les humains. Enfin, peut-être considérait-il avoir failli à son devoir de Gardien en consacrant sa vie à une famille d'humains. Je ne me risquerai pas à émettre d’affirmation. Sans la parole de l’intéressé, nous ne saurons probablement jamais ce qu’il s’est passé.

-------------------


« Quand la crasse et la poussière se colleront à tes yeux,
Rappelle-toi des paysages de ton enfance,
Quand l’odeur du sang te prendra à la gorge,
Pense à l’arôme du repas qui t’attend sur le feu,
Quand les cris te transperceront les tympans,
Siffle une comptine que te chantait tes parents,
Quand ta peau sera lacérée par le fer, brisé par les coups,
Concentre toi sur le passage de l’air, sur chaque vibration,
Ainsi, qu’importe que tes sens soient pris d’assaut,
Tu garderas le cap quoi qu'il t’arrive. »

“Conseils à mes frères Gardiens” - Auteur Inconnu - Circa 1000 A.D.


-------------------


Le rêve est toujours le même, nuit après nuit. Je suis dans une cave, dont la pierre des parois est teintée de l’éclat des bougies. Des cordes me brûlent les poignets, attachés bien au-dessus de ma tête au sommet du poteau. Entraîné par son poids, mon torse penche vers l’avant. Ma cage thoracique s’en retrouve complètement écrasée, chaque respiration requiert un effort considérable. Mes pieds touchent à peine le sol. Les heures et les jours s’écrasent sur le rivage de ma psyché. Impossible de dire depuis combien de temps mon calvaire dure. J’aimerais me mordre la langue, en finir une fois pour toutes, mais je dois tenir bien, ma vie n’est pas la seule en jeu.

Souviens-toi, tu ne dois rien oublier.

Le vent souffle et dissipe la brume. J’étais avec Adrian quand ils nous ont encerclés dans la forêt. Je les avais sentis arriver, j’aurais pu m’occuper d’eux bien plus tôt. Je croyais qu’il ne s’agissait que de ce genre de vauriens, de ceux qui s’aventurent dans le Bosquet pour piller ses richesses. Comment se douter qu’il en avait après moi ? J’ai tout de suite reconnu le chef de cette bande à la balafre que je lui avais laissée sur le visage quelques mois plus tôt. Dès que j’ai vu la lame qu’il tenait sous la gorge d’Émeline, la fille d’Adrian, mon corps s’est pétrifié.

N’oublie aucun détail, quel a été ton crime ?

J’ai refusé d’agir. Pour la première fois dans ma vie, je n’ai pas réussi à faire taire cette petite voix suggérant que je ne serais pas assez rapide, qu’ils étaient trop nombreux, qu’ils les tueraient avant que je n’en finisse d’eux. L’attachement est de ces poisons qui assagissent et alourdissent la témérité. Il affirmait qu’il n’en avait qu’après moi, qu’une fois qu’il en aurait fini avec sa revanche, il les libérerait. Adrian m’a supplié de ne pas les croire, que ça n’en valait pas la peine. J’ai laissé Rossignol tomber sur le sol, en signe de défaite. Je ne voulais plus croiser le regard de mon ami ou de sa famille. Je venais de les trahir, de les abandonner.

Mes geôliers ne me laissent pas dormir. Chaque jour, heure après heure, ils se relaient pour me battre, me fouetter, m’insulter, me cracher au visage, me brûler la peau au fer rouge. Je tiens bon. Une seule phrase tourne dans ma tête : « Rappelle-toi ton entraînement, tout ça, ce n’est rien à côté. Tout ça, ça va très vite passer. Pense à ce que tu protèges. » Mais je ne protégeais plus rien du tout. J’avais tout laissé tomber : le Bosquet, ma mère, Adrian, Émeline…

Je récitais leur nom en silence, comme une prière pour les préserver du malheur. Fou que j’étais, je croyais que ça marchait. Le temps ne tarda pas à me prouver le contraire. Le chef de cette bande réapparu devant moi, prétexta qu’il en avait assez d’attendre, que le manque de gémissement de ma part s'ennuyait et qu’il comptait en finir une fois pour toutes. Il tenait Rossignol entre ses doigts, mais la fatigue était plus forte que la colère à ce moment-ci. Il la plaça contre ma gorge, jubilant déjà à l’idée de vaincre la terreur des bois.
« Réjouis-toi. Tu vas bientôt les rejoindre dans la tombe. »

Après, tout devient noir. Le néant.

Continue, tu dois te souvenir.

Je… je n’y arrive pas. Il n’y a rien après, rien que ce sifflement qui me vrille le crâne.

Tu dois te souvenir de tout.

Une figure se tient en périphérie de ma vision. Une ombre… ou bien quelqu'un recouvert d’une cape… j’ai l’impression d'observer un abîme. Le temps suspend son vol. L’ombre se rapproche de moi, ses pas au tempo du fracas de mon cœur. La mort vient pour me chercher, j’en suis sûr. Je vois une main se dégager de la main, elle me touche le front.

Et ensuite ?

Je suis sur la terrasse de la maison. Mon premier entraînement vient de se terminer. Je suis couvert de bleus des pieds à la tête. Il n’y a pas assez de larmes dans mon corps d’enfant pour calmer ma peine. Alors mère me prend dans ses bras et se met à siffloter un air que je reconnais.

« Mon petit, ne pleure pas.
Écoute le Rossignol chanter.
Le printemps reviendra,
Sur la forêt enchantée. »

Mon esprit se calme. Les voix, les brimades disparaissent de mes oreilles. Mes muscles se détendent les uns après les autres. D’un seul coup, je n’en ai plus rien à faire des bleus, des moqueries et de mes échecs. Je sifflote à mon tour.

« Mon petit, rendors-toi.
Écoute le Rossignol chanter.
Quand sa chanson se terminera,
Tu pourras te réveiller. »

Je marche en direction de la sortie de la grotte. Mes jambes sont lourdes, mais je persiste. Adrian est entre mes bras. Je veux qu’il voit une dernière fois la lumière du jour. Mais quand celle-ci brille sur nous deux, je me rends compte à quel point il est déjà trop tard. Mes genoux lâchent, mes larmes se mélangent au sang qui recouvre mes joues. Je sers son corps froid contre ma peau. Pourquoi faut-il qu’ils partent toujours si vite ? Pourquoi je suis le seul qui reste après tout ce temps ?

Au sommet de la montagne, la lumière m’appelle. Je repose Adrian au sol, j’espère que son corps ne sera pas profané par les charognards. La conscience meurtrie, je marche vers l’ouest.


-------------------


Votre commande n'a pas encore été expédié, nous vous enverrons un message éléctronique pour vous informer de la publication du reste de l'histoire.
[U.C]Anendreël Findabaer - Le devoir de vivre, jusqu'à ce que la mort te grippe
PARTENAIRES
devenir partenaire ?
Jujutsu Kaisen - The CurseLes Chroniques d'ElysiaThe Last CuredAinsi tomba ThédasLux NovaePeek A BooFairies FutureCode MoodTeer Fradee
Forum maquetté et developpé par Code Mood.