Yuna est la Dame parfaite pour briller sur n’importe quelle scène. De taille modeste et très fine, notre protagoniste fait un mètre soixante-trois pour quarante huit kilos. Obnubilée par son propre physique, la Kuroïte fait de son mieux pour garder les conditions parfaites afin de garder un corps de rêve par ses entraînements de danse et diverses activités physiques combinés par une diète stricte offrant alors un corps assez athlétique et délicat. Sur une chaire aussi blanche et pâle que possible trône une longue chevelure à la couleur du grès allant jusqu'à ses hanches. Pour accompagner ce visage aussi doux qu'une plume, on trouve des yeux mauves magnifiques surplombant des cernes cachées par le maquillage. Au centre, un nez fin et petit au-dessus d'une petite bouche aux lèvres qui, sans maquillage, seraient probablement invisibles.

Pour le reste du corps, l'on ne retrouve pas grand chose. Tout du moins, jamais quelque chose de visible. Si de prime abord on pourrait croire que la chaire de Yuna est vierge de toute blessure, ce n’est hélas pas le cas. Certaines cicatrices et blessures honteuses sont souvent cachées par un vêtement, et très rares sont ceux pouvant se vanter de connaître leur présence, et encore moins nombreux ceux qui connaissent leurs origines. Ainsi, pour habiller notre diva, rien de mieux que les plus belles robes de Kuro. Cherchant souvent à flatter la rétine par des couleurs calmes, l’ancienne orpheline va préférer le bleu de l'océan et le blanc des nuages. Coquette, amatrice de belle chose et adorant étaler sa fortune, la jeune femme va apprécier avoir des boucles d'oreilles, bagues et colliers pour compléter son attirail souvent fait d'or ou de pierres précieuses pour briller comme le diamant qu’elle considère être. Bien entendu, pour compléter le tout, de jolies chaussures à talon dont elle se sert pour marcher avec grâce. Un accessoir fondamental d’ailleurs de notre belle fleur est son éventail bleutée qui lui permet bien souvent de s’aérer, et cacher sa bouche et les expressions d’amusements devenues alors invisibles.

Droites de stature, on contemple encore mieux son charme et ses courbes quand on la contemple ainsi. On voit bien souvent le calme de la jeune femme dans sa façon de marcher, lente, qui contraste avec son visage toujours affublé d’un sourire moqueur. D'une voix douce et profonde, Yuna est le genre de personne à vous ensorceler ou vous charmer juste par sa voix de velours et son sourire d'ange. Le genre d’outils qu’elle n’hésitera jamais à utiliser.

Briller et faire en sorte de ne jamais être oubliée. Voilà ce que souhaite faire Yuna. Marquer son nom d’une façon ou d’une autre dans l’histoire de son pays, dans l’histoire du monde. Que chaque personne de sa génération et de toutes celles futures puissent se rappeler que oui, un jour, ce joyaux étincelant à fouler de ses pieds nues le monde afin d’y apporter sa grâce. Cette envie malsaine de ne pas être qu’un souvenir effacé provient de l’époque où la Kuroïte était orpheline, souffrant de la faim et de la soif et que personne ne la regardait ou la considérait. Ce traumatisme de jeunesse l’ayant alors profondément marquée et propulsée dans le besoin d’être vue. Le besoin que l’on se souvienne d’elle. Le besoin que même après sa mort, son nom soit encore prononcé et qu’il soit impensable de ne pas la regarder.

Forcément, pour accompagner ce besoin d’être vue, l’égocentrisme. Il est impensable pour elle de ne pas ramener la conversation à elle, ou de se présenter comme LE joyaux de la situation. Sentiment global de supériorité, la danseuse apprécie rabaisser les autres pour briller toujours plus. Il n’est pas non plus évident pour notre protagoniste de passer en second plan même en présence de personne de renommée, bien que dans ces situations il lui est plus facile d’accepter la chose. Sinon, il est fort possible qu’elle cherche à se venger ou se mette dans une légère fureur rouge.

Pour celle qui a connu la pauvreté, la faim, la tragédie et la désolation, avec la richesse vient l’oisiveté et la luxure. Yuna aime l’argent. Vraiment beaucoup. Ainsi, la montée en puissance des Princes Marchands aura été une grande aubaine pour elle. Ayant tout fait pour faire fructifier son talent et ses capacités de danseuse, d’espionne mais aussi affiner son charme, la belle fleur profite maintenant de tout ce qui est possible. Les meilleurs repas, les boissons les plus envoûtantes, les plus beaux habits ou les plus charmantes personnes… Rien n’est trop beau ou trop bien pour notre protagoniste qui fait de son mieux pour garder son train de vie mais aussi ses très nombreux plaisirs.

Travailleuse, Yuna sait que tout ce qu’elle a, tout ce dont elle rêve ne se fait pas en se reposant sur ses lauriers. Acharnée de la compétition et du travail, la Kuroïte se donne de nombreux objectifs et son but est de tous les accomplir sous peine de représailles contre elle-même. Ainsi il n’est pas rare de la voir se donner au maximum de ses capacités si cela lui permet de gagner quoi que ce soit en plus dans sa vie. Et de cette mentalité s’ajoute d’ailleurs l’amour de la compétition. Gagnante dans l’âme, la danseuse souhaite être numéro une dans tout ce qu’elle touche. Ainsi faut-il écraser les autres, les plus faibles… Mais aussi conquérir ce qui doit lui revenir de droit en tant que personne au-dessus des autres.

Taquine, charmeuse, il n’est pas rare que Yuna apprécie plaire, attirer les regards et se servir de cela pour obtenir des informations, des cadeaux ou tout autre avantages. Parfois, c’est juste pour le plaisir d’être vue. Parfois, pour passer un agréable moment. Parfois pour donner des espoirs et partir sans laisser la moindre trace de sa présence. Tout est bon pour flatter son propre égo, et tout est bon pour passer un bon moment. Dans le plaisir, ou dans les pièges.

Malgré cela, malgré tous ces différents masques, Yuna n’en reste pas moins une âme blessée qui essaye de se protéger. Ancienne orpheline, abandonnée par sa première sauveuse, il est probable que la danseuse se soit penché vers ce genre de comportement pour éloigner le plus possible tous les démons du passé, et toutes les souffrances possibles. Quoi de mieux pour éviter de souffrir de manque qu’en profitant de la richesse et en faisant tout pour l’être? Quoi de mieux pour éviter de souffrir d’une trahison… Que de ne pas s’attacher et trahir les gens? Reproduisant le schéma de ce qui l’a traumatisé et blessée, l’espionne englobe son coeur de nombreuses couches lui permettant de ne plus avoir à souffrir de nouveau… Tout du moins, c’est ce qu’elle espère.

Pourquoi ce souvenir d’une période sans intérêt? Une période où elle n’était rien hormis un parasite? Chaque élément de son passé d’orpheline a été méticuleusement mis dans un coin de son esprit. Une prison aux barreaux infranchissable et incassable. Car cette période était un traumatisme, et il fallait éviter d’y repenser. Elle n’était pas considérée comme importante car Yuna n’était pas considérée comme utile à cette époque, on ne la regardait même pas. Pourtant, quand elle s’endort avec un peu d’alcool dans le sang ou dans les bras de quelqu’un, il lui arrive de plonger dans les cauchemars de cet ancien temps.

Une époque où elle n’avait rien. Ses parents sont morts, et la raison derrière cela… Introuvable. Maladie? Banditisme? Vengeance? Comment pouvait-elle le savoir à son si jeune âge? De cette époque, des rares souvenirs qu’il lui revenait, il n’y avait pas grand chose de positif. La faim surtout. Tiraillante. Intense. Si difficile à soutenir. La mendicité permanente aussi d’une jeune femme au regard mauve qui suppliait n’importe quel âme de lui offrir un bout de pain, une petite pièce… Quoi que ce soit qui puisse lui permettre de tenir un jour de plus. Et, le pire du pire, c’était le regard des gens qui se posait sur elle. Plutôt, non. Ils ne prenaient même pas cette peine. Créature invisible qui n'apporte rien, pourquoi perdre son temps sur elle? Il lui fallait faire preuve souvent d’ingéniosité pour obtenir de quoi manger, de quoi vivre un nouveau lendemain. Comment ne pas vouloir oublier tout cela? Faire en sorte que cela ne lui arrive plus jamais?

Il y a eu de nombreuses fois où Yuna souhaitait abandonner. Se laisser mourir simplement sur le sol et attendre que la faim l’emporte. Mais à chaque fois que cela arrivait, une petite voix la forçait à se relever, et chercher de quoi manger et survivre. Une petite voix qui lui promettait un meilleur futur. Un futur où tout cela sera bien loin derrière elle.

Et finalement, elle obtint sa chance. Huit ans sur ce monde, et un temps de souffrance bien trop long dans la déchéance pour une petite fille abandonnée. Sa délivrance vint sous les traits d’une Kuroïte bien plus âgée qu’elle. Qui décida de l’adopter, de lui offrir une meilleure vie. Mais pas gratuitement. Après son premier vrai repas depuis des lustres, après un bon bain chaud et une nuit de sommeil dans le lit le plus confortable du monde, on lui présenta son nouveau chez-elle. Un établissement de danses traditionnelles et de chants. Une vieille institution de Kuro. Si Yuna souhaitait continuer de vivre ici, il lui faudrait alors travailler ici. S’entrainer, apprendre et rejoindre les nombreuses danseuses et chanteuses. Pour la petite fille, cela ne lui semblait pas quelque chose de trop difficile, et tout valait mieux que retourner dans le monde des anonymes. Ainsi choisit-elle l’option la plus logique pour elle : Obéir.

Elle devint-alors une apprentie au sein de l’institut. Apprenant alors les nombreuses danses traditionnelles, les nombreux chants associés. Parfois les deux se mélangeaient dans un accord à maîtriser et respecter, parfois chaque partie se faisait sans l’autre. Le but avec tout cela étant de ne jamais faire la moindre faute, être parfaite. Entourée d’autres apprenties et d’autres talentueuses employées, l’ancienne orpheline donnait tout ce qu’elle avait. Le bonheur de manger à sa faim, le bonheur d’être enfin regardée par quelqu’un lui donnait l’énergie de ne plus revivre le désespoir. Et le regard que la jeune femme cherchait le plus à obtenir, c’était clairement celle de sa sauveuse. Rikku. Directrice de cet endroit, celle qui lui avait offert une chance. Pour elle plus que quiconque, notre protagoniste donnait tout ce qu’elle pouvait. Prenant soin de se remémorer à la perfection chaque geste, chaque intonation des chants, et chaque détail. En plus de cela, Yuna fit en sorte de retenir d’autres informations comme le type de thé que prenait sa sauveuse, ou divers détails qui pourrait lui plaire, cherchant ainsi à obtenir son plaisir et son sourire.

En étant vue, en étant considérée, la jeune fille était vivante. Ce n’était plus une parasite, car elle vivait en symbiose avec une personne. Après plusieurs années à vivre ainsi, et alors que la douzaine touchait son existence, elle fût pris à partie avec sa directrice. Cette dernière était fière de sa progression, et, souhaitant en faire un élément efficace pour le Shogunat, commença un tout autre type de formation. Celui de l’espionnage. Rikku avait vu le potentiel de Yuna, elle avait vue ce dont elle était capable au niveau de l’observation, et il n’y avait pas meilleur élément qu’une future maîtresse du divertissement pour récupérer des informations et s’en servir ensuite. Toujours dans le souhait de servir et contribuer au bonheur de Rikku, la jeune femme accepta. Si le jour ses entraînements de chants et de danse se faisait, la nuit était plus destinée à l’espionnage.

Avant ses quinze ans, Yuna arrêta d’être une apprentie, et, déjà jeune, elle rejoignit les premières représentations de son institut pour chanter et danser avec ses “soeurs”. Une occasion déjà de lui faire goûter au vrai monde, loin des murs qu’elle connaissait maintenant par cœur. Si au début elle était réticente d’un tel changement, surtout performer face à des personnes qui, potentiellement à l’époque ne la voyait même pas, le fait de voir leurs regards intrigués, intéressés, le fait de les voir apprécier changea tout. On l’aimait, elle était vue.

Et c’est ce qui déclencha son envie d’avoir toujours plus. Il y avait maintenant d’autres personnes en plus de sa directrice qui la regardait, l’appréciait pour ses talents. Mais ce n’était plus assez pour ce monstre d’égo qui sommeillait en elle. C’est aussi à ce moment-là que ses premières divergences d’opinions avec Rikku se firent sur ce sujet la. Mais ce ne fût rien face à ce qui arriva comme bouleversement dans la vie des Kuroïtes.

L’arrivée de la Peste du Lys-Araignée bouleversa l’archipel ainsi que les prestations de Yuna. Même si elle avait encore de rare représentations, la jeune adolescente de quinze ans était frustrée d’une telle situation. Le désordre et la maladie frappant suffisamment fort Kuro, sa Directrice n’était quasiment plus là, toujours en déplacement pour le Shogunat. Et avec la diminution de ses apparitions, la belle fleur se sentait tristement seule. Une solitude qui devenait une colère sourde. Pourtant Yuna n’eut jamais l’occasion de réellement discuter avec Rikku à ce sujet. Car peu de temps avant le retour de sa supérieure, il y eu le triste changement de dirigeant. Le Shogunat n’était plus, et l’avènement des Princes marchands vint à relancer les cartes.

La Directrice, fidèle au Shogunat n’aimait pas ce changement et souhaitait épargner son école de toutes les modifications qui allaient être apportées par le Prince du Divertissement. Dans cette situation, Yuna était hésitante. Ne sachant sur quel pied danser. Malgré sa colère contre celle qui lui avait sauvée la vie, la jeune danseuse avait encore beaucoup d’amour et de tendresse envers Rikku. Ainsi essaya-t-elle de lui parler, d’avancer des arguments positifs sur ce genre de changements. La gloire, la richesse… Mais ce ne fut pas écouté, au contraire. Peut-être que sa tutrice était las, fatiguée. Mais elle hurla sur notre protagoniste. La compara à un parasite qui souhaitait changer de poisson car celui d’avant n’était plus assez vif. Les mots étaient dur, autant que la blessure était profonde. Dans les yeux que notre protagoniste aimait pourtant voir, il y avait comme de la haine. Et être ainsi repoussée l’horrifia… Avant de la rendre folle de rage. Être ainsi repoussée, ainsi jetée à terre… Pourquoi? Il était hors de question à présent de lui souhaiter le moindre bien…

Guidée à présent par la voix d’une autre personne qui souhaitait obtenir l’institut, Rikku fût chassée de sa propre création. Difficile de savoir si on lui laissait la vie sauve ou si ce n’était qu’un temps gagné avant de la traquer, mais toujours est-il que tout changea. Avec les modifications apportées par le Prince Marchand du divertissement, les danseuses et chanteuses devinrent plus populaires. Avec un plus grand public. Le traditionnel n’était presque plus présent, s’ouvrant alors à une tout autre gamme de spectacle pour les beaux yeux des clients, et pour leur fortune. Yuna elle embrassa pleinement cette vision des choses et fit de nouveau tout son possible pour être la plus vue.

Le temps passa, la majorité de la danseuse fût dépassée depuis un moment. Des apprentissages de son ancienne maîtresse, rien n’avait pourtant été abandonné. Pourquoi mettre de côté des choses utiles? Yuna dansait, chantait et surtout, écoutait. Ses yeux se posant facilement sur ce qui pouvait rapporter le plus. Usant alors des charmes que la nature lui avait offert, elle n’avait aucun scrupule à faire tourner des têtes pour des informations. Offrant alors ce qu’on lui racontait pour toujours plus d'argent et de richesses. La nouvelle Directrice de l’institut étant d’ailleurs sa missionnaire principale, utilisant les représentations comme meilleurs lieux pour laisser traîner ses oreilles.

Surnommée rapidement la Voix Divine de par son incroyable talent en chant, Yuna agissait dorénavant seule, sans aide. Pourquoi perdre du temps de toute façon avec des personnes moins douées qu’elle? Elle, la rayonnante et parfaite diva de Kuro. Son nom était gage de qualité, de spectacle et de grandeur. Ayant totalement embrassée les nouvelles traditions des Princes Marchands, l’artiste vivait dans l’excès et le bonheur.

Pourtant tout n’était malheureusement pas rose. A la trentaine, au sommet de ses compétences, le retour de la piraterie gênant l’archipel posait problème, et ce qui posait problème à son royaume posait un problème à la star qui n’aimait pas toute tentative de troubler sa gloire et ses richesses. Malheureusement, la jeune femme n’était pas une guerrière, et tout ce qu’elle pouvait faire était de continuer à se donner en spectacle pour le moral de Kuro… Et pour continuer de vivre dans le luxe. Hélas, quelque chose la gênait. Ce n’était qu’une chanteuse, elle, la Voix Divine! Comment était-ce possible alors que c’était la plus grande diva de Kuro? Impensable, folie que cela! Pourtant, elle avait la richesse, le pouvoir… Et surtout les informations. Usant alors de tout cela et de chantage, il ne fallut pas longtemps pour que la belle fleur prenne la place de son ancienne supérieure et soit alors le visage de l’établissement.

Prenant un peu plus de pouvoir au sein du divertissement tout en honorant le Prince Marchand, la fine danseuse dût mettre un peu de côté ses spectacles lors de la Nuit de l'Éveil. Que ce soit le Père de l’Aube s’illuminant, l'apparition d’Oeil divin ou la mise en verrou de l’Archipel… Le destin du monde semblait arriver à un tout nouveau point. Un potentiel air de changement qui, comme avec les Princes Marchands, ne devait pas être loupé. Et il était hors de question pour notre chère espionne de ne pas agir pour s’enrichir…