Tyra voyage depuis quelques jours déjà, son périple la  menant progressivement vers le sud. Bien qu'elle soit techniquement en mission  pour l'ordre de la Glace Éternelle, ce sont des raisons personnelles qui l'ont  poussée à s'aventurer vers les étendues désertiques de Qalish, la nation qui  vénère Berith, le dieu Geo. La Sainte se dit que naturellement, des individus  hautement qualifiés dans la manipulation de cet élément doivent y habiter et  qui, bien qu'incapables de briser l'emprise de Titan sur elle, peuvent peut-être  offrir une solution aux douleurs et blessures qu'elle reçoit lorsqu'elle utilise  l’Oeil Divin du démon. Le paysage autour d'elle est passé de forêts luxuriantes  à des dunes sèches et sablonneuses depuis quelques heures déjà. À chaque  kilomètre à dos de sa monture volante, Tyra sent le Soleil de plomb qui pèse un  peu plus sur son corps habitué au grand froid nordique.







Titan est devenu muet. Ça  arrive souvent, quand les deux esprits s’échauffent. Le démon préfère laisser  tranquille son hôte dans ce cas-là, avant que sa dégénère vraiment. Après tout,  il a tout à perdre s’il ne s’entend pas avec la Sainte de la Lance, malgré leur  passif commun. Pas que cela dérange cette dernière, après tout, des deux, elle  est sans doute celle qui est la plus réticente à tenter de coopérer avec  l’autre.

Mise à part ses rares interactions avec Titan, le voyage est monotone. Depuis un moment, la couleur du sol ne change pas. Du sable à perte de  vue, quelque soit la direction qu’elle regarde. Seule exception à cette règle est la Pyramide de l’Eternité, qui lui sert comme deuxième point de repère, et lieu de ralliement en cas de pépin lors de sa traversé du désert. Car même avec l’aide de sa monture  volante, le périple n’en reste pas moins difficile. Elle a bien pris un compas  pour s’assurer de voler dans la même direction, mais il n’empêche qu’elle a  espéré rencontrer des voyageurs qui puissent l’aiguiller vers l’Oasis, sa véritable destination. Volant pendant quelques minutes, la Sainte finit par faire poser son Simurgh au  niveau d’une des dunes, siège d’une roche surplombant le sable, lui permettant  d’être un peu un l’ombre, le temps de se désaltérer et de planifier le reste du  voyage.

Ordonnant à son Simurgh de monter la garde en prenant position au sommet du  rocher, la membre de la Sororité de la Glace Eternelle observe les environs….  Sans trouver quoi que ce soit d’intéressant. Il faut dire qu’elle est comme un  poisson en dehors de l’eau ici… Enfin, presque. Si elle doit se battre, ou  chercher une nappe d'eau souterraine, la Fille de l’Eiskloster à de quoi se  débrouiller. C’est plus le niveau de ses provisions qui l’inquiète. Heureusement  qu’elle n’a pas besoin de nourrir sa monture. Sans cet atout, le voyage à  travers le désert peut-être bien plus ardu en termes de ressources. Après tout,  Tyra est plus que mitigé sur le fait que ses propres provisions lui suffisent  jusqu’à l’Oasis si une mauvaise surprise vient à lui arriver.

Peut-être  qu’elle aurait dû accepter la proposition de la Mère pour la téléporter vers les environs de la capitale après tout.

Dans un campement des Bat-le-désert non loin de la forgeronne du nord, la tension monte. La confusion aussi à vrai dire, car, personne ne comprend ce qu'il se passe. En fait, la monture volante de la nordique n'était pas ce qu'on pouvait dire discret, surtout dans un endroit aussi découvert que le désert de Qalish. Mais bien heureusement pour tous, il s'avérait que le Khan était en déplacement dans la région.

Bien vite, il ressaisit les troupes. Il irait accompagné de deux cavalier voir ce que cette chose volante qui agitait ses hommes pouvait bien être. Surtout que, aussi proche de la Pyramide Eternel, cela pouvait être un ennemi... Un ennemi isolé ainsi serait vulnérable à une attaque surprise, aucun doute là dessus. Mais le temps n'était pas aux présuppositions, aux rêves de capturer le maudit prince ou autre, les guerriers allaient se mettre en route.

Connaissant le désert comme sa poche, observant de ses yeux quasi-félins les environs, le Khan mais peu de temps avant de remarquer une anomalie dans le paysage. Une grande silhouette en haut d'un rocher qui surplombe tout l'horizon, et vu le peu de discrétion des cavaliers Qalishi... Leurs armures étaient peut-être pratique pour le désert, légère grâce au peu d'acier sur eux mais ils restaient tous vêtus de noirs, montés sur des chevaux en plein désert jaune. Ce qu'ils avaient vu les as sûrement vus aussi, aucun doute là dessus.

Alors autant partir à leur rencontre, non ?

Bien vite, les trois cavaliers arrivent en trottant vers l'animal, et à portée raisonnable le Khan clame haut et fort ;




La curiosité est un vilain péché et le Khan était un pécheur de compétition. Les trois cavaliers s'approchent tranquillement du rocher pour voir la personne qui s'abritent en dessous, le plus lentement possible pour ne pas paraître menaçant. En plus, le Khan enlève son casque à masque en forme de lion, révélant sa chevelure d'ébène et ses oreilles féline, approchant avec un grand sourire pompeux.

Le repos que la femme du nord s’est accordé n’a  cependant pas duré bien longtemps. Quelques minutes seulement après son arrêt,  son invocation émet un léger rugissement, à peine assez fort pour être entendue  par sa maîtresse… Un signal que des silhouettes inconnues approchent de leur  position. Bien qu’elle soit alertée de ce fait, la femme aux yeux d’or décide  simplement de ne pas faire d’action précipitée, et de laisser les nouveaux venus  faire leur première impression… Qui se relève aux premiers abords des plus  sympathiques. Enfin, du moins, ils ont la décence d’ouvrir le dialogue… Reste à  savoir si la raison de leur venue à plusieurs a été faite par sécurité, ou par  volonté d’imposer leur dynamique.

Si son regard reconnaît l’existence des deux autres cavaliers, c’est sur  celui qui prend la parole que son attention se porte. Guère impressionnée par la  présentation grandiloquente de l’homme-bête, il faut dire que le Saint Empereur  est difficile atteignable sur le sujet, Tyra lui offre tout de même un sourire  amical, avant de se relever doucement de sa position assise, balayant le sable  qui essaye de s’insinuer dans ses vêtements.



La  Sainte sort finalement de l’ombre du rocher, pour se présenter pleinement aux  trois cavaliers. Une réponse aussi vraie qu’elle masque ses intentions. Nul  besoin d’abattre ses cartes immédiatement. Après tout, si ses informations sur  le pays sont exactes, le pays est dirigé par un pharaon et trois dieux  guerriers. Est-ce que cet homme est donc un de ces fameux dieux guerriers ?  Peut-être, ou peut-être pas, vu que ses dires semblent indiqués une volonté de  posséder tout le désert. Tyra sait qu’elle doit faire attention pour le moment,  il peut être dommageable de se retrouver dans une bataille dès son arrivée dans  le désert, surtout à cause d’un ego froissé, non ?



Malgré les petits ricanements qui traînent au fond de son esprit suite à  cette dernière phrase, Tyra garde un sourire amical tout du long de son  questionnement, sa curiosité restant malgré tout authentique.

Au fur et à mesure que les guerriers s'approchent, leur équipement se révèle aussi. Les trois semblent être des homme-bêtes, chacun ayant leurs attributs animaux qui dépasse de leur armure noire de plaque légère, comme si ces parties n'était qu'apparat ou même part de l'armure. Même sur les masques qui composaient leurs armures, chacun avait un animal différent gravé dans ceux-ci, donnant un aspect bestial aux cavaliers. Eren guerrier à la gueule de lion et aux attributs félins, s'arrête à quatre mètre à peu près de la forgeronne, descendant de son destrier.

D'un coup de poignet, il retire son casque en entièreté pour le caller contre sa hanche, un grand sourire sur le visage. Un faux sourire, car une grande méfiance prenait place en le Khan. Les voyageurs du nord n'étaient pas rares mais ils étaient tous tout autant hauts en couleurs qu'ils pouvaient être dangereux. C'était absolument le cas de la personne en face de lui. Pouvait-elle être vraiment juste une simple forgeronne en quête de connaissance et art ?



Voyant bien que la forgeronne n'était pas là en des termes belliqueux, il s'approche donc pour mieux observer et surtout paraître moins méfiant et plus amical qu'il ne l'est vraiment, son sourire étant omniprésent sur ses lèvres.




Jouer les samaritains n'était pas dans son genre. La forgeronne devait bien avoir quelque chose d'intéressant sur elle, non ? C'était un métier recherché et important pour les guerriers, il n'allait pas non plus donner les meilleures adresses gratuitement. Les forgerons bat-le-désert en particulier, surtout connus pour leur entretient des équipements des cavaliers étaient particulièrement précieux. Il n'y avait qu'aux axes urbains qu'on pouvait trouver ceux qui maitrisaient des arts et éléments particuliers, mais là encore, fallait-il les trouver.




La main libre du Jeune Roi est alors tendue vers la nordique, prête pour un serrage de main conforme. Si de tout ça pouvait sortir du bénéfice, sans aucune goutte de sang tombé au sol, ce serait un exemple parfait pour Eren qu'il pourrait peut-être lentement se ranger vers une méthode plus douce et moins violente pour faire prospérer sa grande famille de pillards.

Tyra n’est ni naïve ni dupe. Elle se doute bien que  trois cavaliers, tous des hommes bêtes, ne lui sont pas tombés par le plus grand  des hasards. Donc qu’il ai une demande de payement pour les informations qu’elle  peut se voir prodigués est tout à fait compréhensible… Bien que de tomber  directement sur ce genre d’individu reste une surprise pour elle… Mais cela doit  être la norme, quand une personne vit dans une des deux nations connues pour  leurs aptitudes dans l’art du commerce.

La réelle question est plutôt par quelle corne empoignée les négociations ?

Le supposé Roi semble sincère, mais comme toutes personnes compétentes, il  sait garder ses atouts dans sa manche, et dévoiler son jeu que le moment venu.  Ceci devient aussi translucide qu’un diamant lorsqu’il continue son discours,  son sourire presque niais aux lèvres. Finalement, à la fin de son monologue, il  se désigne comme ce qu’il est réellement pour le moment. Un bandit, un criminel  comme parmi tous ceux qu’elle a enterrés dans son pays… Mais ici, ce ne sont pas  ses affaires, et il reste un fait bien réel : les personnes de ce milieu ont  bien souvent des informations uniques à cette sphère de la société, et Tyra peut  avoir tout intérêt à coopérer avec le prétendant au trône du désert. Les yeux de  l’Eiskloster se posent alors sur la main tendue d’Eren, qui s’attend sans aucun  doute à ce que la forgeronne accepte son offre.

Ne dit-on pas de faire  attention à ce que l’on souhaite ?

Tyra s’agenouille un instant,  récupérant dans sa main une pierre, et une poignée de sable, les mettant en  évidence devant le Khan.



Alors qu’elle continue la discussion, ses yeux se focalisent sur  ses doigts, qui bougent au gré de ses paroles. De légers éclairs apparaissent de  ses mains, concentrés sur les éléments qui se situent dans les paumes de ses  mains. Un léger sourire malicieux orne désormais ses lèvres, alors qu’elle  relève son regard, une fois son petit numéro terminé. PréparaitPrépare-t-elle   un sort pour attaquer les trois bandits ? En tout cas, l’attention de sa monture  se porte désormais sur la scène qui se passe en contrebas, comme si elle est  prête à fondre sur les trois inconnus au moindre mot de sa maîtresse.



À ses mots, Tyra libère de sa première main les grains de sable  qu’elle a pris quelques secondes auparavant, qui s’envolent pour se perdre à  jamais dans le désert… Et pourtant, malgré leur couleur presque similaire, ce  qu’il voit ne doit guère tromper le Khan. De la poussière d’or. Que la  forgeronne semble semer sans le moindre intérêt. Profitant alors de l’effet de  surprise, Tyra vient placer dans la paume de l’homme-bête la pierre qu’elle  tient dans la main… Sauf que le poids de celle-ci est bien plus conséquent que  de la simple roche, et pour cause, ce que le potentiel Roi en devenir tient dans  ses mains n’est rien d’autre qu’un minerai de plomb pur.



Tyra se recule de  quelques pas, laissant quelques instants filés, jaugeant du regard les premières  réactions du chef des bandits. C’est une opportunité parfaite pour voir un  premier aperçu de sa véritable personnalité. Est-ce qu’il va continuer les faux  semblants ? Est-il réellement dans ce genre de manœuvre politique ? Quelle  émotion va prédominer ? Si c’est une partie de son souhait de cerner un petit  plus la personne devant elle, la femme du nord recherche quelque chose d’autre,  mais peut-il seulement le lui donner ?
Ainsi, pour le pousser dans cette  direction, elle-même laisse tomber l’étiquette de la voyageuse, alors que son  regard ambré scintille dans la pénombre de la roche.



Elle fait une légère pause, juste assez pour laisser le vent souffler une fois, avant de finir.

La pierre tombant dans sa main, le Khan se trouvait un peu circonspect, proche de la confusion même. Encore un transmutateur ? Au goût du suzerain du désert, la forgeronne en face de lui devenait un peu trop présomptueuse, elle était chez lui, c'était lui qui menait la dance. La main gantée du Khan soupèse le minerai de plomb dans sa main, histoire d'être sûre qu'il était bien réel, avant de le jeter simplement dans le sable à ses pieds. Inutile, purement et simplement. Elle n'avait pas vraiment grand chose à lui apporter si ce n'est une bataille d'égo futile.




Sur ces mots, balayant l'air de sa dextre avec flegme, le guerrier se retourne, ne montrant que son dos à la forgeronne. Il part visiblement reprendre les rênes de son destrier, peu intéressé au final. Lui qui pensait trouver un bon partenaire commercial ou autre, le voilà déçu, tout simplement. Combattre un tel adversaire ne valait pas le coup, encore moins de s'en faire un ennemi. Elle n'avait sûrement aucun artéfact ou équipement qui pourrait un tant soit peu l'intéresser, alors, autant partir.

Avant de monter sur son destrier, il regardait une dernière fois la forgeronne, attendant un argument qui le convaincrait de ne pas partir.