C'était une journée assez difficile pour le prince bâtard, d'abord il s'était levé bien plus tard que l'aurore habituelle, et personne n'avait pris la peine de le réveiller. C'était un coup dur car il se targuait de toujours vouloir montrer l'exemple à son jeune frère mais actuellement il passait juste pour un irresponsable. Mais on ne l'y reprendrait pas ! Enfin pas trop de fois.

Une fois qu'il s'était pleinement levé et avait fait sa toilette il se rendit compte qu'il était plus ou moins tout seul dans la résidence de la famille royale, excepté pour les servants qui voguaient comme des fantômes à travers les pièces de manière dilligente.

Pas de note laissée, pas de majordome pour lui dire quoi que ce soit, on dirait bien que Dante avait la journée libre pour une fois, mais il ne savait pas réellement quoi faire. Il aurait pu aller voir un de ses amis comme le jeune Rivellon ou bien partir embêter les péquenauds du coin de par sa simple présence dans les quartiers "malfamés" de la ville, mais  ça ne lui semblait pas le plus rentable au niveau de son temps. Même sans tâche à effectuer il devait faire quelque chose de productif.

Alors il se décida d'aller faire un tour vers le passage sud-est de la ville, ça faisait un moment qu'il n'avait pas posé un pied là-bas, puis de sortir complètement de Rivellon. Là-bas il salua les hommes et leur donna un bon coup de confidence au moral, il y resta plusieurs heures jusqu'à ce qu'un éclaireur lui indique avoir vu une étrange forme se déplacer plus loin dans la forêt.

Bien que la nuit approchait le jeune bâtard décida d'aller voir, assez confiant en ses capacités il fit la traversée et arriva approximativement à l'endroit où devait arriver l'inconnu ou la chose en estimant sa vitesse grâce aux indications du soldat éclaireur.

C'est alors qu'il vit une belle damoiselle sur ce qui ressemblait à une très grosse araignée sombre. La bête semblait servir de moyen de locomotion ce que Dante trouvait assez curieux et drôle. Voyant l'accoutrement et la direction d'où elle venait le prince se demandait si ce n'était pas un de ces enfants bâtards de Richter Balenos car ils semblaient tous plus farfelus les uns que les autres.


Il décida alors de sortir de sa cachette pour ne pas faire peur à Aerith Balenos, et ne pas se faire attaquer par un arachnide géant, il avait les mains en l'air et en évidence l'air de dire qu'il n'était pas dangereux.


"Bonsoir, je suis le prince Dante Hresvaelgr, voudriez-vous bien me dire ce que vous faites ici à cette heure, l'air si inquiète et chevauchant cet aranéide qui ne me paraît de toute évidence pas être une espèce endémique de par chez nous ?"

Quelle histoire ! Une belle dame, fille de Balenos,  perdue dans une forêt et qui avait le pouvoir de manipuler des invocations, ce n'était certainement pas tout les jours qu'on voyait ça à Rivellon ! Il n'était pas exactement surpris par l'existence de la magie d'invocation, il avait vu toutes sortes de sortilèges au Bosquet d'Ataraxie même si son séjour là-bas n'avait durée qu'une poignée d'années.

Il l'observa descendre de son araignée, la relation qu'elle pouvait avoir avec son invocation était assez mignonne, d'habitude c'était plus quelque chose de transactionnel et sans émotion.

"Aerith Balenos ? Bon, je ne sais pas si je suis sensé me souvenir de quelque chose à votre propos. Votre père ayant beaucoup d'enfants et moi étant un bâtard ce n'est pas comme si on me posait la liste de toutes les prétendantes possibles comparé à mon petit frère le prince héritier, même si vous ne seriez pas une prétendante déplaisante."

Il affichair alors un air charmeur avec un sourire radieux, sans doute pas si visible avait la nuit qui commençait à tomber. Puis il commença à rire aux éclats de lui-même alors que la pauvre semblait toujours morte d'inquiétude malgré sa présence.

"Perdue ? Quelle chance que vous soyiez en compagnie d'un prince, je ne parlerais pas de votre petit secret, en revanche je ne vous laisserai pas continuer cette route toute seule ! Vous pouvez compter sur ma protection."


Souriant, il avait cette fois fait le geste d'un pouce en l'air en la regardant droit dans les yeux pour témoigner de son honnêteté.
Bien entendu il ne lui forcerait pas la main, il attendrait sa réponse et la suivrait dans la direction qu'elle voudrait prendre.
Par chance il n'y avait plus besoin de lui indiquer le chemin, la jeune femme était arrivée assez loin pour qu'on puisse voir la tour de guet et la petite muraille de l'entrée vers le passage sud-est de Rivellon depuis là où ils étaient, certains gardes avait même déjà commencer à allumer les torches alors que le crépuscule atteignait petit à petit son apogée avant la nuit inévitable.

Le prince observait ce petit spectacle avec un certain dépit, cette demoiselle semblait avoir une estime d'elle-même assez basse.

"Si vous pensez être un mauvais parti par ce que vous êtes une Balenos, qu'est-ce qu'il faudrait penser d'un bâtard qui n'héritera sûrement jamais d'aucune terre et qui sera toujours dans l'ombre de son petit-frère ?

Mes condoléances pour votre destin chez les Lockhart, une famille puissante de combattants mais vous passeriez vos jours dans une forteresse."


Il attendit bien d'avoir son consentement et ne se permettait même pas de la toucher, par politesse mais aussi par une certaine crainte de l'inquiétude d'Aerith, il s'imaginait l'effleurer à peine et terminer sous des invocations prêtes à défende leur maîtresse. Ce n'était pas le moment d'avoir un bras cassé ou pire.


D'une courbette révérentielle il l'invita donc à le suivre, il ne passerait pas derrière elle pour ne pas lui ajouter une sorte de stress.
Il serait donc le premier à ouvrir la marche vers la petite tour de guet et le groupe de soldats à l'entrée de la ville.


Pour éviter les problèmes il expliqua lui même la situation aux soldats, cependant Aerith ne serait pas en mesure d'entendre les échanges murmurés de Dante avec le capitaine des gardes de la porte sud-est.

Quelques minutes après le duo était bien au sein des murs protecteurs de la ville, bien entendu ce n'était pas encore les beaux quartiers nobles ni même le Palais Royal mais c'était déjà plus sûr que la forêt en pleine nuit.


Alors qu'Aerith pouvait penser qu'il l'amenait dans la sûreté des quartiers royaux, celui-ci n'en fît rien et suivi le chemin jusqu'à ce qui semblait être un quartier assez particulier. Un panneau donnant sur la rue principale indiquait "Quartier Rouge de Rivellon".


Peut-être qu'Aerith en avait entendu parlé, le Quartier Rouge était réputé pour ses théâtres, ses bars et casinos et ses maisons closes ! Il se nommait ainsi car la plupart des devantures de boutiques étaient rouges et avait un coté tape à l'oeil, sans pour autant faire tâche avec l'architecture Méridienne habituelle. Si elle le suivait toujours ils arriveraient alors devant une grande taverne avec une magnifique devanture qui vantait l'intimité et la confidentialité du lieu. On y devinait une ambiance tamisée mais tranquille à l'intérieur.


"Bon, je sais que j'ai l'air de vous emmener dans un endroit étrange, mais quelque chose me dit que nous ferions bien d'avoir une petite discussion vous et moi.
Peut-être est-ce que je me trompe mais j'ai l'impression que vous ne voudriez pas que je fasse passer le mot à votre père que vous êtes ici, n'est-ce pas ?"

"Non je ne viens pas si souvent que ça dans ce genre de lieu, je suis tout de même un prince ! Mais je connais bien des choses sur la ville dans laquelle j'ai grandi et je suis né et où j'ai même été kidnappé ! Enfin passons c'est une autre histoire. Personne n'a envie de se remémorer le coup d'état des Rivellon."


Dante lâcha un rire un peu gêné en ramenant le sujet sur la table, c'est vrai que ça trainait assez facilement dans son esprit bien qu'il n'avait pas l'air si gêné à en parler ouvertement, mais il secoua la tête et reporta son attention sur l'intérêt du jour : Aerith. Il sentait la tension chez la jeune dame, un pas de travers et elle le planterait sûrement avec une lame en plein coeur ou quelque chose du genre ! Il fallait la détendre, d'une manière ou d'une autre.


"Bon, entrons, nulle besoin de réservation quand on porte le nom de la famille Royale qui reigne depuis plusieurs siècles sur ces terres !" Il faisait le malin et essayait de détendre l'ambiance.

A l'intérieur c'était assez vide et plutot silencieux, Dante adressa un geste de tête et fit un signe particulier de la main à une femme blonde d'un âge assez mature qui semblant être la tenante du lieu. Ceci pouvait faire tiquer Aerith et lui faire remettre en cause la définition de "pas si souvent que ça"  si il lui suffisait d'un signe de main et de tête pour se faire servir.

Une autre femme, cette-fois plus jeune mais également blonde vint accueillir le duo et les guider vers une table bien isolée, ça ressemblait presque à une de ces tables pour un dîner en amoureux ou un rencard secret ! Mais évidemment il s'agissait ici d'avoir un endroit tranquille pour discuter de petites cachotteries.


Dante invita donc la jeune femme à s'asseoir pendant que la serveuse leur apportait à chacun un menu, les prix étaient assez exorbitants mais c'était le prix de l'intimité.


"Bien, je vous écoute, vous pouvez tout déballer, ou juste un petit peu ! Votre père a beaucoup d'enfants et je ne crois pas que vous en soyez le mouton noir alors qu'est-ce qui vous a poussé à la fugue, ce marriage arrangé ?"

"Je vois, des histoires de familles bien compliquées, je n'aimerais pas mettre mon nez dans vos affaires, cependant il s'agit d'une promesse entre deux grandes familles de Meridiem.
Si votre marriage arrangé venait à ne pas se faire votre Père perdrait en réputation. Je l'imagine bien cependant courber l'échine envers mon Père pour unir un autre des enfants à quelqu'un d'autre, qui sait, peut-être moi ? Il serait temps qu'on me trouve une utilité."


Le prince bâtard affichait une moue un peu plus sérieuse mais toujours avenante en discutant avec Aerith. Il regardait également le menu de son coté mais il en connaissait déjà sûrement par coeur la carte, il ne savait pas si il devait continuer sur le sujet facheux du jour mais c'était un cas particulier, il était clair qu'il fallait prendre une décision concernant cette damoiselle Balenos.


"Ne vous inquiétez pas pour les gens qui vous cherchent, on pourra toujours vous déguiser et prétendre que vous êtes quelqu'un d'autre. Même si je ne suis pas encore sûr de ce que vous aider m'apportera. Peut-être aurais-je envie de le faire par pure bonté ? Et puis surtout quelle est la suite de votre plan ?"


Pendant qu'il se décidait sur leur menu la serveuse revint leur apporter une caraffe d'eau ainsi que du pain grillé de très-haute qualité et quelques apéritifs supplémentaires typiques de Meridiem ; fruits, patés et petites saucisses.

Le prince semblait se satisfaire de voir que son "invitée" était de moins en moins timide et inquiète, celle-ci semblait le regardait avec plus d'insistance et de sérieux dans le regard. On y croirait presque voir une princesse de haut-standard, ce n'était certainement pas une fille élevée par Richter lui-même, sinon elle serait peut-être déjà entrain de dévorer tout ce qu'il y'a sur la table avec les doigts et de la sauce partout. Ou bien peut-être que Dante se faisait une image trop stéréotypée de ce que serait une jeune femme éduquée à cent pourcent par l'ancien pirate.


"Hé bien, sans vouloir réduire l'importance de vos paroles et votre offre que je considère avec gratitude, il y a peu de ficelles que ne je pourrais tirer moi-même. Je pense qu'au contraire vous ne me devez rien, surtout qu'il se peut que vous finissiez déshéritée à la fin de cette histoire selon vos actions et vos décisions. Vous avez le sang d'un grand coquin des mers en vous alors je me doute bien que vous explosez d'envie de goûter au plus de liberté possible malgré vos bonnes manières et votre excellente éducation."


Il haussa les épaules, il ne sait pas si elle comprendrait exactement là où il voulait en venir, mais lorsqu'on a des responsabilités il y a des conséquences et surtout quand il y a des manquements. Bien entendu cela affirmait à Aerith que le Prince n'avait jamais considéré la renvoyer à son Père sans son consentement.


"Voir comment est la ville ? Pas de soucis, en fait je me demande même si il ne serait pas mieux de ne pas vous déguiser, comme ça on peut faire sortir de l'ombre les hommes de votre Père, seul eux savent à quoi vous ressemblez. Et ensuite je peux les éliminer."


La dernière phrase avait été prononcée avec un grand sang-froid et sans l'humeur joyeuse habituelle. Peut-être les tuer n'était pas nécessaire mais le Prince ne semblait pas contre l'idée de le faire.

Le prince ne voulant pas trop casser l'ambiance commença alors à se servir sur les aliments posés sur la table, s'exprimant d'une légère onomatopée sur le fait que c'était délicieux d'un "Hmm !" comme pour changer de sujet.

Dante était peut-être allé un peu loin en parlant d'éliminer les hommes du Seigneur Balenos,  car il savait que ça aurait eu des répercussions sur l'amitié entre son Père le roi et son ami à qui il avait confié la garde de la Baie de Vassago.


Mais qu'importe, car même si un enfant a des droits et des responsabilités, la culture Meridiem se targuait d'une grande importance de la liberté de chacun.
Le Roi Aragoras lui même l'avait démontré il y a une vingtaine d'années avec son union avec Rosalia qui était une elfe alors que les responsabilités apportées par les nobles auraient voulu d'un couple non-mixte et d'un enfant pûrement humain.

"Je vois, effectivement c'était peut-être un peu déplacé de ma part de vous rappeler le lien de sang avec votre père de cette manière."


Il était content de voir son interlocutrice apprécier ce qui leur était servi à table, elle semblait moins se poser de questions et être moins incertaine que précédemment.



"Très bien, Aerith, est-ce que vous voudriez tutoyer votre prince également ? Quelle audace.
Allons, je plaisante, soyez libre de m'adresser comme vous voulez, je ferais de même en retour pour vous montrer que je ne me considère pas au-dessus de vous."


Le prince Bâtard était un de ces hommes qui était fort pour avoir l'opinion publique pour lui, il avait un certain charisme et une certaine décence en publique mais en réalité il préfèrait la simplicité dans sa vie personelle, il arborait une hantise pour les courbettes et politesses qu'il devait parfois effectuer avec sa famille même.


"Alors, Aerith, voilà votr- ton plan pour l'instant, visiter la capitale et voir ce qu'elle a à offrir, et une fois satisfaite retrouver ton frère perdu ? Bon les enfants Balenos ça ne court certes pas les rues mais je n'ai pas souvenir d'un enfant disparu du Seigneur de la Baie de Vassago parmi ses nombreux descendants."


Alors que leur discussion continuait la servante venait débarasser les plats vide, elle suggéra alors le plat du jour, qui était une surprise, si ils n'arrivaient pas à se décider sur ce qu'ils voudraient prendre après ces amuses-bouches conséquents.[/b]