[Charmeur]
[Talentueux I]
[Populaire III : Pays]
[Acupuncteur]
S'arracher au capiteux et sirupeux plaisir de l'Oasis était difficile...
Pourtant, c'était un choix que nous avions fait en toute connaissance de cause. S'arracher à la foule de nos admirateurs avait été aussi satisfaisant que douloureux. Notre dernière nuit là-bas avait été consacrée à graver notre souvenir dans les soupirs de l'une de nos amantes préférées, et l'ultime matinée à faire nos adieux. Nous ne voulions pas partir longtemps, mais l'existence des humains était si éphémère... Pour une elfe, mais plus encore pour toi, n'est ce pas ?
Un jeune éleveur nous avait offert un cheval, et nous lui avons en retour obtenu une danse avec celle qui lui apparaissait en rêve. Nous aurions pu partir directement pour l'Est, retrouver ces terres que nous avions connu il y'a si longtemps maintenant, ou même vers le Nord, pour découvrir tout un monde dont nous ignorions presque tout, mais cela n'était pas correct... Il nous fallait d'abord nous présenter au Prince. Bien sûr, nous n'avions aucun rôle officiel, à Shamedar, mais il nous était déjà arrivé de soigner des membres de l'entourage royal. Ce n'était que politesse d'informer la famille impériale de notre volonté.
Nous portions nos plus beaux atours. Les épais paquetages portés par notre monture contenaient des changes et de quoi exercer notre profession, mais nous avions choisi une grande tunique kuroïte, d'un noir profond, orné de motifs floraux cyan et blanc, un cadeau offert par un ancien patient... Nous lui avions ajouté le foulard léger et élégant de cette jeune tisserande, et les petites lunettes aux montures d'or que nous affectionons tant, sans oublier bien sûr nos longues cornes.
Et bientôt, sans même y penser, nous arrivions devant cette Pyramide qui faisait la fierté et l'image de notre nation... Et bien sûr, un garde nous y attendait. Un jeune homme, certainement particulièrement doué dans ce qu'il faisait, pour défendre ainsi le palais impérial, mais peu nous importait. Ce n'était pas lui que nous étions venus voir, et l'heure n'était pas aux galéjades.
"Bonjour, jeune homme... Je suis Farah, la Matrone de Shamedar. Je souhaite une audience auprès de son altesse le Prince, pour lui faire part de mon départ de Qalish. Je suis disposé à attendre, s'il est occupé."
[ŒIL DIVIN : GEO]
[CHARMEUR]
[SORCIER]
[PLEIN AUX AS]
[AILÉ]
[MAÎTRE D'ARME : ARMES D'HAST]
[VUE, PAROLE, GESTE]
[TRANSMUTATION]
La Pyramide Éternelle réclamait l'attention de tous les voyageurs du désert; jusqu'au centre des terres, le pouvoir qui en transpirait pouvait se ressentir et même souvent se voir peindre le ciel comme des aurores boréales et bien d'autres mirages du désert. En approchant du berceau des Qalishi, les bâtiments de granite et pierre calcaire étaient, contrairement au reste des habitations en ce pays, les édifices dominants. Un urbanisme promettant au peuple de prospérer dans l'un des deux meilleurs cadres de vie du Pays, sous la protection des montagnes aux côtes, de la Dynastie et de leurs soldats qui depuis quelques années, surveillaient en plus grand nombre les voyageurs pénétrant la cité.
Un filtre qui ignorait cette chevaucheuse parée pour traverser le monde, car ce n'était pas sa tenue étrangère qui allait faire oublier aux soldats la légende qui suivait cette femme dont les plus vétérans en faction attestaient à demi-mot l'avoir un jour rencontrée. Nombre d'âmes avaient été revigorées par la Matrone de Shamedar, durant et après la guerre, certaines d'entre elles étaient, assurant un séjour paisible à la guérisseuse. Le chemin vers le monument local, la résidence de la Dynastie et suggérait-on même des dieux, lui aurait prit une vingtaine de minutes à dos de cheval tout au plus, arrêtée non loin de l'entrée par quelques soldats, dont un jeune homme armé. Il la saluait en se mettant en l'instant en travers de son chemin, prêt à entendre la raison de sa venue. Il ne prit la parole qu'une fois chose faite.
Malgré sa jeunesse, le garçon était ferme, fidèle à son poste et vraisemblablement supérieur à ses camarades qui à l'entente des conditions, se préparaient à recevoir la bride du cheval pour l'emporter à l'ombre d'une écurie. La main gauche serrée sur la fusée d'un khépesh en garde, la droite s'ouvrait pour récupérer ce que lui rendrait Farah. Avec ou sans cette charge, il pivota et piétina vers l'arche d'une muraille cerclant la pyramide, tandis qu'un autre prenait son poste.
Pénétrant dans l'enceinte du domaine royal, s'étendait de chaque côté une abondante végétation, dattiers et figuiers offrant de l'ombre dans un immense terrain entourant la Pyramide. Serviteurs, fonctionnaires et soldats allaient à leurs devoirs ça et là tandis que d'autres prenaient repos sur quelques bancs, d'autres au bord d'un petit point d'eau où poussaient des plants de souchet à papier. Il y avait aussi de nombreux enfants, mais également des hommes-bêtes, l'endroit concentrant le pouvoir au sud de Qalish, les demeures embrassées de lierre abritaient les familles de hauts dignitaires. Plusieurs minots s'écriaient en ramassant quelques cailloux de part et d'autre, les ramenant à un homme assis sous un grand arbre à fruits. Ils attendaient de lui de leur montrer ce qui se trouvait à l'intérieur de chacun et entre ses mains se révélaient parfois un trésor quand il en fendait une, non pas par la force de ses poings, mais sa magie. Les petits n'étaient pas bien fins, alors il les bernait à l'occasion en altérant le contenu d'une pierre pour y faire apparaître divers cristaux de quartz ou de bismuth, émerveillant les gamins.
Le jeune gardien s'arrêta dans sa route dès qu'il remarqua le prince, ignorant les petits pour s'en approcher et l'apostropher.
Saluant l'héritier d'un geste révérencieux autant que militaire, il se retourna vers Farah pour incliner sa tête avant de s'éloigner de plusieurs mètres. Au couvert d'une autre ombre, il garderait un œil sur l'échange, alors que derrière le grand arbre où jouaient les enfants, une autre élite veillait sur Theles.
Bien qu'il était à l'ombre, le prince avait choisi un vêtement qui prétextait la discrétion, ou la protection contre l'astre solaire, une grande cape blanche en satin pourvue d'une capuche qu'il avait remontée, obombrant partiellement son visage mais appuyant l'énergie résidant dans ses yeux félins qui se relevèrent sur Farah, et c'était bien la seule chose, il resterait assis sur une épaisse racine, l'une de ses mains dans les cheveux d'un môme à le taquiner, tout un tas de gravats fendus à ses pieds.
[Charmeur]
[Talentueux I]
[Populaire III : Pays]
[Acupuncteur]
Quelle tristesse, d'avoir dû attendre si longtemps pour découvrir cet endroit...
Nous avions simplement secoué la tête lorsque le garde nous avait demandé de lui confier armes et cadeaux, abandonnant sans l'ombre d'un doute notre monture et nos paquetages. Nous n'avions rien, et encore moins quoi que ce soit à offrir. Le prince avait de toutes façons certainement mieux à faire que de recevoir des cadeaux d'une humble médecin... Peu importe à quel point cette dernière pouvait être importante.
Etre la matrone de Shamedar n'était pas de tout repos. Il y'avait toujours quelque chose à faire... Nous ne dirigions peut être pas l'oasis, mais nous lui étaions nécessaire, tout autant que l'eau qu'elle hébergeait. Et puis, c'était chez nous, aussi naturellement que le prince pouvait se targuer d'être chez lui ici. Nous connaissaions chacun de ses habitants, suffisament pour pouvoir régler tous les conflits de quelques mots, ou de quelques effets de manche, si cela ne suffisait pas. C'était notre fierté et notre joie, mais tu n'avais jamais pu totalement te défaire de l'impression d'être enfermée, tandis que toi, tu rêvais d'aventures, de poésie, de lieux singuliers emplis de charme.
Un jour, nous rentrerions à Shamedar, et veillerions à nouveau sur chacune et chacun. Mais pour l'instant, quel mal y'avait il à profiter de cette tranquille enclave ?
Nous regardions chaque visage, chaque arbre, chaque posture, avec attention. La tranquilité apparente laisserait place, en un battement de cils, aux tragédies et aux souffrances. Cet enfant rieur qui découvrait une gemme sur un caillou des plus quelconques, sans nous, aurait déjà une lance en main, un bouclier dans l'autre, et d'ici quelques saisons à peine, serait parti en guerre. Ce n'était plus le cas aujourd'hui, la paix s'étant instaurée, mais combien de temps cela pouvait il durer ? Et quand bien même le temps était à la paix, combien de vies ce petit prendrait elle, avant que l'on prenne la sienne en retour ? Il était facile, et surtout rassurant de voir la paix en ce lieu, mais malgré toute notre bonne volonté, elle n'était sans doute qu'une parenthèse.
Tristement, nous détournions les yeux pour observer celui que nous étions venus voir.
Sa beauté était telle qu'on nous l'avait décrite. Il était jeune, et malgré ses manières, nous évoquait un félin en chasse. Sa musculature jouait agréablement sous sa peau, trahissant ses aptitudes martiales, tandis que l'aura de pouvoir autour de lui n'était que partiellement dûe à son statut. Il avait un charme magnétique, auquel même nous ne restions tout à fait indifférente. Quel dommage qu'il eût été un homme, il aurait été un superbe ajout à notre collection... Mais il n'y avait pas à regretter l'eau perdue sur le sable brûlant du désert.
Avec une révérence des plus gracieuses, nous nous inclinions, avant de nous redresser, la main droite sous la gauche, posées délicatement sur notre abdoment tandis que nous le regardions, dans une posture respectueuse, bienveillante, mais aussi imperturbable et détachée que l'étiquette nous le permettait. Nous étions venus lui annoncer que nous n'obéirions plus à sa loi d'ici quelques heures, après tout...
"Mon Prince, vos compliments me vont droit au coeur.
Ce n'est certainement pas par appât de la célébrité ou du gain que je suis devenu le coeur de Shamedar, et, de la même façon, ce n'est pour aucune de ces raisons que je suis venue aujourd'hui...
Vous n'êtes pas sans savoir que depuis quelques mois maintenant, les yeux divins se sont répandus dans notre monde, plus nombreux que jamais auparavant, et que tout cela entraîne un chaos rare. On parle d'un assassin kuroïte qui en ferait collection, ou d'une sorcière en armure qui dévaste des villages entiers pour en récupérer un autre... On parle des ambitions de certains, mais aussi, malheureusement, des souffrances de ceux qui se retrouvent pris au milieu de leur folie. Mon Prince, je ne peux détourner le regard ou même mon âme, de leurs appels à l'aide.
Je dois quitter Shamedar, je le crains, pour quelques temps. J'ai laissé l'oasis aux mains expertes de sa dirigeante, mais aussi entre celles plus douces de jeunes gens que j'ai pu former, de sages à qui j'ai dit à chacun de se référer en mon absence, et de toutes les leçons que deux siècles de qalishi et d'homme-bête ont pu me transmettre, au fil du temps...
Mais je ne pouvais faire cela sans venir vous informer, vous et votre famille. Je suis, encore aujourd'hui, la très humble servante de Qalish, et donc, votre dévouée servante... Mais j'aimerais prendre congé. M'interposer entre ceux que les yeux ont divisé, soigner leurs plaies, protéger les plus faibles qui seraient balayés d'un revers de la main... La folie de l'attrait divin les agite, mon Prince, et aucun d'entre nous ne sait comment devenir les prochains dieux, mais je doute qu'il s'agisse d'un simple tournoi... Alors je préserverai la vie de ceux qui ont perdu, non pour défendre leur intérêt, mais pour que ce cruel jeu ne brise pas plus de vies qu'il ne l'a déjà fait.
Me comprenez-vous, mon Prince ?"
[ŒIL DIVIN : GEO]
[CHARMEUR]
[SORCIER]
[PLEIN AUX AS]
[AILÉ]
[MAÎTRE D'ARME : ARMES D'HAST]
[VUE, PAROLE, GESTE]
[TRANSMUTATION]
Les dactyles du prince chouchoutaient les cheveux noirs du jeunot dont les mains étaient chargés de petites gemmes colorées, il écoutait patiemment Farah annoncer son nouveau projet et ne fut distrait qu'à la mention des menaces rapportées par cette nouvelle ère. S'inclinant vers le gamin, il lui avait murmuré de rejoindre les autres et d'aller jouer plus loin, alors ce petit mètre-vingt d'espoirs futurs s'élança vers ses copains sans rechigner, manquant de faire tomber ses maigres trésors dans sa course. Les petits s'en étaient allés derrière quelques buissons auprès d'une bâtisse où une mère récupéra l'un des garçons dans son étreinte. En effet, la paix régnait ici.
Les yeux d'ambre ne s'étaient dévissés de la guérisseuse, ne manquant rien de son propos malgré cet instant de relâchement. Alors, il adopta une posture différente, mettant l'accent sur une réflexion interne conjointe à l'écoute, ses bras se croisant mais la dextre se dressant presque au support de son menton, les phalanges de son index flirtant avec son menton autant que sa lèvre inférieure.
Enfin, il daignait se redresser, les roches fendues au pied de l'arbre chassées par une force mystique à l'approche de ses appuis. D'un geste de main, le capuchon retombait dans son dos en révélant des cheveux aux pointes des mèches encore humides, témoignant d'une toilette relativement récente si ce n'est d'un bain, toujours est-il qu'il était délicieusement parfumé de notes florales et fraîches qui sauraient franchir la proximité entre eux deux.
Les prunelles princières s'étaient décrochées des siennes pour arpenter la couronne de la matrone, conjecturant intérieurement sur ses oreilles elfiques tout autant que sur ses cornes, ce qui lui arrachaient alors un sourire innocent.
Son air désinvolte se mariait joliment avec ses yeux intenses, incarnant dans une posture droite des idéaux aussi naïfs qu'arrogants, mais qui d'autre qu'un cœur royal pourrait acter les changements nécessaires à l'épanouissement des nouvelles générations, y compris la sienne ? Il était jeune et ambitieux, sa politique de croissance et de maintien de la paix devaient encore prouver leur capacité à se réaliser, pourtant rumeur courrait qu'il comptait déjà l'implacable khan rebelle dans ses alliés. Face à une adversité qui se révélerait prochainement, peut-être que le Prince serait lui-même en danger, ainsi il espérait convaincre Farah de soutenir sa cause à l'instant propice.
[Charmeur]
[Talentueux I]
[Populaire III : Pays]
[Acupuncteur]
Son pouvoir était fascinant, délicat mais impérieux.
La façon dont il l'utilisait sans même y penser était un mélange intéressant de flegme et de vantardise. Oh, peut être n'était elle pas consciente, mais nous pouvions voir ses pêchés, aussi simplement que ceux de tout autre individu. Prince ou pas, tous n'étaient après tout que des hommes, dans leur triste vacuité. Ils aimaient se sentir importants, et dans le cas de Theles Hasis, pouvions nous seulement le lui reprocher ? Il n'était que le produit des attentes placées sur lui. Une victime collatérale de l'ambition de son roi et père. Oh, nous le plaignions un peu, en réalité...
Qu'il n'espère pas cependant que nous restions innocemment dans son giron. L'idée de le piquer pour éprouver sa jeunesse nous prend, mais je m'y oppose en douceur. Il est trop jeune pour cela... Alors, avec un sourire navré et un ton de voix plus doux, nous reprenons la parole pour lui répondre.
"Mon Prince, soyez assurés que le Pharaon est toujours dans mes considérations tout comme vous, ou Qalish dans son ensemble... Mais, vous me pardonnerez de vous dire qu'il n'est pas ma priorité. Si je me suis installée à Shamedar, à une époque où les homme-bêtes et Qalish se déchiraient, avant même la Naissance de Pharaon, c'était non pour choisir un camp, non pour soigner certains avant d'autres, mais pour offrir, à tous ceux dont la vie était mise en danger par la folie humaine, une seconde chance.
Ces cornes que je porte, ce sont le signe de cette neutralité. Et cette neutralité m'appelle à protéger les plus vulnérables, les plus faibles, ceux qui seront les premières victimes de la folie des yeux. Parce que vous êtes intelligent et que votre maîtrise est des plus évidentes, vous n'en faites pas partie. Qalish pourra toujours compter sur moi, votre Altesse, mais je ne fais pas de favori ou même de préférence... Dans cette épreuve, comme depuis deux siècles, je ne suis pas Qalishi, mais au service de l'humanité.
Mais soyez assurés, néanmoins, que si les troubles venaient à mettre en danger Shamedar et la paix qui y règne depuis maintenant deux décennies, je reviendrai. Elle sera toujours ma priorité, car c'est là mon foyer... J'espère que cette réponse ne vous déçoit pas trop."
Nous n'inclinons pas la tête, mais le regardons de face, sans perdre notre sourire triste. Il serait si aisé pour lui de voir notre refus comme une trahison. Mais on ne peut trahir quelqu'un à qui l'on n'a jamais rien promis.
[ŒIL DIVIN : GEO]
[CHARMEUR]
[SORCIER]
[PLEIN AUX AS]
[AILÉ]
[MAÎTRE D'ARME : ARMES D'HAST]
[VUE, PAROLE, GESTE]
[TRANSMUTATION]
Le voilà qu'il détournait enfin le regard, non pas pour dissiper son attention mais cette fois bien pour réfléchir à ses mots sans se permettre d'interrompre les certitudes de la guérisseuse. Ses prunelles s'élevaient le long des murailles cerclant le domaine impérial, où des bannières et drapeaux flottaient haut quand ils n'étaient pas suspendus à une toile de cordages reliant par endroits quelques bâtiments. Une main sur la hanche, l'autre se retrouvait derechef en périphérie de son visage, cette fois afin de tirer sur l'une de ses mèches humides avant d'en replacer quelques unes derrière son esgourde. Il puisa dans ses poumons un soupir perplexe qui effaça son sourire.
Sa dextre quittait le rebord de son oreille pour chuter le long de sa nuque, reposant sur ses cervicales alors qu'il hissait le plat de sa senestre hors du voile immaculé en satin et vers le ciel, ses doigts vaguement tournés devers l'entrée du domaine. Il n'avait plus rien de solennel, pas même sa droiture qu'il échangeait contre une légère inclinaison sur sa droite. Il était jeune, et peut-être n'avait-il pas encore la sagesse de garder pour lui ses ressentis, alors il ne se sentait pas d'être princier pour quelqu'un qui ne désirait plus être un sujet, ce qui expédierait probablement l'échange. Pour autant, il n'était ni grossier ni vif dans ses gestes, ils inspiraient une sensualité nonchalante.
[Charmeur]
[Talentueux I]
[Populaire III : Pays]
[Acupuncteur]
Dieux, que les humains pouvaient être fatiguants...
Ils étaient si pétris de leur propre importance qu'ils en oubliaient trop souvent que non seulement nous n'avions de compte à rendre à personne, mais surtout que leur propre place ne tenait qu'à une illusion. Si l'illusion était rompue, si chacun voyait Theles Hasis comme un simple Qalishi, et décidait qu'il n'était pas un assez bon dirigeant pour cette terre riche et raffinée, toute sa suffisance serait perdue à jamais... Sa façon de menacer Shamedar et ceux que nous aimions à demi-mot... L'empereur était sage, mais nous n'avions en face de nous qu'un superbe paon qui n'avait pas conscience des limites... Mais ne t'en fais pas, ma soeur, je vais m'en charger.
"Mon discours n'a jamais été double, mon Prince...
Pharaon le sait, et il n'a jamais jugé bon de me récuser, car nous avons tous bien trop à perdre à jouer à ce genre de jeux... Le bien commun passe avant mon allégeance personnelle. Ce que j'ai fait et fais jusqu'à aujourd'hui à Shamedar, je n'aurais pu le faire ni en Meridiem, ni en Halogia, encore moins en Kuro, et pour cela, je remercie Pharaon, car il m'a permis, en détournant le regard, de sauver plus de vies que je ne l'aurais cru possible... Mais en effet, il n'y a aucune dette entre nous. Si mon destin était celui-ci, alors je resterais volontiers tous les siècles de mon existence à veiller sur Shamedar, sur Qalish, et sur la lignée de Pharaon, mais vous savez tout comme moi que les temps sont exceptionnels...
Si cela vous fait révoquer mon statut de citoyenne qalishi, ainsi soit-il. Lorsque je reviendrai, je m'occuperai à nouveau des habitants de Shamedar et de tous ceux qui y cherchent asile et soins, comme je l'ai toujours fait. Les étiquettes ne m'intéressent pas, et elles ne devraient pas plus vous préoccuper. En particulier lorsque c'est pour m'extorquer une promesse que je vous ai déjà faite : je suis toujours à l'écoute de Pharaon et de Shamedar.
Considérez plutôt les choses pragmatiquement : Que vous importe que je me définisse comme Qalishi, lorsque mes actions servent votre lignée ? Que vous importe que je soigne ceux que vous avez déjà défaits ? Au contraire, Pharaon détournant le regard et me laissant continuer mes activités est peut être l'une des raisons pour lesquelles, peu après votre naissance, une paix durable a pu être trouvée. Cette situation n'est pas différente... Jouez sur ma neutralité, prétendez, si vous le voulez, que c'est vous qui m'avez envoyé assister les prétendants au statut de dieu vaincus dans cette grande guerre, faites de la politique sur mon dos... Cela ne m'intéresse pas, mais si c'est le récit que vous cherchez à vendre, faites-le.
Vous y trouverez des partisans, mon Prince, qui ne vous auraient sinon vus que comme un rival. Faites de mon indépendance une force personnelle, et ne vous souciez pas de moi. J'ai trop de respect pour Pharaon pour vous trahir. "
A nouveau, nous souriions, doucement, pour le mettre en confiance... Mais qui savait comment il allait réagir ? Il n'était guère qu'un adolescent présomptueux, en dépit de tout ce qu'il avait déjà vécu. Peu importait. Le temps ferait son oeuvre, quelle que soit sa décision.
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L'indolence du Prince s'échangeait en faveur du doute puis à la consternation au gré d'une réflexion ou introspection au cours des dires de Farah, néanmoins ses gestes n'évoquaient aucune inimitié envers cette dernière, au contraire, son regard se portait sur la Pyramide où résidait l'entité dont le nom continuait de marteler son esprit. Pharaon, Pharaon, Pharaon. La guérisseuse était malgré elle le récipient d'un statut inégal qui révoltait Theles. En ce cas, il ne pouvait altérer quoi que ce soit et se devait de soigner son attitude. Pour commencer, la droiture qu'on attendait de son titre était dépoussiérée par le redressement de sa posture, ramenant ses mains le long du corps avant qu'elles soient utilisées pour illustrer ses propos.
Un flottement précédait la suite de son dialogue, lui permettant d'organiser ses pensées mais aussi revisiter son jugement de son interlocutrice, l'hésitation au départ de son prochain propos allait révéler qu'il accordait une confiance fragile à l'expression de son sentiment, qu'il certifiait rapidement sur le ton de la conviction. Il ne lançait plus un regard ni sur la Pyramide ni sur les bannières, suffisant son inspiration à ses propres expériences.
Comme s'il s'agissait d'un plan dément, il se surprenait à en rire nerveusement, virant ses prunelles vers le sol puis mirant ses mains, ouvrant et fermant ses poings de la même manière qu'on vérifierait si on se tenait bien dans le réel et non dans un rêve.
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[Talentueux I]
[Populaire III : Pays]
[Acupuncteur]
Ton agacement monte, ma soeur, je le sens bouillir dans nos veines...
On ne peut reprocher à un enfant d'être ignorant. Pour insolent qu'il soit, sa pensée ne reflète que son expérience limitée du monde, et je suis plus inquiète pour lui qu'offusquée... Mais tant qu'il ne se comporte ainsi qu'avec "ses" sujets, il n'y a pas de raison de s'inquiéter. Enfin, cela, tu ne fais que l'espérer, ma soeur. Ce petit prince qui se rêve déjà roi est bien capable de chercher à se venger sur ceux que nous aimons. Et tu as raison... L'énerver ne les protégera pas plus, au contraire. Je déteste être impuissante, plus encore que je déteste ne pas être écoutée...
C'est pour cela que je suis là, ma soeur. Repose-toi.
"Au contraire, je pense que vous êtes un Prince...
Vous dites vrai, cependant. Le Sang ne devrait plus avoir d'importance, à notre époque, tout comme il n'en a jamais eu, dans ma vie. Les privilèges que vous prétendez que j'ai ne sont rien d'autre que des récompenses pour ce que j'ai fait, non un droit lié à mon sang... Au final, le monde que vous défendez, et que vous chérissez, n'est autre que celui que je désire aussi, et nous nous rejoignons bien plus que vous ne le pensez... Mais vous avez raison, vous avez des privilèges, et vous devez vous en servir. Si l'on ne révère plus le sang, vous vous demandez surement pourquoi vous êtes encore Prince, pourquoi Pharaon est encore un titre, et pourquoi je m'obstine à vous appeler "Mon Prince" alors que je viens de vous dire que le bien du monde passait avant celui de Qalish...
Un jour, nous nous reverrons, mon Prince. J'aimerais voir ce que vous aurez appris du monde, à ce moment là. Vous êtes encore jeune, et, si je pense détenir certaines réponses aux questions que vous vous posez, qui sait si c'est celles auxquelles vous parviendrez ? Pourtant, vous aurez probablement tout aussi raison que moi...
A bientôt, mon Prince. J'espère pouvoir un jour discourir plus tranquillement avec vous."
Un nouveau sourire navré, et nous suivons le garde en silence, après l'avoir remercié d'un sourire. Où notre voyage nous mènera t'il, en réalité ? C'est une question fascinante, à laquelle nous avons hâte de trouver une réponse... Mais mes pensées s'attardent. Theles Hasis I... Sera t'il un guide éclairé ou un tyran ?
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[PLEIN AUX AS]
[AILÉ]
[MAÎTRE D'ARME : ARMES D'HAST]
[VUE, PAROLE, GESTE]
[TRANSMUTATION]
Il était gêné, se sentant passablement infantilisé, mais il ne comptait pas en faire tenir rigueur. Alors il inclinait la tête et pliait noblement l'échine. Plus une goûte ne coulait de ses mèches, aussi, il se débarrassait de cette cape en satin qu'il tenait dorénavant sur et derrière l'épaule d'un crochet de la senestre.
Le Prince se détournait ensuite vers la Pyramide, s'y rendant pour auprès des haut-fonctionnaires acquérir ou produire un document à l'identité de Farah lui octroyant les privilèges qui jusqu'alors tenaient seulement du bon vouloir du peuple et de l'accord implicite avec le Pharaon. Une de ses résidences ainsi qu'un cabinet seraient exempts des taxes, se résignant à induire une clause permettant à la matrone de Shamedar de se soustraire aux devoirs civiques et militaires qui pourraient être imposé à tout autre citoyen Qalishi. En sa simple qualité de prince, il ne pouvait lui offrir le moindre titre formel.
Il quittait les terres sacrées immédiatement après avoir estampillé son sceau sur le document, incapable de rester à la Pyramide car il étouffait des circonstances présentes; les discours du Pharaon, des conseillers, de Farah et d'Eren Ulankhan rebondissaient dans sa tête. Son glisseur filait à travers les dunes en direction du cœur du désert où il pourrait momentanément ignorer son rôle.
Du côté de Farah, elle avait été accompagnée du gardien jusqu'à l'écurie, où servants et écuyers s'affairaient à préparer son cheval ainsi qu'un second, armé pour le voyage jusqu'en Meridiem. Le jeune soldat l'avait alors laissée pour transmettre à un scribe les ordres qui voleraient au nord sur la patte d'un pigeon royal. Son voyage serait sans accroc jusqu'à la frontière de Qalish, ce qui avait été assuré.
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