Elle ne quitte jamais ni ses soieries Qalishi, ni les grandes cornes qu'on lui a un jour offertes.

Elle ajuste les lunettes rondes qui ornent son visage, d'un mouvement délicat et plein de grâce. La légère moue qu'elle fait chaque fois que ses lunettes descendent un peu sur son nez est bien connue. Elle lui donne l'air d'une adolescente agaçée, elle qui a d'habitude l'air si sereine et douce. Ses sourires sont ceux d'une mère aimante, et si quelques soupirants s'essaient parfois à s'attirer ses faveurs, elle les répudie toujours courtoisement, avec tant de charme qu'il leur est impossible d'en être vexés.

Et qui pourrait leur en vouloir de s'essayer à cet exercice ? Grande, élancée, et toujours si élégante... Ils sont nombreux, homme comme femmes, à peiner à détacher leur regard d'elle, lorsqu'elle se baigne dans l'oasis qui est la sienne depuis si longtemps. Elle est sans doute consciente de ses charmes, mais ne s'en soucie aucunement. Son élégance et sa douceur transforment bien vite la lubricité qu'elle peut inspirer en respect.

Et comment ne pas la voir ainsi, alors qu'elle sort pour déambuler dans les rues de l'Oasis, son lourd sac d'herbes et d'accessoires médicaux tenu à deux mains, avant qu'un des gardes ou des badauds ne vienne le lui prendre. Elle salue chacun par son nom, prend des nouvelles, de sa voix chaude, légèrement grave, et pourtant si douce. Elle est si facilement reconnaissable, avec ses oreilles pointues dans cette terre d'humains et d'homme-bêtes.

Ses longs cheveux blancs cascadant dans son dos et ses yeux cyan sont mis en avant par la peau bronzée, et les tenues sombres et turquoise qu'elle arbore en général. Dans ce monde où la force régit bien trop de conflits, elle en est à l'opposé. Chacun se détourne de son chemin pour lui venir en aide, lorsqu'elle a du mal à porter quelque chose, ou a besoin de faire une course au Rassemblement.

Et chacun est à son tour remercié d'un sourire, comme ce jeune qalishi qui dépose son sac devant la Maison où elle se rend pour soigner quelqu'un. Quel autre remerciement pourrait avoir de l'importance ?


Elle n'a jamais, contrairement à bien d'autres, vu d'un mauvais oeil ces maisons de luxure. Bienfaitrice pluricentenaire de l'oasis, véritable gardienne de la paix et de l'apaisement, c'est avec délice et joie qu'elle accueillit cette nouvelle population. Chaque âme dans son oasis est l'un des siens. Tant que l'on ne contrevient pas à la paix qui lui tient tant à coeur, on est le bienvenu, et sitôt qu'elle a une raison de ne pas vous aimer, la plupart des maisons se ferment à vous...

Pour une bonne raison. Alors qu'elle marche dans le bâtiment, charmée par les odeurs d'épice et de parfum capiteux qu'elle apprécie tant, son sac maintenant porté par le garde défendant la maison, la plupart des jeunes filles et des jeunes garçons de l'établissement viennent la saluer, interrompant leur service. Chacun d'eux se sent proche d'elle. Ils se confient à elle, écoutent ses conseils, que ce soit pour gérer leur argent, séduire ceux qu'ils aiment, ou faire la paix avec un passé douloureux.

Mais toute cette patience et cette gentillesse ne la privent pas de son caractère. Les égoïstes et les va t'en guerre ne sont pas un réel problème, tant qu'ils acceptent de se calmer. La matriarche peut se montrer exigeante, impérieuse. Capricieuse, parfois... Le respect doit aller dans les deux sens, et, si elle pardonne vite, s'attirer ses foudres est plus facile qu'il n'y parait.

Sa dévotion aux autres, cependant, fait que même ses petits caprices sont rapidement pardonnés en retour. Alors qu'elle exige un thé pour soigner la danseuse pour laquelle on l'a fait venir, nombreux sont ceux qui veulent lui apporter. Elle est une vieille dame exigeante, dont on se dispute les faveurs, mais le regard noir qu'elle lance à ses admirateurs alors qu'ils se font trop bruyants les calme.

Elle aime la tranquilité, la solitude, et les baignades au clair de lune. Elle aime l'ordre, et elle aime surtout que d'autres l'entretiennent à sa place. Alors lorsqu'une jeune danseuse propose de jouer à un jeu de hasard en silence pour déterminer qui lui apportera son thé, elle lui fait son plus beau sourire.

Oui... Elle aime aussi que l'on se dispute ses sourires, à vrai dire.

Mais ses jeux ne troublent jamais la quiétude de l'oasis. Comme elle, elle doit rester imperturbable en surface, superbe, splendide, même, peu importe les remous qui s'y créent occasionnellement. S'il n'y en avait pas, la vie ne serait elle pas ennuyeuse, à vrai dire ?

Cependant... Son amour infini pour les autres la blesse aussi, parfois. Lorsque l'on est condamné à deux millénaires d'existence dans un monde où la plupart des gens ne vit qu'un vingtième de cette existence, et que l'on aime autant, est il possible de ne pas souffrir ? Elle n'oublie jamais un visage, et fait tout pour repousser la mort, que ce soit celle de ceux qui font partie des siens, ou ceux qui viennent la trouver.

C'est pour cela qu'elle s'est consacrée à la médecine. Offrir sa chance à tout le monde, et protéger la vie. Ce sont les deux piliers de sa vie. Une mission peut être divine, mais qui a toujours fait partie d'elle.

Quant aux à-côté... La vie est là, alors autant la croquer ! Esthète, poète, fascinée par la Beauté sous toutes ses formes, les parfums rares, la douceur d'un tissu... Sa passion est douce, apaisée, mais s'étend à tant de domaines qu'il est difficile de ne pas se trouver de point commun avec elle. Même si elle ne possède d'elle même pas grand chose, son influence dans l'oasis est si grande qu'elle se fit bien souvent la mécène d'artisans et d'artistes peu connus, jusqu'à leur offrir une place en pleine lumière.

Même s'il est bien connu que ses préférences vont aux femmes, elle est équitable dans ses  patronages. L'art a plus d'importance que l'artiste, et elle se contente d'être celle qui donne à l'artiste les moyens de réaliser son chef d'oeuvre. Et chaque fois qu'elle passe devant une mosaïque conçue par un jeune artisan qu'elle a accueilli, qu'elle enroule le foulard aux riches motifs qu'une tisserande a tissé en son honneur, qu'elle sent la fragrance si particulière qu'elle a inspiré à un parfumeur, ou qu'elle voit se battre le jeune garde à qui elle a donné ses premiers cours de danse, elle sait que c'est là qu'est sa raison d'être...

Cela... et les yeux. Elle se montre souvent d'une indulgence particulière avec eux. Elle sait que le poids du destin peut être lourd, et que s'il est des personnes qui méritent sa clémence, peu importe à quel point ils peuvent être imbus d'eux-même ou bêtes, ce sont eux. Ce ne sont que des enfants perdus, après tout...

Avec un sourire, elle finit d'administrer son traitement à la danseuse, et dépose un baiser sur son front. Elle a si peur qu'elle aussi finisse par mourir...


Nous sommes nées seules.

Abandonnées au désert.

Le froid traversait lentement les couvertures dans lesquelles j'étais emmaillotée, et je n'avais pas même conscience de ce qu'était la vie, comment aurais-je pu savoir que je mourais ?

Je t'ai trouvée, pourtant. J'ai craint pour toi dès que j'ai senti ta présence. Mais même après cela, quel espoir avais-tu ? Quel espoir avions-nous, Farah ? Nous étions seules, mais au moins nous étions deux.

C'est une caravane qui nous trouva, alors que tu criais par mes lèvres. Quelle chance, en réalité... Ils auraient pu passer quelques dizaines de mètres plus loin, et ne jamais nous entendre.

C'est Elisha qui fut notre mère. Pour les autres membres de la caravane, elle était une reine, mais pour nous, elle était Maman, tout simplement. Lorsque nous pleurions, c'était elle qui venait nous aider, nous consoler, et nous bercer. Au début, cela m'agaçait, mais j'ai fini par l'accepter, moi aussi... Elle était douce avec toi, et il n'y avait nul besoin d'être impatiente. Découvrir cette tendresse à tes côtés... Je ne regrette rien de ce que tu m'as fait vivre.

Elle nous éleva en Princesses de cette caravane. Notre famille nous couvrait de jouets, nous accordaient leur pleine attention dès que nous en avions besoin, et nous apprit à lire et compter. Maman était une sorcière, elle pouvait voir l'avenir, et nous sommes sûres qu'elle savait parfaitement qui nous étions... Mais elle n'a jamais détourné son affection de nous. Pour cela, je lui suis reconnaissante... Les autres nous auraient abandonnés, s'ils avaient su qui tu étais, Shabriri...

Nous grandîmes, mais c'est alors que nous prîmes conscience de la triste et douce horreur de la vie. Maman était malade, et, même si nous aurions pu la soigner, et qu'elle le savait, elle nous l'interdit. Nous avons passé des nuits entières à pleurer, à lui demander de nous laisser faire, et elle nous prit doucement la main, avant de la poser sur son coeur.

"Ne pleurez pas, mes amours... La rivière du temps doit m'emporter, c'est ainsi... Mais vous sauverez de nombreuses autres vies. Trouvez Shamedar, et protégez-la. C'est là qu'est votre place... Je suis désolée de partir si tôt... Mais je sais qu'elle veillera sur vous deux."

C'est pour Maman que nous nous installèrent à Shamedar... Il n'y avait rien, alors. Une oasis, un lieu de passage pour les caravaniers, et où échouaient bien souvent les blessés en quête d'eau et d'un peu de nourriture pour panser leur plaie. En échange de soins, nous obtinment de quoi monter une tente, puis des vivres... Je savais comment cultiver des champs, et ma magie nous aida bien...

Avec le temps, les conflits s'intensifièrent dans la région. Bientôt, chaque jour ramenait ses nouveaux blessés, qu'ils soient Qalishi ou homme-bêtes. Mais jamais nous ne laissèrent cela nous détourner de notre voie. Nous sauvions chaque vie comme si elle avait toute la valeur du monde. Parfois, il fallait séparer les bellicistes, mais après quelques années, et de tragiques événements, le statu quo était établi... L'oasis était un terrain neutre, et nous ferions toujours en sorte que ce soit le cas.

Le temps passait. Parfois, personne ne venait à l'oasis pendant des semaines. Parfois, plusieurs blessés arrivaient chaque jour... Mais nous ne nous sommes jamais plaint. Nous avons continué à soigner tout le monde, parfois accompagnées de quelques autres personnes... Des médecins, des combattants, ou de simples compagnons de vie... Les voir partir était toujours un déchirement, mais nous savions que c'était inévitable.

Enfin, la trêve s'installa. L'Oasis fut choisie pour devenir un lieu de paix et de rassemblement. En quelques mois à peine, des batiments bourgeonnèrent. Des personnes que nous avions soignées revinrent, s'installèrent, montèrent des boutiques, des Maisons, et notre oasis si tranquille bourdonna d'agitation. Et nous adorions cela... Chaque jour, nous accueillions de nouveaux habitants, ils nous confiaient leurs tracas, nous les aidions, nous discutions...

Bien sûr, certains étaient plus difficiles que d'autres, mais nous avons toujours trouvé un moyen d'apaiser les tensions. Nous comprenions enfin ce que notre mère nous avait demandé. Tout ce que nous avions fait convergeait ici. La vie, au milieu du désert. Un hommage vibrant à Elisha. Son héritage...

Et maintenant ? Maintenant, le monde a changé. Les yeux se sont répandus sur le monde, annonçant un nouveau cycle... Et maintenant, c'est à toi, ma soeur, de me laisser prendre les rênes. Il nous faut protéger les porteurs d'yeux, les accueillir, pour les laisser accomplir leur destin... Je sais que c'est ce que j'ai besoin de faire. Je sais que c'est là qu'est mon destin. Tu me comprends, ma soeur ?

Bien sûr... Nous pourrons toujours revenir ici une fois notre mission accomplie.

Allons-y, Shabriri.

Un choix intéressant de personnage qui s'intègre bien à l'histoire sans trop en dire non plus pour justifier certains choix.
Tu es validé !

Bienvenue à toi sur Mirror of Magic, il se passe beaucoup de chose à Qalish en ce moment tu risques d'avoir du travail

Penses à faire ta fiche technique pour pouvoir combattre librement, sinon, tu peux aussi très bien rechercher des partenaires pour tes premières aventures. Mais c'est toujours mieux avec la fiche technique, ça donne plus de libertés concernant tes capacités et puis...

Tu as un gain de potentiel avec cette validation !

Ainsi tu commences l'aventure avec 1000 points de Potentiel.

Bravo, et bon shopping pour tes étiquettes !