C'était un sombre soir froid dans le désert Qalishi, le vent transportant le sable venant pénétrer les vêtements les plus légers pour glacer les os de ceux qui ne seraient pas à l'abris. Le ciel est légèrement pourpre, le soleil se couche lentement sur la région. Une petit oasis est abritée non loin par plusieurs dunes, sûrement un endroit de repos où certains pourraient s'abriter pendant les dures nuits. De plus des volutes de fumées sortaient de parmi les dunes, mais il y en a peut-être un peu trop, celles-ci sont peut-être même trop sombres, faisant tâche sur l'horizon rouge.

Malheureusement pour ce petit bled paisible, c'était parce que les Bat-le-désert avaient rendu visite au petit hameau. Chacune des humbles maisonnettes qui composaient une communautés étaient tout bonnement réduits en cendre. Les meubles de peu d'importance brûlaient au milieu du village tandis que certains pillards venaient y rajouter les corps des vaillants défendant. Car un peu plus loin sont alignés les corps de certains guerriers Bat-le-désert.

Les villageois se sont battus presque au dernier, emportant un nombre inhabituel de pillards avec eux. Les représailles sont terribles alors, toutes les personnes vivantes étant réduites tout bonnement à l'esclavage.


Et un peu plus loin, deux dunes après pour être précis, se trouvait le poste de commandement des bandits. Il n'y avait quasiment personne à l'intérieur, si ce n'est quelques civils et esclaves, rien de plus. Le camp venait presque d'être tout juste quitté, c'est dire la vitesse des guerriers du Khan. Le feu est encore crépitant, les quelques servants rentrent dans leur logis et tout les guerriers étaient partis, laissant les tentes ainsi, notamment la tente de commandement du Khan.

Clairement, elle se démarquée des autres. Une grande et faste yourte, dans le style traditionnel des steppes du nord de Qalish, remplis à l'intérieur en cercle de coussins, tonneaux d'alcools et mêlés à tout ça des documents en tout genre, une table ovale centrale permettant un semblant de rangement à toute cette paperasse.

Il n'y a pas que ça évidemment, car le Khan a aussi emmené ses affaires personnelles, tel que son sabre d'apparat et bien plus. Les murs sont ornés de tapisseries venus de toutes la régions, rendant l'endroit riche en couleur et en arabesques différents, quelques sculptures en bois confectionnée par jeune roi lui même trainant ci-et-là, de même que pour des fournitures de d'arts en tout genre accompagnées des ébauches artistiques de celui-ci. L'on était vraiment dans l'intimité du tyran.

Il serait donc dommage qu'un espion puisse se faufiler dans un endroit si important, n'est-ce pas ?

Un sombre soir qui marquait pour l'elfe ses premiers pas dans le désert tant redouté où sa nation avait jugé bon de le fourrer. Habillé de sa combinaison de circonstance dont certaines rumeurs de tisserands clamaient que de telles tenues mettaient plusieurs décénies à être tissées pour correspondre à un corps unique. Peut-être était-ce la raison profonde de leur étroitesse, ou bien peut-être qu'on jouissait de trop de temps partout dans le monde pour raconter des bêtises.

Gwendolin ne s'intéressait pas à ce genre de considérations lors de ses missions, il n'était plus le garçon aimable et jovial d'en dehors des heures de service, tous les moyens étaient bons pour arriver à ses fins. Tous.

Et le destin voulu vraisemblablement déposer une occasion sur son chemin, attiré par les voluptes de fumée à travers la nuit, il gagna rapidement les lieux du massacre, prenait soin d'étudier le terrain, les postes de vigie, la présence humaine et bestiale pour passer inaperçu.

Avant de progresser, il ressera d'un geste bref le turban contenant sa chevelure argentée pour qu'aucune mèche ne tombe sur son nez au mauvais moment, pinça le matériau élastique de sa tenue au niveau de son bassin pour la tirer d'un demi-centimètre vers le bas, une habitude nerveuse plus que par nécessité puisque la tenue épousait son corps à la perfection.

La suite se produisit en l'espace de quelques secondes à peine, à travers les décombres fumantes du combat, l'ombre furtive de l'espion s'élança dans un sprint de couverture en couverture, son regard rubis ne coulant sur les côtés que pour admirer les carcasses autant des attaquants que des défenseurs, se renseignant sur la nature des blessures et par la même de l'armement des bandits. Il était rassuré de voir que les pertes étaient partagées ; cela signifiait au moins que la balance de puissance ne penchait pas d'un seul et unique côté.

Ses pas semblant plus à des bonds tant il parcourait de distance en une simple pression du pied l'amenèrent jusqu'à la tente de commandement, il pris le paris risqué de s'y engouffrer en supposant que tout était déjà vide ou que les guerriers étaient occupés ailleurs. Il avait besoin de récolter des informations cruciales pour satisfaire son futur maître, il se disait que prendre un risque dès maintenant pouvait porter ses fruits plus tard, lui donner des cartes pour dialoguer efficacement avec la dynastie Hasis.



Commentera l'espion à voix basse après s'être enfin réfugié à l'intérieur, prenant une paire de secondes à peine pour frotter ses bras en se donnant l'illusion d'être déjà plus chaud.

Il prendra ensuite le temps d'ausculter les différentes informations à sa disposition, dans l'ordre que suit :

Tout restait calme en dehors de la tente, seul le bruit du vent sur la toile et l'odeur distante du village qui brule pouvant être entendu et sentit.

 
   - Gwendolin pourra donc s'approcher de la large table ovale de bois qui prend le centre de la yourte sans aucun problème. Parmis les papiers, beaucoup de gribouillis, de notes mentales ou alors de poèmes en tout genre abandonnés. Mais à force de soulever les tonnes de feuilles, il pourra déceler quelques cartes. Les villages et les oasis de la région étaient marqués, une croix rouge pour les villages rasés, noirs pour ceux juste pillés. Il y en avait peu qui n'avait pas reçue une visite mais ils étaient tout aussi rare que ceux qui avaient disparus sous leur joug. Accompagnant ces informations, diverses caches de ressources, des cachettes et des grottes où pourraient s'abriter les pillards. Il n'y a pas de doute sur le fait que ces juteuses informations pourraient intéresser quelqu'un. 

   - Quant à l'armement du Khan, la plupart se trouvait au fond de la tente, derrière la grande chaise qui lui servait de trône de fortune. Beaucoup d'armes d'apparats diverses reposaient sur des présentoirs, du sabre courbé Qalishi couvert d'arabesques dorées à la lame Kuroïte. Il n'y avait qu'un seul support où les épées semblaient prêtes aux combat, trois sabres permettant un style de combat différent; khépesh, cimeterre et fauchon, un seul emplacement étant libre, la lame que portait le guerrier absent.

   - L'art que pouvait trouver Gwendolin n'était pas transcendantal mais une fibre artistique se faisait sentir. Des petites statuettes en bois représentants les divers animaux du désert étaient présent près de son "trône", certains plus ou moins grossiers mais la plupart des sculptures étaient mignonnes et ressemblaient à l'animal. Ensuite, sur les dessins non raturés, beaucoup de portraits. Il semble prendre plaisir à dessiner son entourage, la forme de leur visage, leur armures et d'autres détails. Des visages reviennent en boucle, dont l'un d'un jeune homme aux yeux dorés et au teint halé, dessiné à chaque fois avec un soin bien plus poussé que pour les autres. Enfin, des toiles roulés, par-ci par-là, de bien moindre qualité. La peinture et le support en eux même ne semblaient pas être le problème mais plutôt les paysages qu'il essayait de dépeindre et c'est sûrement pour ça qu'il n'y a aucun croquis d'autre chose que des gens.

   - Il y a peu d'effet qui semble à proprement parler personnel ou important dans la yourte, mis à part une singulière dague. Glissée dans ce qui semble être un simple et sobre fourreau de cuir, une petite dague où est engravé "Karaman", sûrement un objet de valeur ?

Le temps passe, passe et passe au fur et à mesure que l'espion fouille cette tente qui prend plus de temps que prévu à fouiller, sûrement dû au chaos et au manque de rangement à l'intérieur. Mais ce précieux temps n'est pas précieux pour rien. A cause du vent, Gwendolin n'entend pas les pas dehors.

Eren rentre dans la date, encore dans son armure, son casque calé à sa hanche et ses yeux d'habitude albâtre brûlant littéralement grâce à son oeil divin. Le sang séché recouvre son minois tandis que toute sa carapace suinte du liquide rouge, les brèches sur l'armures se révélant peu à peu. Même le Khan a souffert de la courageuse défense des villageois. Il s'avance d'un pas lourd dans la pièce, traînant des pieds.

Son regard enflammé se pose sur l'intrus. Ils s'éteignent, le Khan fixant sans aucune émotion celui qui se trouvait dans sa tente.




Non sans râler un peu, le guerrier soulève son casque ensanglanté en l'air, prêt à le lancer en pleine face.

Une carte des caches de butin aura été subtilisée et glissée étroitement sous sa tenue, dans un compartiment très clairement pas prévu à cet effet, mais le garçon n'avait eu l'idée de venir ici que face à l'opportunité, et sa récente relocalisation ne lui a certainement pas laissé le temps d'assurer le transport de tout son inventaire d'outils. Il était nu comme un vers dans ce pays plein de sable et par conséquent, la carte fricotait désormais avec son torse.

Il aura ensuite pris le temps de soulever le khépesh si l'arme était disponible, le cimeterre sinon, balayant l'air d'un geste de la lame pour se faire à l'impression d'armes qu'il n'a jamais vraiment pris le temps d'utiliser. Les espions étaient formés avec leur matériel bien précis et lui avait même pu porter un espadon tout singulier une fois dans sa vie. Les armes des bat-le-désert n'étaient clairement pas ses préférées, pensa-t-il avant de ranger l'arme à son emplacement.

Gwendolin se laissa ensuite aller à une maigre pensée pour les talents artistiques de son supposé adversaire, il donnait beaucoup d'importance à ceux qui s'essayaient à donner une forme aux élucubrations de l'esprit ; lui, avait-il choisi la danse, le chant et en quelque sorte, le transformisme. Et il sentait d'ici déjà les soirées brûlantes que la cible de nombreuses peintures devait passer avec le Khan.

Enfin, à voir la dague comme seul objet d'importance, il n'osera pas y toucher. Ce serait trop dangereux, pour lui, pour les conséquences découlant du fait d'être remarqué, et savait-il qu'il était une très mauvaise idée de déplacer même d'un poil l'accessoire fétiche de qui que ce soit, on le remarque toujours.




Hein ? Qui vient de parler ?

L'espion se figea dans la fraction de seconde qui suivit, tournant la tête comme un gosse qu'on aurait pris en train de faire une bêtise. Ou un chat sur le point de renverser un vase tremblant au bord d'un meuble, les yeux plongés dans ceux de son maître, lui coulait son regard rouge dans la face du titan.



Il articula un sourire sous son masque, et tant la tenue lui est serrée qu'il est facile d'apercevoir distinctement les plis de ses lèvres se courber dans une tentative simple d'installer un climat de paix.

L'espion n'est pas armé, nul part aucune arme ne dépasse puisque d'ordinaire, rien ne dépasse de sa tenue.

Sans prévenir, d'un coup sec, le casque fuse à travers la yourte à toute vitesse pour venir heurter la chaise centrale, envoyant valdinguer celle-ci en arrière dans un fracas impressionnant. Le Khan a choisit la diplomatie, il ne sort même pas son sabre, vissé à sa ceinture, se rapprochant à la place de l'inconnu.

Tout d'un coup, le guerrier semble plus faible. C'est l'adrénaline qui redescend et sa conscience qui reprend le dessus, la bataille est terminé. Si l'espion voulait le tuer, il serait déjà sûrement mort, la bataille l'a complètement épuisé, vu comment il halète en se déplaçant, traînant de plus des pieds. Eren se jette sur l'un des nombreux coussins autour de la table centrale, non loin sûrement de Gwendolin, observant d'un regard calme et éprouvé celui-ci. Était-ce une blague, un piège ? C'était un elfe sans aucun équipement, qu'est-ce qui pouvait l'emmener droit ici ?

Plusieurs secondes, voir minutes s'écoulent dans une ambiance pesante avant que la respiration du blessé ne se stabilise enfin, le Khan demandant d'une voix basse ;




Dit-il avec un air mesquin, un petit sourire plein de malice et un air sûr de lui. Juste après cela, il commence à avoir une forte toux, crachant par l'occasion une gerbe de sang dans sa main. Un long soupire se fait entendre, le Khan braquant lentement à nouveau son regard sur l'intrus.

Dehors, l'agitation se fait entendre. Ce sont les guerriers qui rentrent au campement, le hennissement des chevaux et le clinquement du métal trahissent ceux-ci, le vent commencent en plus à tomber peu à peu. Le soir n'est plus, il est déjà la nuit, dehors, les torches sont allumés.




Malgré un ton quelque peu sévère, il préfère rassurer l'intru. La dernière chose qu'il veut, c'est qu'il sème le chaos dans son campement et que ses soldats engourdis par le combat réduisent celui-ci en charpie avant qu'il ne puisse faire quoi que ce soit.

L'espion se détendra mais restera néanmoins à l'écart du garçon qui vient s'affaler dans les coussins, il garde une certaine distance bien qu'il ne semble réellement inquiété de rien. Un adversaire fatigué contre le garçon le plus rapide du coin ? Aucune chance d'être touché sans vraiment le vouloir, pas vrai ?


Il viendra récupérer quelques chiffons qui passaient ça et là, s'approchant du grand guerrier tandis qu'il pioche dans la bouteille de vinasse la plus proche pour imbiber le tissu d'alcool. D'un geste pacifique il proposera de s'occuper des blessures au crâne du garçon.

S'il en a l'accord, il s'occupera d'imbiber les plaies au visage, de les épancher dans un tissu et parfois de passer ses doigts couverts par la tenue élastique dans les sillons des plaies, jugeant de leur profondeur, se tâchant sans doute par la même occasion.


A ses remarques braves, l'elfe masqué se permettra d'abaisser la couverture collante qui étreint ses lèvres, révélant la surface pâle de son visage jusqu'au cou. Il répète un sourire large, sans doute un peu trop courageux.

Le regard albâtre observe d'un regard suspicieux l'elfe qui s'approche de lui sans être un tant soit peu soucieux, s'installant à côté du guerrier diminué comme si il ne représentait pas vraiment un danger. Son sourire confiant et radieux n'aidant pas la chose.

Eren le prenait un peu pour une offense et les pensées commençaient à fuser en lui. Qui était-t-il pour lui manquer tant de respect, pour s'approcher ainsi et ne pas redouter le terrible Khan, futur Kaghan du désert, empereur de Qalish ? Toucher ainsi à son égo sacré et faire ainsi outrage n'allait pas être impunie. Le puissant poing du guerrier se referme, faisant ressortir ses veines où sillonne encore des rivières de sang entre ses phalanges.

Un sourd râle se fait entendre, le picotement du tissu imbibé d'alcool sur ses plaies venant faire sortir le Khan de sa boucle. Réalistiquement, il ne pouvait faire grand chose. Les coupures sur son visage n'étaient que superficielles, de futurs cicatrices sur le beau visage mat du bandit. A travers les failles de son armure était visible des tranches bien plus profonde.




Le râle s'étend sur la durée après sa phrase, jusqu'à ce qu'il se mue presque en un cri. Il n'était pas tâche aisé de retirer son armure seul, encore moins en étant blessé, mais c'est ce qu'essayait le fier cavalier pendant que l'elfe était en train de désinfecter ce qu'il se tramait sur son visage. Les plaques d'amures tombes une à une, révélant la couche matelassée en dessous, déchiré de toute part. Le haut était fichu, seul la plaque ayant survécu au combat, le tissu en lambeau étant jeté plus loin dans la pièce.

Son torse à découvert, ses blessures sont bien visibles, s'ajoutant à toutes les précédentes. Bras, pectoral, clavicule, partout des coupures et plaies de tailles différentes le couvre, une main venant couvrir une côte particulièrement bleue, sa peau et sa chaire n'étant pas les seuls composants ayant eu à subir le combat.




La phrase se finit sur un regard qui se veut particulièrement belliqueux de la part du guerrier, alors que dans une telle position il tire plutôt une mine proche du chien battu. Un tel moment de faiblesse est assez gênant pour le guerrier qui essaye de faire autant qu'il peut le dos rond, cherchant à tout prix à garder sa crédibilité.

L'œil de l'espion fut forcément le premier attiré vers le poing se refermant, il surveillait sans pause les différentes réactions du guerrier pour s'en prémunir en cas de mauvaise tournure, ses pas discrets se faisaient en parallèle de la prise de position de la brute.

Le sourire pernicieux de l'elfe aidera sans doute à traduire la satisfaction qu'il tire de jouer avec les nerfs du khan, et il lui faisait payer avec le chiffon couvert d'alcool pour lui tirer d'autant plus de réactions de douleur. La bouteille subtilisée sera utilisée de nouveau pour balayer les premières gerbes de sang épanchées et ramener un peu de désinfectant dans le bout de tissu virant au rouge.

Si encore là, le khan ne l'en empêche pas, il participera à désinfecter ses plaies au torse, le chien battu devrait encore subir son mal s'il tenait vraiment à bénéficier un peu de leur rencontre.



La voix du maître espion s'articulera sur le jeu de la séduction, mélangeant en simultané un geste de la main qui fera pression à travers le chiffon blindé de désinfectant sur une plaie profonde, c'était évidemment nécessaire de le réaliser pour couper court à tout risque d'infection, mais l'elfe aurait probablement pu être plus doux.

A nouveau, sa main se referme en poing, ses veines ressortent et le guerrier pousse un grognement. La douleur le cisaille à chaque fois que le bout de tissu maintenant rouge passe sur ses nombreuses plaies, un regard légèrement mauvais étant adressé à l'infirmier à chaque pic de douleur subit.

La douleur physique n'était pas plus pire que la morale, le "maître" se trouvant un peu trop confiant à ces yeux. La puissante main du Khan vient saisir pleinement le menton de l'elfe sans pour autant le brusquer, le peu de force restant au guerrier venant être utiliser pour tourner le visage de son interlocuteur directement devant lui. Avec un air bien moins menaçant et plus supérieur, le souverain du désert prend la parole.




Sa dextre se retire du doux menton elfique pour venir choisir une autre cible, sa chevelure blanche. La poigne reste tout aussi puissante que sur le menton, c'est à dire presque anecdotique, permettant toutefois à la brute de légèrement tirer sur ceux-ci.




Lui qui aurait pu en temps normal craquer aisément pour cet éphèbe séducteur, c'est raté. Rien que d'ouïr la voix chantante et charmante de l'espion dans une telle situation le mettait dans des états terribles, dans le mauvais sens du terme. Un affront de plus pour le nomade, qui tirait sur la chevelure de son soigneur à chaque fois que le picotement de l'alcool sur ses blessures se faisait trop fort.

L'espion précipita sa main sur la cuisse du Khan en se sentant saisi au menton, adoptant l'allure d'une faible esclave qu'on aurait secouée un peu trop fort alors que ses jambes se tordent, dans un exercice théâtrale douteux qui voue à se moquer très discrètement du Khan.
C'est alors que ses cheveux furent saisis et qu'en réponse, Gwendolin fit éclater de sa bouche un gémissement féminin équivoque, évidemment qu'en simultané, le chiffon gorgé de sang et d'alcool lui échappa des mains, tombant où diable le destin le voudrait.



Ce fut un regard plein de vices que l'espion lui jeta, une paire de rubis qui donnaient à l'albinos lors de sa mimique tout d'une gourgandine qu'on aurait poussée un peu trop sévèrement contre le mur.

Mais quelque chose clochait...

Momentanément, le visage fragile et aussi charnel qu'un peintre de nu aurait pu le représenter vira en une expression démente, un regard furieux se posa le temps d'une fraction de temps sur le Khan.

Le temps glissait à son rythme. Le chiffon chancelait dans une course inarrêtable en direction du sol, retenu dans une chute dessinant des vagues de gauche à droite, surfant sur la résistance à l'air.

La poitrine du Khan s'élevait dans une inspiration.

Et Gwendolin appuya un pied sur le sol plus sévèrement que l'autre.

Le du garçon se déclencha net, dans une [esquive] formidable, le garçon s'arracha de l'emprise sans même y laisser un cheveu, disparaissant de sa poigne en ce qui pouvait ressembler à une téléportation. Sans doute aurait-il du le serrer bien plus fort pour éviter cela.

Une nouvelle bourrasque de vent dû au mouvement bien trop rapide fit se remuer toutes les draperies de la tente. Et l'assassin réapparu dans le dos du Khan.

La poitrine du Khan s'affaissait enfin, dans une expiration.

Sans bouger d'un seul centimètre, le redoutable guerrier laisse filer entre ses doigts l'espion, faisant lentement tomber sa main sur sa propre cuisse en le voyant voltiger dans tout les sens ainsi. Son regard las, fatigué, observe simplement un terrible spectacle qui aurait pu lui causer la mort se dérouler devant ses yeux. Mais il n'en avait que faire, il devait sûrement penser à ce moment là que mourir entre les mains d'un si mignon garçon n'était pas une si terrible façon de finir sa vie.

Pendant quelques secondes, il reste ainsi, à contempler le sol pendant que l'espion était dans son dos. Il prend enfin la parole pour répondre;




Tout en poussant un grognement guttural, le blessé incline son buste pour saisir le chiffon au sol avec lenteur, venant rappliquer le bout de tissue teinté par le vin et le sang sur les plaies encore saignantes et béantes, laissant son dos couvert de quelques cicatrices exposé à l'espion. Ce n'était pas donc un mensonge, il croyait maintenant vraiment Gwendolin, au point de lui laisser son dos à découvert ainsi.




Son ton était à moitié sérieux, à moitié seulement car il n'avait pas l'énergie de plaisanté. A ce stade là, autant faire plaisir à ce qui pourrait être un redoutable ennemi à l'avenir. Peut-être se montrera-t-il clément au moment de lui porter le coup fatal, qui sait.




Il poussera un petit rire avant qu'une sévère toux ne vienne l'interrompre, une petite gerbe de sang venant s'ajouter à la tapisserie au sol. Il râcle sa gorge, tournant lentement son visage pour qu'il fasse à nouveau face au maître-espion.

Le maître espion revint à l'attaque, plantant ses pouces contre les épaules du puissant Khan, offrant un massage bref de la coiffe des rotateurs, détendant le groupement de muscles couvrant les os de cette région du corps, vérifiant d'ailleurs qu'aucune lésion n'ait pris place ce qui donna à certaines pressions de ses pouces un aspect plus perforant et douloureux que le reste.



Ses mains se décrochèrent du guerrier bourru alors qu'il pivota encore vers lui, l'assassin prit le soin d'essuyer ses doigts couverts d'un sang presque séché dans le plus proche tissu -probablement celui de la tente- avant de continuer tranquillement son avertissement presque pas feinté :



Il offrit un petit ricanement provocateur avant de continuer plus sérieusement sur le sujet :



A ses mots, il prit la direction de la sortie, gardant tout de même une oreille dressée pour attraper une réponse possible.

Les pouces s'enfoncent avec un peu de difficulté dans les épaules du Khan, ses muscles encore congestionné du combat. Les massages doivent être rare pour lui, vu le bien fou que ça semble faire à celui-ci, tout le haut de son corps redescendant d'un coup, un poids lourd venant être retiré de ses épaules. Aucune lésion interne n'a été subit, visiblement, si les villageois avaient des armes contendantes, aucune n'a touchée. Le puissant corps frissonne d'un coup en sentant les deux pouces s'enfoncer un peu profondément.

Puis, d'un coup, le maître espion part. Il l'écoutait d'une seule oreille distraite, la fatigue commençant à assaillir sévèrement notre bon guerrier, la redescente d'adrénaline faisant son office chez lui. D'une voix faible, il rétorque alors;




L'une de ses mains vient balayer l'air devant lui, Eren se retourne vers le centre de la yourte, laissant partir le Maître Espion.

Un long soupire sera poussé. Pas facile la vie de tyran, hein ? Même pas tranquille chez soi. Il était même déçu que la fouine elfique parte déjà, il n'a pas pu vraiment apprendre grand chose, mis à part le fait qu'un séduisant furtif pourrait lui égorger la gorge à n'importe quel instant.

Qu'importe, un de plus, un de moins, qu'est-ce que ça change au final ?