Fière héritière du sang Bluthund, Asta ne brille pas particulièrement parmi les premiers-hommes. Mesurant près d'un mètre soixante-dix pour quatre-vingts kilos, ce qui la sauve ? C'est qu'elle a une corpulence au-dessus de la Meridienne moyenne.

Relativement carrée et pourtant en courbes malgré elle, sa longue chevelure flirte entre le blanc neige et le brun sombre d'une mèche à l'autre. Ses membres inférieurs comme supérieurs sont galbés, et le derme de ses extrémités semble être assombri.

Sur ces derniers, se dévoilent de mystérieux tatouages qui remontent de ses cuisses jusqu'à ses épaules, se fondant avec la noirceur de ses mains et de ses pieds.

Dotée d'une voix androgyne, Asta dégage une aura sévère et stricte, bien que son caractère soit chaleureux et sa parole langoureuse. Pourtant, quelque chose semble se dissimuler derrière ses manières maternelles et polies.

Lorsque le démon qui la possède s'incarne en elle, ses cheveux se dressent, sa voix devient plus grave et mesquine, son corps charnu se crispe et ses traits s'étirent pour révéler un sourire dément.

Son pas léger et confiant se change en de lourds claquements de bottes, ses mains entrouvertes comme des griffes se contractent alors et ses sourcils serrent son regard d'une manière presque fantaisiste.

Asta a pour habitude de se vêtir de son épais manteau décoré d'une fourrure de garn, le némésis du loup blanc, le Blason de son Clan. Sous cet atour, elle revêt une tenue de parade, un veston et un justaucorps dos nu qui dévoile sa musculature, mettant en évidence ses salières de Vénus. À sa taille, elle porte un fourreau richement décoré contenant une superbe épée.

Elle porte à ses pieds de magnifiques solerets à talons renforcés de protège-tibias couverts par un pantalon noir.

Elle n'a pas de bijoux, sinon un pendule sur lequel est attaché un cristal sanguin qui balance sur la face droite de sa veste au niveau de sa poitrine.


Asta voue une haine profonde envers sa propre nation, Halogia. Elle méprise les Premiers-Hommes, les considérant comme des traîtres, particulièrement la Sororité de la Glace éternelle qui contrôle l'ombre de la nation. Cependant, elle ne ressent pas de haine contre ses sujets fidèles.

Malgré cela, elle canalise du mieux qu'elle le peut cette émotion au plus profond d'elle-même et dévoile la figure d'une dirigeante cordiale, soucieuse et impliquée dans la vie du Saint-Empire. Elle sait d'ailleurs qu'il va lui falloir enfanter tôt ou tard pour léguer une de ses filles à la Glace éternelle, un moment qu'elle appréhende profondément.

Elle n'hésite pas à s'adonner à des passe-temps nobles comme le combat à l'épée, les rondes sur son domaine, et la formation de ses troupes en compagnie de son Général Walter Drustgard, le plus fidèle serviteur de son père, et celui à qui elle doit la vie.

La beauté du Repos de l'Automne est la seule chose capable de calmer sa colère, et elle règne loin des intrigues politiques des Stalhbar et de ces couards de Feradler. Cependant, elle respecte les Lodjur pour leur courage face aux conflits, eux qui sont chargés de tenir les Dentelles du Faon.

Son alter ego, Astaroth, ne montre que peu d'intérêt pour les querelles politiques. Il partage le corps d'Asta jusqu'à ce qu'elle ne soit plus utile à ses desseins. Selon ses murmures, il serait un ancien Dieu de la Flamme déchu de ses fonctions, il y a des centaines d'années... Une histoire qu'Asta trouve peu convaincante tant bien même, il attendrait d'elle un peu d'empathie... Le diable n'a qu'à pleurer.



Personne ne sait d'où je viens, les plus savants diront que je suis l'héritière de feu Lord Bluthund, et que j'ai ouvert les yeux au Repos de l'Automne, comme il est de coutume par ici.

Car si ça n'était pas le cas, ça ne pourrait être moi. Car si nous sommes deux, une n'est pas vraie...

Hélas, la vraie est morte cette nuit, et celle restant est assoupie en attendant la nuit.

Je suis un démon, né du glas, de la peine et des larmes, je suis une âme étendue là, gisant dans un sang froid, je suis l'animal blessé qu'ils n'ont pas su tuer.

Mon prénom originel m'était inconnu alors, seul me restait entre les lèvres ce patronyme maudit... Asta...

Astaroth.

Astaroth, cette figure se mêle en moi depuis vingt ans déjà. Nous formons un vieux couple, lui et moi. Je puise sa force et je lui offre un âtre confortable pour passer l'hiver, mes chairs s'assombrissent à chaque fois un petit peu plus lorsqu'il s'immisce en mon sein pour en téter l'essence vitale. Jusqu'à quand pourrais-je tenir avec cette sangsue crantée dans mon dos, chaque succion est un souvenir volé qui me rend toujours plus engourdie...

Mon souffle commençait à devenir hésitant, le menton droit dans cette assemblée, suffoquant sous les sermons glacés des Eiskloster. Un nouvel enfant semblait être dans le viseur de ces guenons au cœur gelé, mais ce dernier semblait bien au-delà de nos chaudes frontières...

C'était le fils de la couronne Hresvaelgr, semblait-il s'être éveillé à un Œil divin, comme tant d'autres avant lui, mais le sien sortait du lot affirmait la Papesse dans ses palabres alarmistes.

Son regard semblait tomber sur moi, je n'avais rien à voir avec elle, et un instant de plus à croiser son visage distendu par le temps aurait pu sonner ma fin tant je hurlais intérieurement. Mon cœur criait, il brûlait d'en découdre maintenant et d'obtenir vengeance contre ces vierges dégénérées !

Non.

Je devais tempérer cela, d'un hochement de tête, j'acquiesçai à sa requête de me rendre au Regard du Roi comme ambassadrice du Saint-Empire, sous la couverture d'une main tendue, j'en apprendrais plus sur lui. Agir ainsi m'approcherait doucement de mon but, racheter mon Clan auprès de la Glace Éternelle, me repentir...

Pour mieux frapper.

❝ C'est entendu. Je vais faire m'apprêter un destrier et je quitterais la capitale dés demain matin en direction de Rivellon. ❞

Mes terres s'exposaient à un coup de poignard en mon absence, aussi, j'espérais que Walter Drustguard ne manquerait pas à son serment de régent. C'était un homme de confiance, et un excellent père de fortune pour moi, je chérissais sa compagnie presque autant que les souvenirs dans lesquels il m'avait blotti.

Il y a 20 ans, mon Clan s'est vu exterminé lors d'une tentative de coup d'état contre la Sororité des Glaces. Seule survivante de sang direct, je sers maintenant les intérêts de ces putains comme l'aurait fait une fille bien éduquée.

Je survivais tant bien que mal dans cette enveloppe charnelle grâce à l'intrusion d'un esprit occulte en mon sein, il se désagrégeait pour une raison inconnue et errait là depuis des années, pendant que je rampais dans une mare de pourpre après avoir été éventrée par deux larrons des Stalhbar... Une main tendue de sa part, à moins que je fus celle qui appela à l'aide... ? Je ne m'en souvenais plus hélas, notre serment étant la première mémoire qu'il dévora lorsque je lui vendit mon âme.

Ainsi, je vivais toujours. Jugée digne de ne pas être sommairement exécutée, car j'avais survécu à mes blessures, ces ignorants ne savaient rien de cette nature qui teintait mon esprit. Qu'à cela ne tienne, ils apprendraient bien assez tôt, que ne pas me tuer serait la plus grande de leurs erreurs après celle d'exterminer les miens.

La vengeance est une justice sauvage et quoi de mieux qu'une louve doublée d'un diable pour la dispenser ?

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