Jadis une jeune Kuroïte frêle et fragile, rien ne la destinait à cette vie de perpétuelle violence. Celle-ci ne mesurait pas plus d'un mètre soixante-sept et possédait la force d'une plume, au mieux. Elle ne se destinait qu'à une vie simple des rizières du nord de Kuro, dans les régions orageuses, et peinait bien à accomplir ses différentes tâches que son géniteur pouvait lui ordonner.

Tout cela changea grandement lors de sa vie de labeur au sein de Port-Liberté. Chainée et brisée, Eryë oscilla entre le service aux différentes brasseries de l'immense navire de guerre, en tant que serveuse et d'autres tâches plus ingrates, et celle d'esclave à tout faire. Elle n'a pas échappé aux travaux les plus durs également, devant se hâter pour livrer différentes charges et colis, et également pour apprendre à réparer cet immense bâtiment qu'elle haïssait tant.

Depuis sa libération et sa « liberté », la Dame de la Vengeance n'a d'objectif que l'amélioration de ses capacités, et cela passe évidemment par son physique désormais jugé ingrat. Brûlée sur une majeure partie du corps, Eryë est marquée à jamais par la victoire du monde libre sur la barbarie pirate, un rappel permanent de la cruauté des Hommes.

Une chevelure courte et noire comme la nuit, celle-ci ne possède plus qu'une seule pupille, la seconde lui ayant été arrachée lors d'une tentative d'évasion lors de sa captivité. Son visage qui fut autrefois celui d'un ange est dorénavant celui d'un démon froid et calculateur, son œil céruléen analysant chaque détail de ce qui l'entoure.

De même, si son corps fut auparavant la fierté de ses parents pour un probable mariage arrangé, il n'était plus que l'ombre de lui-même. Abimé, marqué et sculpté, l'épéiste a passé, et passe, une large partie de ses journées à s'entrainer, se renforcer et se perfectionner. Un corps modelé pour le combat et par le combat, bien que des formes féminines soient encore largement perceptibles.

Une poitrine qui serait probablement agréable à la vue est comprimée par des bandes de lin serrées, reposant au-dessus d'un ventre marqué par des abdominaux dessinés. Des jambes longues et fermes pour garder ses appuis fermement au sol.

Simplement vêtue, elle porte généralement un ensemble noir, des braies retenues par une ceinture de cuir blanchie et les pieds enfermés dans des bottes de cuir noir montantes jusqu'à mi-tibias. Son œil manquant est masqué par des pansements régulièrement changés, lui couvrant un quart de son visage déjà difforme.

Sa seule excentricité se trouve dans une cape qu'elle porte, s'arrêtant juste au-dessus du fessier et lui masquant le haut du corps, entourant ce dernier, un fermoir d'or la maintenant en place. Cela lui permet ainsi de masquer ses bras calcinés, non pas par honte, mais par désir d'avoir l'air plus présentable face à ses potentiels clients.


Si sa métamorphose physique fut radicale, alors celle mentale l'est d'autant plus. Autrefois une jeune fille pleine d'espoirs et de rêves, optimiste et joviale, ce n'est plus le cas depuis des années, cette Eryë ayant été tuée par l'espiègle destin.

D'abord brisée et soumise, celle-ci a commencé à perdre pied avec la réalité lors de sa réclusion, où sa personnalité fut brisée pour n'être qu'un objet, une marchandise bas de gamme de plus dans cette machine infernale qu'était Port-Liberté. Elle ne répondait que par l'affirmative et des hochements de chef, sa vision n'ayant pratiquement vu que ses pieds durant ses années de geôle.

Son seul réconfort résidait dans sa confidente, amie et amour de toujours qu'était sa voisine de cellule. La mort de cette dernière dans la destruction « tragique » du navire fut le point de rupture pour la bretteuse.

En effet, nul ne sait si Eryë s'est laissé posséder ou si son mental a cédé, mais une bête féroce réside désormais dans ses songes. Un démon, un Oni assoiffé de sang et de vengeance qui ne sait s'exprimer que par le carnage et des grognements gutturaux.

Dorénavant, son corps est habité par deux âmes, deux personnes distinctes, deux facettes d'une même pièce. Eryë, qui ne jure à présent que par l'argent et la gloire qui va de pair, froide et calculatrice. Pragmatique dans toutes les situations, celle-ci n'hésite pas à sauver la veuve et l'orphelin le matin et à les massacrer le soir venu, tant que cela est suffisamment payé à son goût. Elle se refuse à l'utilisation de son Œil Divin, elle qui fut abandonnée par les Cieux. Si elle est une Élue choisie par le destin, alors ce dernier peut bien l'oublier, car elle viendra le défaire le moment venu.

Son autre façade, elle, est bien plus simple à cerner. « Erèbe », comme Eryë l'appelle, n'est qu'un condensé de rage et de pulsions meurtrières. Incapable de moralité et encore moins de palabrer, Erèbe n'est que la réponse logique à la brutalité du vécu de la bretteuse. Il est inutile d'essayer de l'arrêter, de l'amadouer ou de la supplier, cet « Oni » ne vivant que pour la salvation du meurtre et des bains de sang. À l'instar d'Eryë, Erèbe n'a aucun scrupule à utiliser toute la puissance qu'elle possède en réserve, bien acquise ou non, et utilisera le plein potentiel de l'Anemo à sa guise, l'aquilon devenant soudainement une arme redoutable dans les mains d'un être si malfaisant.

Nul ne sait comment Eryë est capable de contenir cette entité, si celle-ci est bien une entité à part entière, mais le changement ne peut être dissimulé. Alliés comme ennemis, Erèbe ne fera et ne saura faire la différence.





Eryë naquit en -20, peu avant les escarmouches de Port-Liberté, au début à l'abri des tumultes, ses parents menaient une vie simple. Sa génitrice, Indis, n'était qu'une simple tisseuse de soie qui ne gagnait qu'une misère lors des rares marchés de la région, isolée et balayée par de multiples orages et vents destructeurs. Son père, Flynn, lui, avait hérité de la petite rizière familiale. Un homme de peu de mots, rude et accablé par la misère du travail et de la vie.

Indis, elle, était bien plus douce et aimante que Flynn, mais elle était souvent absente pour vendre ses tissus et les différents voyages que cela engendrait. La future Dame de la Vengeance se réfugia alors dans les quelques ouvrages fantastiques et historiques que la famille possédait, alimentant ainsi ses passions fantasmées.

Cette petite Kuroïte, aujourd'hui un diable craint, ou admiré, dans les archipels de Kuro, n'avait que des rêves en tête. Des espoirs de voyage, de découvertes de ce monde qui semblait si loin. Elle rêvait des contrées de Meridiem et de Qalish, elle qui ne voyait de l'astre solaire lors des rares accalmies de la région. Elle souhaitait déjà de ses maigres connaissances d'enfant voguer sur un navire pour voir les sables chauds de ses propres yeux, et voir le Père de l'Aube de prêt, beaucoup plus prêt.

Évidemment, la destinée en voulu autrement, bien autrement. Le rêve deviendra un enfer. Et puisque cela lui a été imposé, le monde entier lui sera redevable.

En effet, en -16, sa pauvre ferme fut l'objet d'un raid des pirates de Port-Liberté, par désespoir plus que par nécessité. Il n'y avait là que des restes de la saison de nourriture, à peine assez pour la famille Hae-In pour tenir jusqu'aux prochaines récoltes, et suffisamment de richesses pour se payer un verre à la taverne du coin.

Il sera inutile de préciser ce qu'il advient d'une femme sous le joug des pirates. Flynn et Eryë furent forcés d'assister à la scène tandis qu'il fut exécuté ensuite, sans utilité pour ces barbares. En revanche, la jeune Kuroïte sera là leur seule trouvaille, alors faute de mieux, celle-ci sera vendue pour une bouchée de pain à un esclavagiste de Port-Liberté.

Ceci fut pour elle le début d'un cauchemar dont elle ne se réveillera jamais. L'enfant fut battue, affamée et dressée pour n'être qu'un outil à la machine infernale du navire de guerre. Son jeune âge ne créera aucune pitié, aucun remord à son égard. Du haut de ses sept ans, celle-ci devait déjà travailler du matin au soir, parfois plus longtemps encore, pour servir dans les différentes brasseries de cet enfer.

Elle ne trouvera son salut que quelques années plus tard, lorsqu'elle fit la rencontre de Tinùviel, une Elfe qui fut capturée également et qui partageait son fardeau. Elle deviendra son seul espoir, son nouveau rêve. De connaissance à seule amie, Eryë éprouvait des sentiments inconnus à son égard, un début de sentiments qu'elle n'avait jamais exploré auparavant.

Elle n'aura cependant ni le temps, le courage ou l'opportunité de comprendre tout cela.





Car, si elle pensait avoir atteint le fond, la destinée vint lui rappeler qu'on peut toujours creuser toujours plus profond, que le désespoir et le malheur n'est qu'un puit infini.

Célébrée par le monde des Hommes comme une victoire écrasante sur la menace écrasante qu'était Port-Liberté, Eryë, étrangement, maudit ce jour de tout son être. Ce bâtiment de guerre et de mort n'était pas simplement peuplé de pirates, brigands et scélérats, nombre de civils et d'esclaves étaient forcés de vivre à son bord.

Lors de l'assaut final, lorsque cet engin de mort fut contenu et attaqué, il n'a été fait aucune différence entre les troupes du navire et les civils. Nombreux furent les esclaves à mourir sous les flammes, les boulets de canon et les sortilèges fusant sur l'embarcation.

De nombreux projectiles ont anéanti la taverne dans laquelle se trouvaient à ce moment Eryë et Indis, de nombreux shrapnels de bois et d'acier volèrent dans cette petite salle et la bretteuse perdit connaissance l'espace d'un bref instant. À son réveil, elle ne trouva que mort et désolation, ainsi qu'une douleur agonisante la consumant, les flammes ayant rongé une partie de son corps durant son évanouissement.

Il n'y a que l'adrénaline de la situation qui la maintenait debout, suffisamment consciente pour remarquer Indis non loin, empalée par un gargantuesque éclat de la coque du navire contre un mur, à peine vivante.

Un échange de regard vide se fit, et les derniers mots de l'Elfe scellèrent le destin d'Eryë, pour en faire un instrument de la Mort en personne.

❝Détruis-les ... Détruis-les tous. Eux… les Hommes, le Monde. Sois l'instrument de notre vengeance à tous.❞

Eryë fut incapable de tenir cette promesse, alors à cet instant naquit l'entité connue comme étant Erèbe. Une bête sauvage intenable, un mécanisme de défense de l'esprit brisé et torturé d'Eryë. Sa moue se transforma en une grimace digne d'un Dieu de la guerre, attrapant la première arme visible au sol.

C'est ainsi qu'elle chargea dans les différents étages et couloirs du navire, l'adolescente possédée par un esprit malin de sa propre création, terrassant pirates comme héros sans distinction, dans des râles de rage et de douleur. Son corps, déjà marqué par le labeur et détruit par les flammes, se trouvait rapidement couvert de sang et de tripes.

Cette rage sanguinaire ne prit fin que lorsqu'une explosion expulsa la Kuroïte par-dessus bord, à travers la coque du navire, pour finir dans les mers agitées. C'est bien Eryë qui ouvrit l'œil à cet instant, ayant tous les souvenirs d'Erèbe, et la culpabilité allant de pair. Elle avait franchi le premier pas de non-retour, elle avait tué nombre d'êtres vivants.

Curieusement, cela ne l'affecta qu'un instant. Ce destin qu'elle maudissait lui avait appris une leçon essentielle : l'Homme est un loup pour l'Homme, et elle serait la louve blanche. Si seuls les forts survivent, alors elle sera la dernière encore debout.





Nouvellement libre, elle passa ces dernières années de sa vie à s'entrainer durement, physiquement et mentalement. Avec comme seule possession l'arme qu'elle avait récupérée sur Port-Liberté, un katana richement décoré en alliage de météorite, elle devint rapidement une mercenaire, par nécessité et... par envie.

Peu prise au sérieux dans ses premiers mois, la Kuroïte qui devenait à vue d'œil une combattante exceptionnelle, gagna rapidement en notoriété locale dans le milieu.

Désormais une femme froide et pragmatique, elle ne se contente pas de contrats d'escortes et de protections. Assassinats, extorsions, chantages et enlèvements font également partie du panel de ses compétences. Capable de protéger la veuve et l'orphelin, elle est pareillement capable du pire. Elle n'hésitera pas à s'attaquer à des innocents si la récompense est conséquente. La moralité n'étant plus une de ses qualités.

Erèbe, elle, ne fait que peu parler d'elle. Confinée dans les songes de l'Épéiste torturée, celle-ci ne prend le dessus que lorsque la situation l'exige, quand Eryë, bien que transformée, ne peut assumer le poids de ses actes, bien qu'elle en garde les souvenirs, comme enfermée dans un corps qu'elle ne contrôle plus.

Récemment, une mauvaise blague du destin la frappa de nouveau, elle qui avait été abandonnée par les Dieux et les Cieux. Le Père de l'Aube s'embrasa de nouveau et offrit un potentiel sacré à certains mortels. Eryë en fait partie, ayant reçu un Œil Divin de l'Anemo, lui conférant de solides compétences dans la maitrise des vents.

Sans surprise, elle, qui haït la destinée, se refuse à l'utilisation de ce pouvoir et le cache. Sous la forme d'une gemme transparente et sertie, Eryë la cache dans son orbite vide, camouflée par ses pansements, comme une ultime insulte aux Divins.

Erèbe, elle, ne se refuse aucunement au contrôle de ce pouvoir destructeur entre « ses » mains, et utilise les vents pour démembrer et terrasser ses ennemis, utilisant d'une vitesse démentielle pour n'être qu'un démon sanguinaire dont on ne peut cerner les mouvements chaotiques.

Celle-ci ne se prononça qu'une seule fois à Eryë :

❝Sauveuse. Conquérante. Héroïne. Vaurienne. Tu es tout cela, Eryë. Et pourtant tu n'es rien. Finalement, tu n'appartiens ni à la lumière ni à l'obscurité. Tu resteras à jamais seule.❞

C'est avec très grand plaisir que l'on accueille un personnage comme le tiens sur la scène de Nymlerith. Une femme mature qui remet en cause les bien-fondés des héros célébrés, un être qui va même les faire trembler ! Vous commencez à être nombreux les anti-héros... Où sont les âmes nobles, j'ai envie de dire ? Là n'est pas la question car tu es...

Validée !

Bienvenue à toi sur Mirror of Magic, Zacharia devrait protéger ses arrières !

Penses à faire ta fiche technique pour pouvoir combattre librement, sinon, tu peux aussi très bien rechercher des partenaires pour tes premières aventures. Mais c'est toujours mieux avec la fiche technique, ça donne plus de libertés concernant tes capacités et puis...

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