Lettre au Prince Theles Hasis I


Votre Altesse Royale, Cher Theles,

Je prends aujourd’hui la plume pour m’adresser à vous, bien que nos chemins ne se soient pas encore croisés. Votre nom résonne au-delà des frontières et il est porté jusqu’à moi avec une insistance qui m’a poussé à vous écrire. Vos talents, votre esprit et la réputation qui vous précèdent éveillent en moi un profond intérêt.
Aussi, j'espère que cette missive vous parviendra en de bonnes circonstances et qu'elle trouvera, dans le cœur du désert, un écho à la chaleur qui m'anime en vous l’adressant.

Nos royaumes, bien que séparés par de vastes étendues partagent une histoire commune de respect et d'équilibre. Une histoire s'est vue tissée à travers les âges par nos ancêtres. Il est dans l’esprit de cette continuité que je vous écris aujourd’hui.

En tant que Prince de Meridiem, mon devoir est de veiller sur ce lien précieux qui unit nos peuples. Il est cependant rare que l'occasion nous soit donnée de renforcer ces liens par un dialogue direct. Je souhaiterais, par cette lettre, franchir le seuil des formalités et ouvrir un canal de communication plus personnel entre nos deux maisons. Peut-être qu’en échangeant nos perspectives, nous pourrions enrichir mutuellement nos visions pour l'avenir de nos royaumes.

Les histoires des anciens racontent que le désert est une mer de silence, où chaque grain de sable porte en lui la mémoire des siècles. De même, les landes de Meridiem, immuables et majestueuses, conservent en leur sein les secrets de mon peuple. Bien que nos royaumes soient façonnés par des éléments différents, je crois que nous partageons un même rêve : celui de veiller sur des terres où le passé et l'avenir se rencontrent pour voir plus loin ensemble.

Il est dit que le désert enseigne la patience et la persévérance, qualités que je m'efforce d'incarner dans ma propre quête de justice et de paix pour Meridiem. Cependant, je suis également conscient que le monde dans lequel nous évoluons est complexe et qu’il nous faut parfois nous tourner vers ceux qui partagent notre charge pour trouver le soutien nécessaire à la gouvernance.
Si le destin devait nous conduire à nous rencontrer, je serai honoré de vous accueillir ici, à Rivellon, ou de vous rendre visite dans vos terres. Ensemble, nous pourrions peut-être tracer les contours d’un avenir commun, où nos peuples prospéreraient en harmonie.

J'aspire à ce que nos chemins se croisent bientôt, que ce soit sous la chaleur du soleil de Qalish ou à l'ombre des cyprès de Rivellon. J'aimerais que nous partagions nos visions et que nous échangions sur les épreuves que nous affrontons en tant que gardiens de nos terres respectives. Ensemble, nous pourrions tisser un avenir où nos peuples ne marcheraient pas en parallèle, mais main dans la main, vers un horizon commun.

Si vous acceptez mon invitation à dialoguer, que ce soit à travers ces missives ou en personne, je suis convaincu que nous pourrons semer les graines d'une nouvelle ère pour nos royaumes.

Soyez donc sûr que j’attends avec impatience le jour où nous pourrons discuter en personne et je suis certain que notre rencontre marquera le début d’une relation encore plus forte entre nos deux royaumes.

Que la paix et la prospérité accompagnent chacune de vos décisions.


Avec mon plus profond respect,

Adrian Hresvaegr.

Ft. Theles Hasis I


Ce n'était pas un messager ordinaire, non. La petite créature bleue aux tâches nitescentes s'était aventurée sur le chemin du Prince héritier avec une détermination silencieuse. Aucun des gardes ni des conseillers présents n'avait été en mesure de l'arrêter, mais tous furent subjugués par son apparence et sa démarche féline. Émettant des miaulements presque authentiques, la créature s'était ainsi faufilée sans hésitation, jusqu'à trouver Adrian.

Tout à la fois intrigué et émerveillé par cette créature insolite, le demi-elfe n'avait pas hésité à l'approcher. Il s'était même avancé vers elle pour l'accueillir et avait tendu la main dans sa direction pour la cajoler, avant de voir apparaître sur son poitrail une petite fente contenant une enveloppe.

Cachetée du sceau de la Dynastie Hasis, la missive posée sur un ruban de soie rouge fut accueilli avec un éclatant sourire. Visiblement ravi, Adrian la cueillit d'un geste délicat, avant d'en briser le sceau pour accéder à son contenu. Aussitôt, la créature se redressa et se figea, comme une statue vivante, pour très visiblement attendre son prochain ordre.

Enthousiaste à l'idée de découvrir les premières lignes de la missive qu'il déroulait déjà sous son regard d'or, le Prince meridien ne prit pas même le temps de s'installer. Ses pas pourtant le portèrent jusqu'à son bureau, cependant qu'il prenait connaissance des premiers mots tracés sur le vélin avec élégance.

Theles avait pris le temps de lui répondre et si Adrian demeurait curieux d'en apprendre plus sur ce Prince du Désert dont lui avait parlé Farah, il se trouvait également enjoué à l'idée de lui répondre. Il prit toutefois un moment pour réfléchir aux implications que pouvaient sous-entendre cette lettre, avant d'attraper la plume qui devait rédiger sa réponse.



Votre Altesse, Très Cher Theles,

Je suis honoré de recevoir votre missive et je vous remercie pour les mots pleins de noblesse que vous m'adressez. Votre proposition de rencontre à Rivellon est accueillie avec la plus grande considération, car je suis convaincu que nos nations doivent unir leurs forces pour faire face aux défis qui se profilent à l'horizon.

Les rumeurs qui vous sont parvenues sont fondées. J'ai effectivement pris l'initiative de rencontrer les Légataires de la bénédiction divine, non pas pour rechercher un pouvoir personnel, mais pour apaiser les tensions et unir des forces diverses sous un même idéal de paix. Je comprends que certains puissent percevoir cela comme une tentative de coalition, mais je tiens à vous rassurer : mon ambition est avant tout de préserver l'équilibre et d'éviter que des conflits ne déchirent nos terres.

Votre soutien dans cette entreprise me réchauffe le cœur, et je trouve en vous un allié précieux. Nous devons effectivement nous rencontrer, non seulement pour discuter de nos visions respectives de l'ascension, mais aussi pour élaborer des stratégies qui empêcheront que nos vies soient dictées par des mythes, mais plutôt par des résolutions empreintes de courage et de justice.

Je suis également sensible aux difficultés que vous rencontrez sur vos terres, particulièrement en cette période de transition après la perte du dernier Dieu-Guerrier. Le maintien de l'unité entre les Hommes-Bêtes et les Humains est un défi colossal et je salue votre engagement à préserver cette alliance fragile. Vos efforts pour prévenir le retour de la dévastation sont admirables et inspirants.

Je partage également votre point de vue sur les relations étrangères. Si par le passé elles pouvaient sembler un obstacle, il est maintenant clair que l'avenir de nos nations dépend de notre capacité à coopérer au-delà de nos frontières. Les ambitions de nos peuples sont vastes, et ensemble, nous pourrons les guider vers un avenir plus serein.

Œuvrons ensemble à renforcer notre compréhension mutuelle et à solidifier notre soutien réciproque, pour le bien de nos maisons, de nos peuples, et pour que nos lendemains s'écrivent avec espoir. C'est alors avec une détermination sincère que je m'engage à marcher à vos côtés sur ce chemin et ainsi j'ose partager ce même vœu qui, je le souhaite, nous permettra d’embrasser l’avenir ensemble.

Avec toute mon estime,

Adrian Hresvaegr.


Adrian apposa son sceau sur la lettre, puis se leva pour la remettre à la créature bleue qui l'attendait toujours, immobile. Sentant la présence du Prince, la petite bête s'anima à nouveau, la fente réapparaissant sur son poitrail. L'héritier du trône glissa doucement la missive à l'intérieur.

Après un bref instant d'immobilité, la créature s'inclina en une révérence silencieuse. Puis, avec une grâce féline, elle s'élança sur le chemin du retour, disparaissant dans les ombres, emportant avec elle la réponse du Prince Soleil.